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Mâchefer : un cocktail explosif !

Grosses bagnoles et gros flingues...

David Wesel Webzine 25/04/2013 à 11:59 13092 visiteurs
Si je vous dis Fred Duval, vous répondez ? Travis ou Carmen Mc Callum, sûrement. Ces deux séries d’anticipation ont effectivement fait de cet auteur une figure de proue du label Série B des éditions Delcourt. Ou bien Hauteville HouseJour J et Nico, qui remportent aussi un certain succès. Mais dans cette bibliographie bien fournie se niche également une pépite quelque peu oubliée : j’ai nommé Mâchefer, avec au dessin Sébastien Vastra (Éclipse, Spyder). 

Avec Mâchefer, on ne quitte pas le domaine de la science-fiction, mais à une réflexion sérieuse et poussée sur le devenir de la Terre, Duval préfère ici le pur spectacle : grosses bagnoles et gros flingues, belles pépètes et démonstrations de testostérone. Non sans finesse, toutefois, car le scénariste manie aussi un humour des plus réjouissants. Résultat ? Une histoire qui se lit d’une traite : les scènes s’enchaînent à merveille et le mouvement est on ne peut mieux rendu par un dessin soigné qui va à l'essentiel. Ajoutez à cela des dialogues d’un naturel peu courant en bande dessinée, et vous obtenez un cocktail explosif.

Si les trois albums sont plus ou moins indépendants au niveau de l’intrigue, il est essentiel de les lire dans l’ordre de parution. En effet, pour léger que soit le scénario, l’auteur n’en attache pas moins une grande importance aux personnages, à leurs relations et à leur personnalité respective. Les personnages, voilà certainement ce qui fait le sel de cette petite série pourtant riche en action. C’est par eux que l’on découvre un monde de courses automobiles extrêmes où tous les coups, surtout les plus bas, sont permis, voire encouragés. De cet univers violent, fait de destins tragiques et de rancœurs tenaces, où se côtoient honnêtes commerçants et chasseurs de primes sans pitié, le lecteur ne sait finalement pas grand-chose. À peine aperçoit-on les vestiges d’une technologie avancée, reliquats d’une époque révolue que se disputent avec avidité ceux qui croient en la loi du plus fort. Et ils sont nombreux, cela va de soi.

Toute la technique dont cette société aux airs de Far-West dispose transparaît bien entendu dans les différents véhicules. Qu’ils soient privés ou de course, ils forment un mélange pour le moins surprenant de dragsters un peu kitchs et de concept-cars vaguement futuristes. Bizarre, d’autant plus que l’esprit Transformers n’est jamais bien loin. Seule exception : la cacahouète (ou plutôt la citrouille) à Jean-Mi, espèce de Hulk façon clodo, personnage récurrent et attachant. C'est le genre de figure qu’on aime retrouver épisodiquement, d’autant que ses apparitions font immanquablement sourire… à moins qu’elles ne laissent entrevoir brièvement une profondeur insoupçonnée.

Les seconds rôles de qualité ne manquent pas et témoignent de l'attachement des auteurs à la littérature de genre. Sans tous les citer, il est clair qu’aux côtés de Mâchefer et de Jean-Mi, sortent du lot un Bothrops plus à l’aise derrière un volant que pour conquérir le cœur de la belle Mintaka et un Corman qui, quitte à jouer au jeu des comparaisons, ne manque pas de points communs avec Kodo, le tyran de Spirou et Fantasio époque Fournier.

Faire avec sérieux une bande dessinée qui, justement, ne se prend pas au sérieux, voilà ce qu’ont réalisé de bien belle façon les deux comparses. Dommage que cette série soit fille unique, en quelque sorte. Allez, M’sieur Duval, M'sieur Vastra, on repartirait bien pour quelques tours de roue, non ? Jean-Mi, lui, est déjà chaud bouillant. Il a même kitté sa citrouille...

Le mot du scénariste :
« Mâchefer était l’occasion de proposer une série de science-fiction avec un ton et un traitement semi-réalistes. C’était une manière de m’adapter au trait du dessinateur, mais également d’écrire des dialogues plus humoristiques qu’à l’habitude. Avec le recul, les situations et les intrigues reposent bien sur des outrances de comédie, mais le fond des 3 histoires, basé sur un monde post-apocalyptique (ou monde oublié), décrit une société qui tente de se reconstruire à travers des personnages qui ne vivent pas dans « la cité », Jean-Mi étant le locataire typique de « la caverne ». C’est assez triste, car ça parle beaucoup de solitude. »


Remerciements à Sébastien Vastra pour l'image inédite qui ouvre cet article.
David Wesel



David Wesel

Information sur l'album

Mâchefer
1. Une huile en fuite

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