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Zigeuner : premier round

Entretien avec Nathaniel Legendre

Propos recueillis par L. Gianati Interview 26/09/2012 à 08:30 6190 visiteurs
Une fois n'est pas coutume, c'est un dessinateur qui a proposé à un scénariste une idée de récit. Après l'arrêt brutal d'un projet en cours de réalisation, Jordi Planellas est tombé par hasard sur un article relatant les exploits de Johann Trollmann, boxeur d'origine tsigane, champion d'Allemagne en 1933. Il ne lui a pas fallu longtemps pour convaincre Nathaniel Legendre d'imaginer un récit autour du destin tragique de ce sportif hors norme. Zigeuner était né. Lauréat du premier prix BD du magazine VSD, la première partie de ce diptyque est disponible aux éditions 12bis.

L’idée de Zigeuner fait suite à l’abandon d’un projet par les éditions Soleil. Un mal pour un bien ? (sourire)

Nathaniel Legendre : Pas tout à fait... Le projet signé chez Soleil narrait le périple d'une tueuse à la solde du conseil Witenagemot, commanditée pour éliminer Guillaume le bâtard, avant son accession au trône du duché de Normandie. C'était un projet coécrit avec Jean-Marc Lainé (Omnopolis, Grands Anciens, etc. ...) auquel nous étions très attaché, du fait de nos origines normandes, à tous deux. Et je n'ai pas tout à fait perdu espoir de le voir un jour dans toutes les bonnes librairies.
Mais suite à ce semi-échec, avec Jordi (Planellas, NDLR), nous avions, dans l'intervalle, élaboré un projet de série se déroulant durant la seconde guerre mondiale ... une histoire qu'on pourrait apparenter à Sa Majesté des Mouches .... Et puis Zigeuner m'est "tombé dessus" !

Comment Jordi Planellas vous a-t-il convaincu de travailler sur l’histoire de Johann Trollmann ?

N.L. : Je crois que Jordi est tombé dessus par hasard, sur le net. Peut-être même en faisant des recherches pour notre projet commun du moment. L'anecdote veut que lorsqu'il m'a fait part de la réalité de cette histoire tragique, je lui ai répondu dans un premier temps que j'étais submergé de travail. Mais il avait réussi à piquer ma curiosité. Et en lisant les quelques lignes retraçant la vie de Johann Trollmann, j'ai eu immédiatement la sensation qu'il y avait là matière à réaliser une très belle histoire... sans parler de ce petit sentiment de participer au devoir de mémoire avec une base des plus méconnues (puisque soigneusement effacée par le régime nazi).
Je suis alors revenu sur ma réponse à Jordi et on s'est mis au travail très rapidement. Et au fur et à mesure que je voyais arriver les premiers sketchs de Jordi, j'ai compris que, non seulement, nous avions un sujet qu'il ne fallait pas laisser filer, mais que je serais amené à collaborer avec LE dessinateur parfaitement adéquat pour l'illustrer et donner la teneur intimiste nécessaire à cette biographie.

Le choix du diptyque s’est-il imposé dès le début de l’écriture du scénario ?

N.L. : D'emblée, oui. Outre le format que j'affectionne particulièrement, car comme le dit souvent un de mes proches [François Debois] "si on considère qu'un album se dévore en quarante minutes, l'espérance de vie d'un diptyque est de la même durée qu'un bon film !" ; il semblait évident que l'épopée de Johann Trollmann se décantait selon deux axes : son ascension vers la victoire et ... sa chute. Ce qui va d'ailleurs permettre à Jordi d'offrir une autre facette de son dessin aux lecteurs sur le second tome, a fortiori beaucoup plus sombre et dramatique.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur les éditions Les Nouveaux Auteurs ?

N.L. : Je dois avouer que je connaissais assez mal la "mission" de cet éditeur qui, en somme, fonctionne un peu de la même manière qu'un célèbre site de financement participatif pour la musique. J'avais eu ouï dire qu'ils étaient au point de départ d'excellents polars. Malheureusement, je ne lis pas autant de romans policiers que j'aimerais pouvoir le faire.... Ce n'est pas toujours simple de se trouver du temps lorsqu'on doit compulser autant de documentation pour la BD.
Ceci dit, leur initiative de primer la bande dessinée comme ils le font depuis longtemps pour le roman, avec le concours de VSD, me parait plus qu'heureuse. Pas seulement parce que nous avons eu l'immense privilège d'en être les premiers lauréats, mais parce qu'au sein d'un marché inondé, il me parait plutôt intelligent de donner à un panel de lecteurs accomplis, la liberté de choisir ce qu'ils ont envie de lire. Pour Jordi, Florence et moi, je pense qu'il s'agit plus qu'un premier prix. Cela nous permet d'avoir l'espoir d'être lu par le plus grand nombre.

Comment le projet a –t-il été accueilli par les éditions 12bis ?

N.L. : Dès le début, nous avons eu le sentiment qu'ils avaient également eu le coup de cœur pour notre histoire tout autant que pour l'osmose qui existait entre le dessin de Jordi et les couleurs de Florence. Leur implication, à tous les niveaux, a été sans faille. Personnellement, j'apprécie de me retrouver au catalogue de cet éditeur. Non seulement parce que j'étais déjà lecteur d'un grand nombre de séries à leur catalogue "Aventure", mais parce que dès notre première rencontre, j'ai immédiatement senti l'éditeur qui défendait ses publications bec et ongles... ce qu'ils continue de faire maintenant que le premier tome est en vente, d'ailleurs.

Vos sources de documentation viennent notamment du blog de Manuel Trollman, descendant de Johann. Était-il au courant de votre projet de bande dessinée ? Y a-t-il participé ?

N.L. : Pas à l'élaboration du script à proprement parler, mais en effet, les échanges de mail avec un descendant direct de Johann Trollmann m'ont été d'une aide capitale. La grande majorité des traces de l'histoire du boxeur ayant soigneusement été éradiquée, l'une des sources les plus fournies sur l'histoire de Rukeli reste le roman de Greg Lamazères (Dernier round à Neuengamme, NDLR), que j'ai bien évidement lu. Mais il me fallait alors faire la part des choses entre les éléments historiques que l'auteur avait réussi à rassembler et le fruit de l'imagination du romancier. J'aurais pu essayer d'entrer en contact avec l'écrivain toulousain, mais j'ai fait le choix de m'adresser à Manuel. Sa filiation lui donnait un caractère plus neutre dans ce qu'il me confirmerait ou non, et me permettait de conserver l'aspect "romanesque" que je voulais donner au personnage de Johann et à son entourage.

Johann était à l’époque une véritable insulte à l’idéal nazi. Il fallait l’abattre à tout prix…

N.L. : Dans l'effroyable mécanisme du nazisme, c'est encore plus pernicieux que ça. Pour eux, il ne suffit pas de se débarrasser d'idéologie, et d'une personne ou d'une population l'incarnant, en l'éliminant purement et simplement. Il leur faut broyer et écraser la plus petite parcelle de ce qu'ils ont jugé bon d'haïr pour porter haut et fort leur supposée suprématie. Faire abattre Johann Trollmann aurait été, paradoxalement, trop radicale pour eux. Le parti nazi et ses représentants ne se sont donc pas contentés de le destituer de son titre et d'effacer son existence des livres d'histoire. Ils l'ont laminé, progressivement... mais pour en connaitre les détails, il faudra attendre le deuxième tome !

Le personnage de Ruben, ami de Johann, disparait assez vite du récit. Le retrouve-t-on dans le deuxième tome ?

N.L. : Il y a plusieurs personnages très secondaires qui reviennent tout au long du récit, comme la vieille Ernestine qui hante les cauchemars de Johann. D'ailleurs, lorsqu'il boit plus que de raison avec ses amis dans les rues d'Hanovre, Johann s'arrête un bref instant sur un petit mendiant de l'autre côté de la rue, qui ressemble étrangement à Ruben. Il sera surement présent dans le second tome, d'une manière ou d'une autre ....

Au-delà de son boulot de coach, Zirzow est également de bon conseil pour éviter que Johann ne suive un mauvais chemin dans sa vie privée. Peut-être aussi prend-il la place d’un père trop sévère et pas suffisamment à l’écoute de son fils…

N.L. : Wilhelm, le père de Johann, est un père bienveillant pour ses enfants. Mais c'est également le père d'une famille très nombreuse, accaparé par un travail miséreux de subalterne comme il y en avait beaucoup en Allemagne après la première guerre. Il veut ce qu'il y a de mieux pour Johann, mais ne sait pas nécessairement comment l'exprimer ou le mettre en œuvre. C'est un père, en somme ! Leur relation est conflictuelle au début de ce premier tome, tout simplement parce que Johann cherche à se forger une identité. Zirzow jouera, lui, les parfaits pères de substitution parce qu'il a beaucoup à retirer de sa relation avec son champion. Et puis aussi parce qu'aussi différents soient-ils, ils ont face à eux la même menace. Quotidiennement, Wilhelm ne croit pas réellement que le nazisme ira encore plus loin ... jusqu'au moment où il ne peut que constater le contraire. Mais en définitif, c'est bien Wikhelm qui a convoqué Zirzow et donc, qui l'a poussé à faire de la boxe l'enjeu de son existence !
Johann a la même attitude que son père face à l'Histoire en marche. En fait, ils réagissent face à des événements prenant une proportion inimaginable comme la plupart des gens. En pensant simplement que ça ne pourra pas prendre de l'ampleur... La plupart des gens réagissent encore ainsi aujourd'hui, et c'est d'ailleurs bien là le drame. En fin de compte, Johann ne peut que revenir vers Wilhelm en prenant de la bouteille, car ils sont faits du même bois.
Zirzow, lui, c'est plutôt la voix de la raison. Même si le fait qu'il soit corrompu par les paris sportifs nuit à cette étiquette. Et, une fois encore, le drame de Johann, c'est qu'il écoute attentivement cette voix de la raison, mais n'agit pas pour autant en conséquence ....

Comment s’est déroulée votre collaboration avec Jordi Planellas ?

N.L. : Comme toutes les relations entre un scénariste et son dessinateur : menaces, engueulades, séquestrations et supplications !
Non, malgré la barrière du langage (heureusement pour moi, Jordi parle parfaitement le français), la collaboration est extrêmement agréable. Que ce soit avec Jordi ou Florence, il y a une communication impeccable, qui permet à chacun d'avoir son petit mot à dire. Avec Jordi, je peux me prononcer sur son story-telling durant la phase de story-board et de son côté, il me fait des suggestions pour améliorer mon script. Durant le premier round entre Witt et Trollmann, par exemple, j'avais prévu toute une pléiade de cris dans le public et Jordi a su me démontrer que la page fonctionnait cent fois mieux rien qu'avec du visuel.
En ce qui concerne Florence, notre coloriste, c'est un peu différent, car Jordi et moi étant sous son indéniable charme : on lui passerait tout et n'importe quoi ! (sourire)

Excepté la deuxième partie de ce diptyque, avez-vous d’autres projets de bande dessinée ?

N.L. : Comme tous les scénaristes, je foisonne de projets. Mais celui qui m'accapare le plus en ce moment est une nouvelle série à paraitre au printemps 2013 chez Cléopas. Elle met en scène une "espionne" célèbre de la première guerre mondiale. C'est une histoire que je porte à bout de bras depuis de nombreux mois et j'ai eu la chance qu'elle capte également l'attention de Jean-Blaise Djian. C'est donc un premier tome, que nous coécrivons maintenant. Au dessin, vous pourrez apprécier le dessin fabuleux de Sergio Alcala...
Propos recueillis par L. Gianati

Information sur l'album

Zigeuner
1. Acte 1

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