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Interview d'Eric Borg, scénariste de Rocher Rouge

sur la piste du Maboukou...

Propos recueillis par Jérôme Briot Interview 06/06/2009 à 01:38 5582 visiteurs
Tout le monde vous le dira : l'enfer c'est les autres. A l'inverse, une île tropicale bien isolée, à partager entre amis pour quelques jours, ça doit être le paradis. Logiquement. Sauf si de vieilles légendes s'invitent au barbecue sur la plage et que, parmi les créatures de rêve, il y en a aussi de cauchemar... Bienvenue à Rocher Rouge !

Pour sa première bande dessinée en tant que scénariste, Eric Borg se lance dans une histoire si sex and sun, qu'on en chercherait presque ses lunettes solaires. Quoiqu'une balise de détresse ou un manuel de survie seraient, ici, plus utiles...


- Au départ, le scénario de Rocher Rouge était prévu pour le cinéma... Jusqu'où es-tu allé dans ce domaine ?

Eric Borg : J’ai fait un premier traitement d’une dizaine de pages en prévision d’un film, puis toutes les réécritures du récit, le découpage et l’écriture des dialogues ont été faits en vue de la bande dessinée.


- Il y a dans l'album un gros travail sur le suspense de bas de page, qui est un travail typiquement de bande dessinée... Preuve d'un travail d'adaptation à la forme dessinée. Toi qui pratiques l'écriture pour le cinéma et pour la bande dessinée, peux-tu expliquer en quoi les deux écritures diffèrent ?

Eric Borg : La différence est dans l’ellipse je crois : les cases d’une BD sont des moments clés qui concentrent une action et des dialogues, qui, en cinéma pourront être égrenés dans le temps et dans l’espace. La case est un concentré d’informations que l’on va asséner au lecteur de manière presque exagérée, par les expressions, les gestes, les onomatopées, mais c’est la loi du genre... Les dialogues seront très différents de ceux d’un film, ils iront droit au but quand l’écriture cinématographique se devra d’être plus naturaliste, plus subtile... Ce n’est pas du tout péjoratif, car ce que les auteurs de BD perdent en subtilité, ils peuvent largement le gagner en efficacité et en précision pour emmener le lecteur exactement là où ils le souhaitent. Mais j’en saurai plus à ce sujet très prochainement, car je vais adapter Rocher Rouge en vue de la réalisation d’un long métrage, ce qui me permettra d’appréhender de manière très concrète cette différence d’écriture...


- Tu a été critique de bande dessinée, créateur du magazine Zoo, repreneur de Bang! ; pourquoi as-tu eu besoin d'arrêter cette activité critique pour devenir auteur ? Les deux rôles te paraissaient incompatibles ?

Eric Borg : Je ne pense pas que la création et la critique soient incompatibles (cf. la Nouvelle Vague et les Cahiers du Cinéma). J’ai d’ailleurs écrit et réalisé plusieurs courts métrages et un moyen métrage (“Ô Dé !”), entre 1998 et 2002, alors que j’écrivais parallèlement des critiques de films (dans ZOO, version cinéma, puis dans Cinéastes). Mais aujourd’hui je ne me sens plus attiré que par la création. J’ai commencé très tôt à écrire (nouvelles, ébauches de romans, de scénarios de courts et de longs métrages), bien avant d’être critique. J’ai toujours aimé passionnément inventer et raconter des histoires, et j’avais même hésité à faire l’idhec [Institut des hautes études cinématographiques, NDLR] après le bac... Je pense que c’est ma vraie vocation.


- En tant que critique, les goûts te portaient, me semble t-il, vers une BD assez radicale, celle des auteurs alternatifs, assez arty... Et pour ta première BD, tu livres un scénario de BD "de genre", assez mainstream finalement. Un commentaire sur cet avis ?

Eric Borg : Toujours cette fameuse opposition : oeuvre “commerciale” - oeuvre “d’auteur”... ça n’a pas de sens. On pourrait même dire que la BD dite alternative devient de plus en plus mainstream aujourd’hui. Il n’y a qu’à voir la profusion de blogs BD alternatifs sur le net, idem pour la BD d'autofiction. C’est quand même archi-balisé comme exercice. Je trouve ça trop nombriliste, prétentieux et ça finit vite par m'ennuyer. C'est pour cela que je trouve plus mon compte dans le manga où les auteurs travaillent mieux dans l'ensemble la construction scénaristique que chez nous, avec bien sûr plein d'exceptions. Ensuite user du terme “mainstream” pour de la BD d’horreur en France est faux, il y a très peu d’albums représentatifs du genre. On ne peut pas associer non plus “genre” et “mainstream”, en BD comme en cinéma. Murnau, Carpenter, Romero... ont fait des films de genre pas du tout mainstream. Le genre est un matériau, un imaginaire commun, dont on peut se servir pour le déformer, le mélanger à d’autres référents, comme la télé-réalité par exemple, c’est ça qui m’intéressait dans Rocher Rouge. Le plus intéressant, c’est ce qu’on fait de ces matériaux : le traitement. Je veux bien sûr séduire, captiver, titiller le lecteur, et le plus grand nombre de lecteurs possible ! Je pense que Rocher Rouge pourrait être un album “populaire”, sans être pour autant “mainstream”.



- Devenir auteur a t-il changé ton regard sur la bande dessinée ? Es-tu plus sensible à certains aspects, dans la construction, la mise en scène, que tu ne l'étais en temps que "simple lecteur" ?

Eric Borg : Non, heureusement. En BD, comme en cinéma d’ailleurs, j’essaye de garder ma naïveté de lecteur, de spectateur, pour conserver le plaisir. Je fais vraiment un distinguo entre mon travail de production et ma consommation. Après, je pense qu’il y a bien sûr interaction, mais ça se fait inconsciemment. Avec le nombre de BD, de films que j’ai ingurgité depuis des années, ça macère depuis déjà bien longtemps là-dedans.


- Ton frère, Didier Borg, dirige la collection KSTR. Alors, pistonné ?

Eric Borg : Une chose est sûre : j’ai toujours été rebuté par la prospection ! Quand j’ai décidé de faire mon premier album, Didier était naturellement la première personne à laquelle j’ai pensé, en laquelle j’avais confiance aussi. Le fait qu’il soit chez Casterman était un plus, puisque c’est une maison d’édition que j’estime beaucoup. Il se trouve qu’il a adoré mon scénario et je n’ai pas eu besoin d’aller chercher ailleurs, c’est aussi simple que ça. Mais je n’ai eu aucun traitement de faveur, je me demande même s’il n’a pas eu la dent plus dure avec son frangin ! Au résultat, vu les critiques dans l’ensemble très élogieuses que reçoit Rocher Rouge, et notamment son scénario, le débat me semble clos...



- Les "purs" scénaristes ont souvent du mal à trouver un dessinateur. Qu'en a t-il été pour toi ?

Eric Borg : J’ai mis un an et demi pour trouver le bon dessinateur, après trois essais non concluants.


- Et à présent, quels projets ? Une suite pour Rocher Rouge ? D'autres albums en préparation ? Quid du cinéma ?

Eric Borg : Déjà 6 Projets BD pour 2010-2011 dont : 1/ la suite de Rocher Rouge, 2/un road-movie d’amour et d’anticipation avec une toute jeune dessinatrice bourrée de talent, 3/un thriller très sombre avec un autre débutant très prometteur également, 4/un album érotique, toujours avec un nouveau talent au dessin 5/un spin-off de Rocher Rouge avec Sanlaville... J’espère signer ces projets ces tous prochains mois.
En cinéma, pour 2009-2010 : plusieurs courts métrages, dont l’un bénéficie du soutien de la région PACA. Pour 2011-2012, le long métrage adapté de Rocher Rouge avec un producteur français...


» Lire la chronique par L. Cirade
Propos recueillis par Jérôme Briot