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La rebouteuse reçoit

Entretien avec Benoït Springer

Entretien réalisé par F Mayaud et L Gianati News 15/02/2009 à 15:50 1708 visiteurs
Dans La rebouteuse, le personnage-titre l'affirme "Je reçois dès demain". Benoît Springer nous a reçu au cours du festival d'Angoulême pour nous présenter ce nouvel album et revenir sur quelques titres précédents.

Vous signez un nouvel album avec Séverine Lambour. Comment s'est constitué votre duo ?

Ce n’est pas compliqué ! Elle travaillait chez Delcourt, j’étais chez Delcourt, et on s’est rencontré là, sur le salon d’Angoulême, tout simplement.

Alors que vos premiers albums en commun étaient ancrés dans la banlieue, La rebouteuse se déroule en milieu rural. Comment avez-vous opéré ce changement ?

Ce sont les sujets que voulait traiter Séverine qui ont évolués. Je pense qu’elle a voulu aborder les banlieues surtout à cause du discours ambiant qui existe sur ce sujet. Ce qu’elle avait envie de raconter dans ces bouquins là (3 ardoises et Allée des rosiers), c’est que la banlieue est un lieu de vie comme les autres. Dans La rebouteuse, elle développe un univers différent, elle a eu envie d’écrire une histoire tournant autour d’un village. Maintenant, comme dessinateur, je suis un peu embêté pour vous répondre sur ce qu’il en est de ses motivations d’écriture...

Alors justement, quelle est votre part d’implication dans la réalisation de ce scénario, après avoir réalisé Les funérailles de Luce pour lequel vous êtes seul aux commandes?

Oui, effectivement, c’est moi qui ai écrit Les funérailles de Luce. Cependant, pour La rebouteuse, je ne suis pas intervenu. Séverine écrit depuis plus longtemps que moi, elle a une expérience plus importante au niveau de l’écriture. Elle a écrit assez vite une version qui allait s’imposer comme la version définitive. Je l’ai lue et l’ai trouvée très bien. Je lui ai juste dit que sur la fin, sur la dernière scène, il manquait peut-être un truc. On en a discuté et elle, elle a retravaillé dans son coin pour remanier ce point et ça a été réglé très simplement. Moi, j’ai juste donné un avis de lecteur, je n’ai pas du tout participé à l’écriture.

Concernant Les funérailles de Luce, c’est une envie d’écrire en solo, un projet que vous aviez en tête depuis longtemps ?

Non, pas exactement, c’est venu en voyant Séverine écrire régulièrement que l’envie m’est venue. Nous en avons parlé, et elle m’a dit « essaye, si tu as envie d’écrire un truc, tu verras bien si ça te plaît ou pas ». Donc j’ai commencé comme ça, tout doucement. Je crois me souvenir que la première chose que j’ai écrite, c’est un dialogue au téléphone, un truc de base. Je lui ai fait lire pour savoir si elle trouvait ça correct et elle m’a dit que c’était pas mal ! Puis j’ai écrit un peu plus, et ainsi de suite… C’est parti de ça, tout simplement.

Les funérailles de Luce, il se trouve qu’un jour, j’ai vu par la fenêtre un grand black qui se promenait avec une petite fille avec un bonnet sur la tête, j’ai trouvé ce couple assez pittoresque, j’en ai donc fait un croquis pour en garder un trace, puis j’ai commencé à me raconter une histoire autour de ces deux personnages là. C’est sur cette idée que j’ai commencé à écrire. Après, il y en a une autre qui vient s’ajouter, on la développe, elles se mettent ensemble, les unes au bout des autres, de temps en temps on en enlève une, et ainsi de suite… A la fin, ça fait une histoire, un thème se dégage, des envies se précisent, une ligne directrice se crée et après, c’est parti, on continue !

Il y a un thème qui s’est dégagé assez vite, c’est celui de la mort, puis s’est vite rajoutée, dès les premiers croquis, la gamine. L’idée de transporter cette gamine dans la mort, de l’interroger sur la mort s’est imposée de fait. Après, j’ai pu dérouler le fil.

Pour revenir à La rebouteuse, comment avez-vous conçu les personnages ?

Je m’appuie systématiquement sur ce qui est écrit. Que ce soit l’aspect graphique de l’album, comment je vais bosser, à quel format, avec quels outils, ça, c’est vraiment en fonction de ce que je ressens quand je lis l’histoire, l’ambiance qui s’en dégage, les images que ça m’inspire. Là, je décide de comment j’ai envie de travailler les choses, et ensuite, je commence à imaginer des physiques aux personnages. C'est-à-dire : « tiens lui, je le verrai bien comme ça, par rapport à ce qu’il vit, ce qu’il dit… ». C’est vraiment ce que Séverine écrit qui m’évoque des comportements, des physiques.

Certains personnages sont ancrés dans leur univers, l’instituteur…

Oui, effectivement, je lui ai donné un côté un peu communiste, avec le collier de barbe, sûr de soi… Je crois que pour le coup, je suis presque dans certaine une forme d’universalité avec ce type de figure qui vient assez facilement à l’esprit. Je n’ai pas cherché à le caractériser autrement, il ne fait pas de bruit dans son coin, mais il n’en réfléchit pas moins. Il est rigolo ce personnage, avec son discours professoral qui, l’air de rien, entretient le débat, relance la réflexion.

C’est Séverine Lambour qui s’occupe des couleurs. C’est vous qui n’avez pas voulu le faire ou c’est Séverine qui a voulu le mettre en couleur ?

C’est moi qui ai voulu qu’elle procède à la mise en couleur. J’aime beaucoup de ce qu’elle fait dans ce domaine. Elle a une approche qui collait parfaitement au dessin, très aéré, très épuré, avec beaucoup de blanc. Elle utilise des tons pastels, très tendres, très discrets, en retrait pas rapport au dessin, ce qui est presque à contre courant par rapport à ce qui se fait dans la bande dessinée actuelle.
Je crois que ce n’est pas fini, la couleur m’intéresse de moins en moins, je préfère me concentrer sur les pages, la narration et le dessin, et j’adore ce qu’elle fait. Il y a des chances pour qu’elle mette en couleur d’autres de mes albums.

Votre travail diffère selon que vous choisissiez le noir et blanc ou la couleur ?

Oui, complètement, ça n’a rien à voir, on ne va pas du tout composer les cases, travailler le trait, l’encrage, ou éventuellement la pose de noir de la même façon si c’est destiné à être du noir et blanc ou à être mis en couleur. Quand on dessine les pages pour de la mise en couleur, on dessine systématiquement en ayant en tête que la mise en couleur vient, d’une certaine manière, finir l’image.

Pour Luce, je me suis longtemps demandé comment j’allais procéder, non pas que je ne savais pas ce que je voulais, mais comme c’était mon premier bouquin tout seul, j’étais un peu hésitant entre l’envie de faire mes propres trucs et l’envie que mon projet soit retenu. Cela sachant pertinemment que les éditeurs sont plus enclins à accepter un projet en couleurs qu’en noir et blanc. Je suis donc resté très, très, longtemps à me poser la question, jusqu’au jour où j’ai enfin réussi à trancher et j’ai choisi le noir et blanc qui était fondamentalement ce que je voulais faire depuis le début.

3 ardoises est un album d’expérimentation graphique avec trois dessins complètement différents.

Je pense que n’importe quel dessinateur a plus ou moins d’autres styles graphiques qu’il développe, ou non. Initialement, Séverine avait écrit une nouvelle que j’avais envie de faire. On en a parlé avec un éditeur qui nous a suggéré d’en faire plusieurs. Séverine en a écrit d’autres et ça a donné un bouquin avec trois nouvelles. Ça faisait un petit moment que je voulais expérimenter ces autres types de dessin, et c’est elle qui m’a proposé d’adopter pour chaque histoire un traitement différent. C’est à partir de cet album que j’ai réellement compris que je voulais adapter systématiquement mon dessin au ton qui se dégageait de chaque histoire. Comme je n’aime pas me répéter, c’est une évolution que j’ai intégrée assez facilement.

Maintenant, même si j’ai abordé différemment 3 ardoises, l’Allée des rosiers, Les funérailles de Luce et La rebouteuse, je pense qu’un regard extérieur y trouvera des similitudes. Tout est lié, ce n’est qu’une lente évolution. D’un album à l’autre, il y a des choses qu’on essaye sur l’un puis que l’on développe dans l’autre. Dans l’écriture comme dans le dessin, il n’y a aucune séparation nette.

Quels sont vos projets ?

On a un bouquin qui est en cours, toujours chez Vents d’ouest : un one-shot sur une histoire d’enlèvement d’enfant qui devrait sortir en janvier 2010. Et puis un autre bouquin, mais que l’on développe tranquillement dans notre coin.
Entretien réalisé par F Mayaud et L Gianati

Information sur l'album

La rebouteuse

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