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Journal intime d'un lémurien, l'interview

Dans la famille lémurien, Fabrice Tarrin prend le maki !

Alexandra S. Choux News 27/03/2008 à 13:36 6143 visiteurs
Fabrice Tarrin, créateur de Violine avec Tronchet, dessinateur d'un Spirou scénarisé par Yann, complice de Fred Neidhart et compagnon d'atelier de Lewis Trondheim, se lance dans l'autobiographie avec le Journal intime d'un lémurien. Attention, il ne s'agit pas d'un BD-blog re-publié en livre, mais d'un livre prépublié en blog, précise l'auteur (la distinction nous échappe un peu). Avec autant de férocité que de tendresse, mais surtout avec beaucoup d'humour, Fabrice Tarrin ouvre son carnet intime et dépeint son entourage proche, dans un mode animalier.


On connaît des lémuriens leur côté craintif, leur rareté, maintenant grâce à votre blog, on sait qu’ils sont drôles. Une question demeure : pourquoi Fabrice Tarrin est-il un lémurien ?
Fabrice Tarrin : C’est une idée de Laurel. Elle avait l’habitude de représenter ses amis en animaux sur son blog. Peu après notre rencontre, je lui avais écrit un scénario pour Spirou Hebdo, une histoire avec des lémuriens. Elle a donc commencé à me représenter en lémurien. Quand j’ai parodié son blog, je me suis dessiné en lémurien, c’est aussi simple que ça.

Et pour les autres personnages, comment déterminez-vous l’animal correspondant à une personne ?
En fonction du physique. Ca vient assez naturellement. C’est d'ailleurs plus simple de représenter Fred en chien ou Cyril en canard, que de les styliser en êtres humains. Trondheim se représente de façon très ressemblante en oiseau. De la même façon, Cyril est très ressemblant en canard. Les gens qui le connaissent me le confirment. Et puis c’était cohérent avec le fait qu’il parte aux Canaries…
Renaud/renard, c’était inévitable, et en plus ça colle avec sa physionomie. Il a un espace important entre le nez et la bouche, c’est quelque chose qu’on retranscrit assez bien avec un museau.

Auriez-vous pu dessiner la même chose dans un registre non animalier ?
Non, bien sûr. Le fait que ça soit des animaux crée une distance, et permet de raconter des choses un peu plus intimes, d’aller plus loin dans la confession.

Vous n'êtes pas toujours tendre quand vous "croquez" vos proches. Comment réagissent-ils ? Y a-t-il parfois une rivalité entre le blog et l'amitié ?
Je pousse souvent les limites assez loin. Ce sont souvent les autres qui me fixent des limites. De temps en temps, je raconte des choses qui peuvent gêner, mais en général j’obtiens le consentement de la personne. J’essaie d’avoir un regard aussi dur avec moi-même qu’avec les autres. Je ne me montre pas forcément sous un bon jour, je n’essaie pas d’avoir le beau rôle.

Il y a un paradoxe entre le fait de tenir un journal intime et de le publier (paradoxe que beaucoup d’écrivains ont résolu en parlant de publication salvatrice à leur timidité). C’est votre cas ?
Je vois ça plus sous l’angle thérapeutique. Le fait de raconter mes histoires me permet de les évacuer et de les réinterpréter. Le principe du journal intime, c’est de livrer son intimité, d’être exhibitionniste. Une fois publié, le journal intime n’est plus intime, mais il montre ce qui, à la base, aurait dû l’être.
C’est pourquoi la couverture est un trou de serrure. Cette serrure sépare le lecteur du lémurien, mais le lecteur peut regarder au travers. De cette façon, je mets le lecteur en position de voyeur, et ça me déculpabilise d’être exhibitionniste !

Ambrose Bierce, un journaliste et écrivain américain, a écrit que le journal est la relation quotidienne de cette part de l’existence que l’on peut se confier à sa moi même sans avoir à rougir. Vous en pensez quoi ?
(lève les yeux au ciel) J’en pense que c’est une phrase compliquée !
Tenir un journal permet de mettre les choses à plat, de dire les choses comme on les ressent vraiment, et donc de décomplexer. J’ai souvent ressenti de la honte, quand j’étais plus jeune, par rapport au fait que ma mère soit à la Soka Gakkai (NDLR : une organisation considérée comme une secte). Raconter tout cela m’en libère, me permet de resituer les choses, de comprendre que je n’étais qu’un gamin ordinaire, pas responsable des croyances de sa mère.
En écrivant tous les jours, j’arrive mieux à analyser la situation de mon vécu. Je me rends compte que c’est assez lourd alors que lorsque je le vivais je voyais ça d’une façon plus anecdotique.
Et donc, pour revenir à la question, je suis d’accord.

Comment le blog du lémurien est-il devenu un livre ?
C’est tout le contraire, c’est un livre qui est devenu blog. A la base, mon but était de faire un livre, c’est pour cela qu’il peut sembler un peu décousu : il y a des choses qui manquent sur le blog ou bien alors des choses qui n’ont rien à voir et qui parasitent. Ce devait être un livre avec un début, un milieu, et une fin.
L’année dernière fut une année riche en événements, cette année est plus banale et je ne voulais pas tomber dans le choix de Lewis Trondheim qui raconte ses « petits riens ». Je préfère raconter des choses singulières. Le deuxième album sera plus une collection de souvenirs d’enfance.

Comment, alors, faire abstraction du blog dans la publication ?
Je savais qu’il allait y avoir de gros vides. Par exemple, la rupture avec Lolita est abrupte, même si des séquences antérieures signent une sorte de chronique d’une fin annoncée. Mes personnages ont tous leur point faible. Lolita déteste l’idée que les gens soient fascinés parce que c’est la fille de Renaud et elle n’aime pas que les gens lui en parlent. Mais c’est une réalité et je l’ai retranscrit ainsi. Au début de notre relation, pas mal de mes amis me disaient « tu te rends compte c’est la fille de Renaud ». Que je raconte cela la mettait vraiment mal à l’aise. C’est quelque chose qu’elle nie. Pareil pour Cyril, il ne voulait pas que je dise qu’il est schizophrène. Et maintenant il commence à me dire qu’il veut des royalties.

Beaucoup d’anecdotes sont romancées ?
Oui, mais tout est vrai. Rien n’a été inventé, ç’aurait été ridicule. Si je prends l’exemple de Cyril le Canard, il sort des trucs tellement énormes, comme de faire sécher son linge dans un sac fermé… Il n’y a rien à inventer. Le déclic a été le déménagement, au moment où je le vivais, je me disais : « on pourrait en faire une BD ».


Liens :
- Blog BD de Fabrice Tarrin
- Fiche dans la bedetheque


Propos recueillis en février 2008
Alexandra S. Choux