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ENTRETIEN AVEC JEAN-PHILIPPE PEYRAUD

Exposition à la Médiathèque de Poitiers

Médiathèque de Poitiers News 11/01/2008 à 19:45 3000 visiteurs
Six ans après une première rencontre, la Médiathèque de Poitiers retrouve le dessinateur Jean-Philippe Peyraud pour une exposition qui se tiendra du 15 janvier au 16 février 2008. Auteur de Premières Chaleurs, son histoire pour son ami Alfred annoncée à l’époque en trois parties est devenue une tétralogie, dont deux tomes sont sortis chez Delcourt sous le titre Le Désespoir du singe. L’éditeur Treize Etrange a réédité en intégrale sa trilogie Grain de Beauté, une réédition augmentée de son album Il pleut et son dernier titre paru La Bouche sèche.
La médiathèque de Poitiers nous autorise amicalement à reproduire cette interview :

Est-ce un bon résumé de ces six années écoulées ?
Si on y ajoute deux tomes de ma série prépubliée dans Phosphore Ces années-là, mon travail pour le magazine Elle, des illustrations pour la communication, quelques récits courts pour des albums collectifs et des projets avortés…

Peux-tu nous rappeler ton parcours professionnel ?
Je suis monté à Paris avec mon book d’illustrateur sous le bras, mais c’est dans le dessin animé que j’ai trouvé du travail, sans rien y connaître, grâce à mon vieux copain Joris Clerté, réalisateur télé. Un poitevin lui aussi, avec qui nous avions monté un fanzine au lycée Camille Guérin Synopsis a obtenu le prix de la meilleure maquette à Scoop en stock en 1986). Sous sa houlette, j’ai animé des films d’entreprises, des génériques, des bandes annonces…
Pendant mon temps libre, je dessinais des petits récits sur le quotidien parisien de mes amis. C’était l’époque de l’émergence des petites maisons d’éditions de ande dessinée comme L’Association ou Amok. Il y avait une émulation créative très forte, très excitante.
J’ai rencontré Christopher avec qui nous avons fondé la structure éditoriale La Comédie Illustrée où j’ai publié mes premières planches. Tous ont rejoint dans l’aventure, Massonnet et Philippe de La Fuente. J’ai ensuite été publié dans divers labels indépendants avant de rejoindre Casterman. C’est à ce moment que j’ai arrêté de travailler dans l’audiovisuel afin de me concentrer sur la bande dessinée. Mi-janvier sortira chez Casterman dans la collection Encrages, Quand j’étais star.

Il s’agit d’une adaptation de nouvelles de Marc Villard, peux-tu nous parler de ta rencontre avec ce romancier ?
Marc Villard venait d’adapter son roman Rouge est ma couleur avec Jean-Christophe Chauzy chez Casterman. Il désirait adapter ses nouvelles d’autofiction parues à L’Atalante. Il s’y met en scène dans la vie quotidienne, au bureau, en famille, chez le psy… D’autres histoires sont plus intimistes, nostalgiques, mais toujours avec un fond d’autodérision. Lætita Lehmann, mon éditrice, m’a fait lire les nouvelles et devant mon enthousiasme, m’a présenté à Marc. Je me souviens du jour où il m’a reçu chez lui. Il est très joueur. Allongé sur son canapé, il examinait lentement mes croquis, le regard caché derrière ses grosses lunettes, dans un silence de mort. C’était interminable ! Il a fini par conclure que ça lui convenait et m’a payé un coup.
La glace était rompue.
J’adore son humour et sa méchanceté. De plus, c’est un grand amateur d’images. Son regard sur mon travail m’a beaucoup aidé. Je ne connaissais de lui que ses collaborations avec Miles Hyman, Loustal et Chauzy. Depuis j’ai dévoré ses romans noirs.

Tu comptes retravailler avec lui, ou un autre auteur ?

Le courant passe bien entre nous, même si la partie la plus connue de son travail, le roman noir peut paraître très éloigné de mon univers. Nous avons d’ores et déjà un autre projet ensemble. L’histoire d’une fille à la recherche de son père devenu SDF… Mais entre-temps, j’ai entrepris l’adaptation de Mise en bouche, une nouvelle inédite (elle aussi !) de Philippe Djian pour les éditions Futuropolis. À paraître, si tout se passe bien, en juin 2008.
J’ai attendu trois ans avant d’oser lui demander d’adapter sa nouvelle. Trois jours après, je déjeunais avec lui !
Là encore, une très belle rencontre, même si, faute de temps, Philippe Djian l’a pas pu faire l’adaptation. Il ma laissé toute liberté. J’avais flashé sur ce texte initialement offert en supplément des Inrockuptibles. Un homme divorcé s’éprend de l’institutrice de sa fille lors qu’elle vient de se faire salement larguer par son mari. Pas le meilleur moment pour débarquer dans sa vie. Mais c’est sans compter avec le destin… Un sujet qui fait écho à mon travail personnel.
Le fait que j’enchaîne deux adaptations littéraires est totalement fortuit. J’ai dans mes cartons des scénarii où je serai seul aux commandes.

Et avec Alfred pour qui tu scénarises la série Le Désespoir du singe Cela se passe
comment ?

Alfred et moi avons conçu la série ensemble. Et nous avons envie de nous étonner l’un l’autre. Il est mon premier lecteur (allez, le deuxième car je ne peux me passer de l’avis de ma compagne) et n’hésite pas à me refaire travailler quand un passage lui semble raté.
Je ne lui envoie pas un scénario « classique » mais une suite de scènes sans indication de pagination et de case, ce qui lui laisse plus de liberté pour la mise en scène. Ses solutions sont souvent très différentes de celles que j’avais imaginées. Ce n’en est que plus excitant. Il arrive qu’il me demande mon avis sur le dessin mais je lui réponds, la plupart du temps, par des indications non graphiques.
Pour la première rencontre entre Véspérine et Josef, par exemple, mon modèle était le regard que se lancent Gérard Depardieu et Fanny Ardant dans La Femme d’à côté. Au final, la scène dans l’album n’a rien à voir, mais je pense que ça l’a aidé. Pour le colonel Komack, nous ne voulions pas d’un méchant classique avec le regard sournois et la barbichette en pointe. J’ai évoqué le regard glaçant que pouvait avoir Bernard Giraudeau dans le film de Bernard Rapp Une affaire de goût. Et Alfred en a fait encore autre chose, un personnage au visage lunaire avec deux grands yeux froids.
Je n’interviens donc pas directement sur le dessin. Mais il est évident qu’une sorte de transfert s’opère entre nos deux styles. Alfred tend vers une simplification de ses personnages alors que de mon côté j’ai tendance les rendre plus réalistes. Je noircis beaucoup plus mes pages. C’est aussi ça, le plaisir de la collaboration.

Est-ce que le fait d’écrire une histoire pour un autre dessinateur est plus facile que pour soi-même ?
Ce n’est ni plus facile ni plus difficile. Simplement différent. J’avoue prendre un malin plaisir à truffer le scénario de pièges graphiques, mais ce malin d’Alfred s’en sort toujours. J’ai beau lui mettre des poursuites à cheval dans des coursives de bateau, des scènes de foule comme des scènes d’ambiance, il m’étonne à chaque fois par son inventivité. Lorsque j’écris mes propres histoires, je ne pense pas au dessin. Et je peux me retrouver à dessiner des scènes entières avec des voitures alors que je déteste dessiner ça !
Nous exposons dans le réseau quelques-uns de tes travaux pour les magazines Elle et Phosphore, ainsi que des strips pour Club-internet.

Comment as-tu été contacté, le travail est-il le même que pour ton travail d'auteur de bandes dessinées ?
Pour ce qui est des magazines, ils sont venus me chercher. La rédactrice en chef de Phosphore est venue me débaucher sur le stand Casterman lors de la sortie du premier tome de Premières Chaleurs. Ils voulaient une série sur une bande de copains étudiants. C’est comme cela que je me suis retrouvé à animer cette série pendant quatre ans.
Une belle expérience.
Pour Elle, j’ai été convoqué par le directeur artistique. Là encore, surprise, il n’a pas regardé mon book ; il connaissait mon travail. J’y illustre, en alternance avec un bouquet d’illustrateurs, la rubrique C’est mon histoire qui récolte des témoignages de femmes sur les sujets les plus divers. Mon travail y est un peu différent puisque je dois traiter l’image en mini-bd, comme une sorte de bande annonce de l’article.
Quant aux strips pour Club-internet, ils m’ont été demandés par l’intermédiaire de mon agent, Comillus, qui traite la plupart de mes travaux de communication. Dans ce cas précis, le client m’a laissé beaucoup de liberté et quasiment toutes mes propositions ont été acceptées. Il n’en est, hélas, pas toujours de même. Les travaux de commande ne donnent pas la même liberté que le travail d’auteur. Je suis soumis à un briefing, aux impératifs du client. Mais quand le client a du talent, ça peut-être tout aussi passionnant.

Entretien réalisé par Brice Bourdier.
Médiathèque de Poitiers