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« J'ai toujours l'appétit de dessiner »

Entretien avec Christian Rossi

Propos recueillis par L. Gianati Interview 24/10/2023 à 10:43 3563 visiteurs

De Jim Cutlass à W.E.S.T. en passant par Deadline, Christian Rossi a toujours évoqué avec passion et talent les immenses territoires américains, du grand Ouest à New York, en passant par les champs de coton de La Nouvelle Orléans. Pourtant, il faut remonter à bien plus loin pour retrouver dans sa bibliographie un western dit "classique", et ce, en tant qu'auteur complet, Le Chariot de Thespis. Plus de quarante ans plus tard - excusez du peu - il revient, de nouveau seul aux commandes, pour présenter le remarquable Golden West. 

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour refaire, seul, un vrai western ?

Christian Rossi : Je ne sais pas trop en réalité... Il s'agit peut-être d'un manque de confiance ou d'un manque d’accroche scénaristique. Je lis régulièrement et je vois que le western est revenu depuis quelques années dans la famille de la bande dessinée. Il fallait que je trouve moi-même quelque chose qui me touche de près. Pendant le confinement dû au Covid, quelque chose s’est ouvert et j’ai foncé dedans, sans a priori, en me disant qu’on verrait bien où ça mène.

Vous parliez de renouveau du western depuis quelques années. Comment l'expliquez-vous ?

C. R. : Comme vous l’imaginez, j’ai toujours aimé la BD de genre et notamment le western car c’est un merveilleux terrain de jeu. On peut se mettre à la place des Indiens ou des Mexicains, de la cavalerie américaine, des pionniers, des cowboys, il y a tellement d'entrées possibles... Il y a eu une sorte de coup de vieux infligé à ce genre avec, en parallèle, le cinéma hollywoodien. Je ne trouve pas particulièrement d’explications à ce renouveau... Il y a peut-être l'envie aujourd'hui de se frotter, dans le cas de la BD, à d’illustres prédécesseurs. Il y a un peu de prétention à vouloir passer après des mecs comme Jijé, Giraud, Hermann... Evidemment, ça oblige un peu à se tenir droit, à avoir bossé quelques aspects du western, notamment des bonshommes sur des chevaux, pour amener quelque chose de nouveau et pas seulement rendre hommage. 

Les thèmes du western sont finalement assez modernes : le retour à la nature et l'intégration sociale...

C. R. : C’est surtout l'idée de ne pas disparaitre finalement. Ce coté écologiste avant l’heure, d’émerveillement devant la nature, mais aussi l’avidité de comprendre une culture différente, apprendre de ces étrangers en prenant ce qu’il y a de bon sans perdre forcément le noyau dur de leur être, tout ça fait écho à des choses que l’on entend aujourd'hui. On parle en ce moment d’échec de l’intégration et on voit pointer des discours assurant qu’il faut peut-être déjà s’occuper de ceux qui sont déjà là. Il y a également une insécurité latente pas forcément physique mais plutôt économique. Tout ça interroge forcément.

Aviez-vous également la volonté de retravailler seul ?

C. R. : J'ai précédemment travaillé avec Géraldine Bindi sur Le Cœur des Amazones et avec Cédric Apikian sur La Ballade du soldat Odawaa et j’ai beaucoup appris. Il y a un coté culture générale dans ce métier. Grâce à des scénarios, on élargit ses connaissances sans pour autant avoir la prétention d’être un grand spécialiste. On émaille ensuite ce qu'on croit savoir avec des lectures, avec de la doc plus pointue, c’est un aspect que j’aime beaucoup. Un jour, Christine Cam (éditrice chez Casterman, NDLR) m’a dit «  maintenant tu arrêtes de te planquer derrière des scénaristes, tu es capable de faire seul quelque chose qui pourrait nous intéresser ». Cette phrase a été un déclencheur ainsi que la nécessité de travailler, aussi bien pour l’aspect pécunier que pour le simple plaisir. J’ai toujours l’appétit de dessiner, j’ai l’impression que je peux constamment progresser dans tel ou tel domaine et explorer telle ou telle technique.

Qu’apporte la narration à la première personne ? 

C. R. : On parle d’une chose qui m’est essentielle. Si je raconte à la première personne dans un hors-texte, c’est que je suis vivant pour pouvoir le raconter, contrairement par exemple à la technique du manuscrit ou du témoignage, où l'on se dit que le sort a peut-être été néfaste pour celui qui raconte. Le hors texte va tout de suite diriger mon intention : le personnage parle de ces faits historiques vus de loin. Je n’ai pas mis de nom de lieu, pas de date, car étant plongé dans la doc, c’est très contraignant de rester dans les clous. Golden West est le nom que les critiques donnaient à ces fascicules qui parlaient d’évènements qui se passaient sur la frontière en mettant toujours en scène un mec qui sauvait une nana des griffes des Indiens. Golden West était la vision romantique d’un lieu et d’évènements qui pouvaient être dramatiques. La narration à la première personne hors texte est la façon la plus simple que j’ai trouvée pour décrire l’intériorité d’un personnage qui serait notre « véhicule » à travers toute cette histoire.

Il n’y a pas de repère de temps ni de lieu mais il y a tout de même des personnages historiques comme Géronimo et Lozen...

C. R. : C’est important car ça donne un point de repère. Tout le monde connaît Géronimo. Lozen est moins connue mais elle a réellement existé. Géronimo a déjà été fait en bande dessinée par rapport à sa biographie et aux éléments que l’on connait. Il a eu sa famille décimée par les mexicains et il est entré dans une sorte de colère qui l’a habité toute sa vie. Ce chaman est un chef de guerre qui mène une sorte de guérilla et il devient l’ultime résistant. Il porte une image très forte. Je me suis dit qu’en l’utilisant je pouvais développer ce coté chamanisme surdimensionné en parvenant à influencer les éléments. Il pouvait éduquer un jeune garçon dont le but est de devenir guerrier. Tous les mâles apaches, de ce que j’en ai compris, ont pour but ultime de devenir des guerriers. Ça passe par des étapes et par un enseignement. Ce sont des machines de guerre, des spartiates. Ils sont faits pour tuer même si leur vie ne se résume pas uniquement à ça

Existe-t-il une biographie officielle de Géronimo ?

C. R. : Il y a des aspects de sa vie qu’on ne connaît pas, sa date de naissance entre autres. Ses mémoires ont été recueillies quand il était encore en vie et ont été traduites par un type qui avait appris l’anglais. Il y a aussi plein d’historiens qui ont recoupé les évènements, notamment des journaux d’officiers de la cavalerie qui ont traqué Géronimo et qui tenaient des carnets de bord au jour le jour comme un capitaine sur un vaisseau, expliquant minutieusement chaque déplacement, détaillant leur combat face aux lois de la nature, impitoyables dans ces régions-là. Cette période correspond à la création des scouts indiens qui sont les plus aptes à lire les traces des fugitifs. Il existe aussi des rapports de personnes dans les réserves pendant les moments où Géronimo s'y trouvait. 

Son coté chaman est moins connu que son aspect guerrier…

C. R. : Il l’était, ça a été vérifié. Les faits observés par plusieurs témoins sont par exemple sa vision des mouvements. Il pouvait prévoir le déplacement de la cavalerie américaine située à trois cents ou quatre cents kilomètres de leur campement de base. Concernant Lozen, elle rentrait dans une sorte de transe, elle pivotait sur elle-même bras étendus et montrait la direction de l’ennemi que ce soit des mexicains ou des américains. Là aussi, le but était de sauver des clans qui se trouvaient être des fugitifs.

Inès et Lozen sont deux femmes fortes et indépendantes qui prennent en main leur destin, une vision de la femme très moderne…

C. R. : De ce que j’en ai compris, la femme a un rôle complémentaire déterminant dans la société indienne. Elle s’occupe du foyer et de l'éducation des enfants pendant que l’homme va chercher le gibier et combattre. Dans le cas d’Inès, elle est ramenée dans le camp, elle est adoptée, va apprendre la langue, va trouver sa place, puis va se marier et faire des gosses. Il y avait aussi quelques femmes guerrières, Lozen n’était pas la seule. Il y en avait beaucoup d'autres moins connues chez les Apaches, chez les Sioux et les Cheyennes. Cet aspect de femmes fortes qui court beaucoup depuis quelques années dans les fictions, avec cette revendication de féminisme parfois assez délétère qui veut combattre le patriarcat et l’homme blanc au lieu de montrer leur complémentarité, est un aspect qui est réel ici, je n’ai pas eu l’impression d’exagérer. Lozen, autant que je sache, ne s’est pas mariée et n’a pas fait d’enfant. Elle a vraiment sauvé dans plusieurs circonstances les gens dont elle avait la responsabilité. Inès est le prototype de fille qui passe d’une culture à l’autre et y trouve une forme d’épanouissement malgré la période chaotique qu’elle vit. Ce que voulaient les gens à cette époque, c’est être tranquilles, voyageant suivant les saisons soit dans les montagnes soit dans les plaines, traquant du gibier... Pour prouver leur bravoure et pour ramener des biens, les hommes partaient faire des raids de plusieurs semaines. Ils étaient en général peu nombreux, à pied, et leur lieu de prédilection était le sud de l’Arizona, le Mexique, à leurs risques et périls. Ils ramenaient ce qu’ils ont piqué, ils connaissent la morphologie du terrain, les silhouettes des montagnes, le tout sur des distances incroyables. Tout le monde faisait la fête quand ils revenaient. 

Tom et Jerry (sic) sont assez touchants, ce sont les seuls auprès desquels s'instaure un dialogue autour des différences culturelles entre les peuples...

C. R. : C’est beau hein ? D’abord c’est drôle et c’est difficile de mettre de l’humour dans ce genre de récit, où il y a plutôt de l’action. J’ai été parcimonieux avec le sang, je n’en ai pas mis des tonnes. La violence est présente et on se délecte à la dessiner, le lecteur peut se délecter à la voir, et on peut facilement tomber dans une sorte de voyeurisme. Pour l’humour, il faut trouver des entrées. Là, ce sont deux personnages assez atypiques qui n’ont pas peur, qui ont un but, celui de chercher de l’or. Il y avait effectivement des exploitants de mines et ils sont arrivés par vagues, parfois très nombreuses, creusant la montagne à coup d’explosifs. J'ai imaginé Tom et Jerry comme un chausse-pied pour que Woan perde ses a priori au profit d’une ouverture possible. Je n’ai jamais de plan d'écriture très établi, ce sont des visions qui arrivent. Parfois il n’y a rien, alors je vais vers autre chose, et soudain le récit travaille tout seul. Ces deux personnages ont permis une reconversion tout à fait improbable d’un guerrier apache en mineur qui lui permet de rentrer soudain dans la société américaine avec un pécule.

L’intégration commence par le dialogue ?

C. R. : Il y avait des rapports commerciaux et, effectivement, les indiens n’étaient pas toujours à couteaux tirés avec les étrangers. Il y a eu des discussions entre les Apaches et les Espagnols quand ils sont arrivés. Ils ont cherché les uns et les autres ce qu’ils pouvaient en tirer. Les Espagnols se sont vite montrés comme des conquérants cherchant moins les terres que le mirage de l’or et les tensions ont vite commencé avec les Mexicains. Il y a des moments où ça se passait bien mais, malheureusement, il y a des traités que les Américains n’ont jamais respectés, jamais. Des plénipotentiaires étaient mandatés par le gouvernement américain pour rencontrer les Apaches et leur disaient, avec une certaine bonne foi : « on va vous faire une réserve de tant de kilomètres carrés et on s’engage à ceci et on s’engage à cela ». Evidemment, dès qu’ils ont le dos tourné, le gouvernement les lâchent. Les pionniers arrivent et, dès qu’ils voient un Indien, ils lui tirent dessus. Au bout d’un moment, les Indiens se demandent comment ils peuvent avoir confiance en ces gens-là alors que la parole donnée de l’Indien est sacrée. Dans les discours de chefs indiens, on voit la dimension poétique ainsi que leur grandeur et leur fierté quand ils disent que la terre ne leurs appartient pas, ni à eux ni à personne. On ne peut pas vendre une terre qui n’est pas la nôtre, elle nous est donnée par le donneur de vie ou par le Grand Esprit, par une entité supérieure. Les indiens voient arriver des gens qui ont une super technologie, qui sont nombreux, mais qui sont avides et ça, c’est au-dessus de leur compréhension. Tout ça a donné les guerres indiennes. Danse avec les loups montre avec un contraste saisissant l’humanité et l’écologie de cette bande de Sioux face à cette petite escouade de tuniques bleues qui sont décrits comme des porcs. On inverse le point de vue en montrant la culpabilité que devrait avoir l’expansion américaine. Non seulement ils étaient racistes vis à vis des blacks mais ils ont créé en plus une sorte de génocide, de disparition des gens qui étaient déjà là avant eux et qui ne jouaient pas le jeu.

Si la parole donnée par les indiens vaut tant comment expliquer l'apparition des scouts ?

C. R. : C’est d'abord une astuce scénaristique : on prend deux proches, qui peuvent être deux frères, deux amis ou deux demi-frères et il y en a un qui se retrouve dans un camp et l’autre dans l’autre. Il se trouve qu’il y a eu des créations de scouts effectivement, d’une manière très intelligente, par quelques blancs qui se sont dit qu’ils n’arriveraient jamais à retrouver ces bandes de renégats sur des kilomètres carrés de montagnes et de déserts. Ils ont donc recruté des tribus qui étaient hostiles à ceux qu’ils traquaient. Les tribus entre elles, avant l’arrivée des blancs, se battaient constamment. Les Apaches, au 17-18ème siècle, occupaient une bonne partie de l’est du Nouveau Mexique quand arrive une tribu qui s’appelle les Comanches. Les Comanches vont être les cavaliers les plus émérites de tous les Indiens, encore mieux que les Sioux. Ils sont des sortes de cosaques et ont une sorte de puissance, comme s’ils avaient des chars, se déplacent très vite, tirent planqués derrière les flancs de leurs chevaux... Leurs chevaux sont comme des vélos, ils obéissent au doigt et à l’œil. Ils sont extrêmement agressifs et arrivent à virer les Apaches de tout l’est du Nouveau Mexique. Ils n’ont donc pas attendu l’arrivée d'espagnols pour que les inimitiés et les haines se propagent. Dans le cas de Katshyen, il est assez fasciné par la culture, la puissance et la force, tout le mode de vie des blancs. 

C’est au retour de son demi-frère, Woan, qu’il perd pied et qu’il a du mal à  trouver sa place au sein du clan...

C. R. : C’est le cliché de la vie de famille. Il est enfant unique et, d’un coup, voit arriver un jeune adulte qui se trouve être son demi frère. C'est la même chose aujourd'hui. Pour trouver sa place dans une fratrie, ce n'est pas évident. 

L’album est un très grand format. Est-ce votre idée ou celle de l’éditeur ?

C. R. : C’est la volonté de l’éditeur. Au départ, j’avais convenu avec l’éditrice qu’on fasse un petit format. Puis j’ai adopté une technique qui se prêtait plutôt à un format beaucoup plus grand et mon éditrice m’a lâché en cours de route pour raisons personnelles. J’ai donc demandé à Benoit Mouchart de prendre le relai. En discutant avec lui de ces planches si grandes, le choix du grand format a finalement été arrêté. 

Avez-vous changé de technique de dessin pour cet album-là en particulier ?

C. R. : J’ai essayé de pousser ma technique de l'aquarelle que j'avais utilisée avec Laurent-Frédéric Bollée sur Deadline. Pour Golden West, je voulais un récit nostalgique, j'ai donc fait des couleurs un peu éteintes et j’ai adopté des encres acryliques qui sont moins chatoyantes et qui peuvent par moment se rapprocher de la gouache. Je travaille aussi avec des feutres très fins bistre pour l'encrage, ce qui est une trahison totale par rapport à tout ce que j’ai appris aux côtés de Jijé et de Jean Giraud car le vrai encrage, c’est tout au pinceau. Puis j’ai posé par dessus ces couleurs, ces ocres, sans trop me préoccuper de la lumière pour donner un sentiment de temps révolu. 

Des ocres qui précèdent en début de récit un bleu électrique presque surnaturel... 

C. R. : J’ai cherché une utilisation sensible de la couleur en pensant à ce fait historique dramatique. Je ne suis pas du tout sûr du nom du village car il existe plusieurs versions. J’ai honteusement pompé l’apparition de Géronimo d’après un roman que j’adore, Pleure, Géronimo de Forrest Carter, dans lequel il avait imaginé la Saint Jérôme, origine de son nom. C'est au départ un piège tendu par Géronimo pour faire sortir la garnison de ce village qui est stationnée là et qui a participé quelques temps auparavant au massacre de plein d’Indiens. Je l’ai donc adapté à ma façon, et ce bleu, bizarrement, est la façon dramatique que j’ai trouvée pour rendre le contraste dans cette scène. Il y a des bleu ciel qui sont véritablement d’azur, qui ne sont pas pesants, qui sont légers et qui nous contentent parce que ce sont des ciels de beau temps. Là, le village était écrasé par le soleil et ce bleu est une menace. Ce bleu, je l’ai carrément traité à la gouache pour le rendre encore plus impactant. Je suis content que ça se voit parce que c’est l’effet que je voulais obtenir.

La scène d’ouverture, très désertique avec peu de vie, suivie par d'une bataille au contraire très vivante est un autre contraste saisissant...

C. R. : En quelques pages, on prévient le lecteur qu'on va passer de là à là, en donnant le ton. Après, on va pouvoir décliner sur tout le reste du bouquin. Vous pensez bien que pour quelqu'un qui a la prétention de raconter une histoire, tout ce qu’il veut c’est surtout ne pas lâcher le lecteur et l’amener d’une façon sensible dans le récit. Il doit devenir partie prenante, commencer à flipper pour les personnages par exemple. C’est tellement difficile tout ça. J'en reviens au hors texte à la première personne, on sait que le personnage principal s’en sort, mais il y a toujours quand-même un doute, on veut savoir. Géronimo, lui, s’en sort aussi. Historiquement, il meurt d’une congestion pulmonaire ou une truc de ce genre, car il rentre un soir chez lui, saoul, tombe dans un ravin, y passe la nuit et chope une bronchite. Il est ramené chez lui, agonise pendant un jour ou deux et meurt. Même s'il aurait dû mourir d’une manière violente comme un vrai guerrier, une voix lui aurait dit qu’il ne mourrait pas sous les balles de ses ennemis. 

Quelques mots sur la couverture ?

C. R. : On a défini avec Benoit qu’il nous fallait une couverture classique. Les ingrédients sont les personnages, leurs costumes qui confirment qu’on a bien à faire à des Indiens du sud ouest, et les chevaux qui sont le signe emblématique du western. Je voulais un paysage qui ne soit pas enchanté mais qui sonne comme une fin de journée, une menace avec une ombre portée qui souligne une dramatisation discrète mais tout de même présente. J’ai tâtonné mais finalement pas si longtemps par rapport à d’autres couvertures que j'ai pu réaliser… Le casse-tête n’a pas été si long que ça a résoudre, si tant est qu’il soit résolu !

La sortie coïncide avec celle de l’intégrale de Jim Cutlass...

C. R. : J’aime beaucoup Cutlass qui est complètement autre chose... Cutlass, c'est la collaboration avec Jean Giraud, la première histoire de Jean-Michel Charlier, une alternative à Blueberry...  Jean m’avait dit : « pas de doc, tu as vu ce que j'ai fait, donc pas de doc », ce qui montre à la fois sa mémoire visuelle et son coté très enlevé. Je me rappelle des crises de rire que j’ai pu avoir avec Jean, on s’est beaucoup amusés et, à un moment, il m’a dit qu’il n’avait plus le temps de faire ça et il m’a donné les rênes pour que je continue tout seul. Je lui avais dit que ce n'était pas ma série et que si je le faisais c'était pour qu’on continue à copiner. J’ai trahi le lecteur en laissant en plan cette histoire qui devait connaître d’autres développements. Donc je suis content que ça ressorte. J’aurais aimé que l’on retouche les couleurs que je trouve un peu vintage. On verra bien ce que ça donne et, surtout, ça permet à un public de découvrir la série car on ne la trouve plus dans le commerce. 



Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Golden West

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Jim Cutlass (Une aventure de)
Jim Cutlass

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Deadline (Bollée/Rossi)
Deadline

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W.E.S.T
Intégrale

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Le cœur des Amazones

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