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« Être en décalage est un sentiment que j'ai depuis longtemps »

Entretien avec Théo Grosjean

Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout Interview 26/06/2021 à 15:12 5457 visiteurs

Comment mettre en images un récit dont le personnage principal est muet et ce, en vue subjective ? C'est le pari que s'est lancé Théo Grosjean, le talentueux auteur de L'Homme le plus flippé du monde. Prévue au printemps 2020, la sortie a finalement été repoussée au mois d'avril 2021. Une histoire sombre teintée d'humour noir à découvrir très vite. 

Comment avez-vous vécu cette attente d'une année avant la sortie de l'album ?

Théo Grosjean : Pas très bien. Ce n’était pas non plus dramatique mais ce sont toujours des situations un peu compliquées. Il y a toujours un décalage entre le moment où on commence à écrire une histoire et le jour de la sortie de l'album. Ce décalage s'est encore accentué pour Le Spectateur et il y a des choses que j’ai dû réécrire au dernier moment parce que je trouvais que ça ne collait plus avec ce que j'avais imaginé au départ. J’ai commencé à l'écrire en 2017. Comme je suis très récent dans cette profession, j’évolue assez rapidement dans ma façon d’écrire et de présenter mes BD. J’ai modifié beaucoup de choses à la dernière minute. D’ailleurs, mon éditrice était un peu stressée parce que jusqu’à la veille de la deadline j’avais envoyé quatre ou cinq planches à modifier. C'était un peu sport !

Votre carrière est assez récente mais elle est déjà riche. Vous attendiez-vous à un tel plébiscite dès votre sortie de l’école ?

T.G. : Pas du tout. Quand j’ai écrit ma première BD, L’Empire du pire, j'étais encore en cours. C'était plus ou moins une commande d’éditeur. J’avais fait un gag sur Star Wars sur internet qui avait fait un peu de buzz mais surtout aux USA sur des plateformes comme 9gag.com. L’éditeur français Jungle m’a alors contacté parce qu’ils voulaient faire une BD centrée sur la nouvelle saga. C'était un peu bizarre parce qu’à l’époque je voulais absolument être édité, c'était mon objectif pour me lancer un peu dans le milieu, me faire des contacts, comme beaucoup de jeunes auteurs et autrices. J'ai accepté ce projet sans trop savoir ce que ça représentait… Je ne suis pas un énorme fan de Star Wars... J’ai d’ailleurs eu beaucoup de retours de lecteurs qui sont très fans et qui avaient noté de grosses incohérences dans mon récit par rapport à la trame de Star Wars et qui étaient très énervés (rires). C'était un peu bizarre cette expérience de première publication qui n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais. J’aime bien cet album-là parce que je l’ai co-écrit avec Auriane Bui qui est aussi ma copine et qui fait également de la BD. À l’école, j’ai rencontré Lewis Trondheim qui est mon éditeur sur L’Homme le plus flippé du monde et Un Gentil ogre sauvage. En cours, il avait repéré deux ou trois élèves qui avaient une facilité dans la bande dessinée et il y avait notamment Auriane et moi. Il m’avait proposé de lui envoyer un mail avec un projet et je lui avait envoyé Un Gentil ogre sauvage qui, je pense, lui a plu parce que ça résonnait dans son univers. Je suis un gros lecteur de Lewis Trondheim, de toute la vague des nouveaux auteurs de la BD française avec Joann Sfar, Christophe Blain… L’Association quoi. Donc dans l’humour, dans la façon dont je racontais l’histoire, je pense qu’il y avait pas mal de cet héritage. J'étais assez étonné de gagner des prix parce que je ne m’y attendais pas. Pour moi c'était un premier album, un premier test, j’ai été content et surpris en bien. J’ai eu un peu la sensation d’être un « imposteur » et de ne pas mériter tout ça. Pour L’Homme le plus flippé du monde, c’est une reconnaissance du public, c’est un peu différent, c’est plus une reconnaissance sur Instagram où je me suis créé un lectorat avec cette BD.

Justement, L’Homme le plus flippé du monde était-il au départ destiné à devenir un album ?

T.G. : Ce n’était pas vraiment destiné à devenir un album. Ça n’avait pas trop de « prétention », c'était juste de petits épisodes que je publiais de temps en temps sur Instagram et qui racontaient un peu mon anxiété du quotidien. Il n’y avait pas particulièrement d’ambition sur ce projet. C’est venu en cours parce que ça a pris de l’ampleur et c’est devenu mon projet principal. La série s’est développée un peu avec internet.

Écrire presque quotidiennement sur Instagram et faire un album comme Le Spectateur, est-ce le même travail ?

T.G. : Effectivement, c'est très différent. Ce qui est à la fois positif et qui peut aussi être un piège avec Insta c’est que l’écriture se fait en temps réel et aussi en fonction des messages que je reçois et des commentaires que l’on me poste. Inconsciemment, ce que j’écris aujourd'hui est façonné par ce que les lecteurs perçoivent en temps réel de la bande dessinée. C’est une expérience très particulière. Je pense que c’est avec internet que ça s’est vraiment développé, d’avoir une réponse directe du lecteur sur ce que l’on produit. On se pose beaucoup plus de questions en temps réel alors que l’expérience d’un album classique comme l’est Le Spectateur se réalise souvent seul autour d’une réflexion. Quand l'album sort, il y a d’un seul coup des critiques. Ou pas d’ailleurs vu le nombre d’albums qui sortent dont certains sont totalement ignorés par la presse. L’album classique est beaucoup plus ingrat. On a un temps d’existence dans le marché qui est assez courte. C’est assez frustrant pour certains auteurs je pense. Je n’ai pas trop cette frustration-là avec Instagram parce que c’est plus instantané, la reconnaissance est directe de la part d’un public ciblé.

En parlant de public ciblé, le lectorat sur Instagram est-il le même que celui de vos albums ? 

T.G. : C’est une bonne question que je me suis d’ailleurs beaucoup posée avant la sortie de l’album. Ça questionne surtout les éditeurs au niveau des tirages, ils ont du mal à chiffrer la transformation du public internet en vente réelle. C’est impossible. Certaines personnes qui font de la BD sur Instagram et qui ont de grosses communautés ne parviennent pas forcément à transformer, à faire acheter un livre à un public donné. Dans mon cas ça a bien marché, le premier tome s’est vraiment bien vendu. Je pense que ma communauté sur Instagram est attaché à mon personnage et à moi en tant qu’auteur et donc ils ont plus cherché à me soutenir financièrement. Les acheteurs provenant de mon public d’Instagram étaient beaucoup dans une démarche de soutien, plus que pour vraiment posséder le livre. Il y avait aussi ce coté où ils se disaient que comme c'était quelque chose qui les touchait personnellement, ça leur permettait de rentrer en discussion avec les membres de leur famille ou leur entourage. Là, je commence un peu plus à avoir un public intrigué qui veut vraiment acheter le livre pour le lire en tant que livre.

Pour Le Spectateur, qu’est-ce qui est venu en premier dans votre esprit ? La contrainte narrative avec ce personnage en vision subjective ou le thème de l’autisme ?

T.G. : Le thème n’est pas tout à fait l’autisme mais il est effectivement évoqué. Je ne l’ai pas réfléchi comme ça en tant que tel. Le thème principal était plutôt un sentiment d’être en décalage par rapport à son environnement et la façon de percevoir le monde. C'est un sentiment, une émotion, que j’ai depuis longtemps et dont j’avais envie de parler. Je cherchais une façon de l’évoquer sans passer par une voix off, du texte ou quelque chose qui serait plus littéraire. Sartre l'avait déjà fait dans La Nausée quand il décrit ce sentiment du décalage de la réalité avec des mots. L’idée était d’exploiter à fond le potentiel de la BD. J’ai pensé à cette vue subjective pour que le lecteur soit lui-même le spectateur et donc l’acteur de ce qu’il se passait. J'ai aussi pensé à cette idée du coté muet du personnage pour créer ce décalage constant avec la réalité où il ne peut pas interagir et reste donc coincé dans son rôle de spectateur par son mutisme. J’avais l’envie de cette immersion pour créer un sentiment immédiat chez le lecteur, j'espère que ça a été le cas. Ce que je trouvais intéressant c'était l’idée que le personnage principal du livre ne soit pas impliqué dans l’histoire. Il est tout le temps un peu fantomatique et le lecteur, par sa pensée, complète le livre où ses pensées sont les pensées du personnage et son avis sur les évènements qui se déroulent font partie du livre.

Le fait d’avoir une vue de l’intérieur et de peu voir son visage vous permet de ne pas montrer ses expressions...

T.G. : Oui, c’est plus facile. C’est un principe que je n’ai pas du tout inventé, c’est ce que font les créateurs de jeux vidéos depuis trente ans. Pour faire en sorte que le joueur s’approprie le personnage qu’il joue, en général, on le fait très peu parler, il est souvent muet même si c’est moins le cas aujourd’hui. Par exemple, le personnage de Link dans Zelda, même dans le dernier épisode, ne parle pas alors que tous les personnage autour de lui parlent. Ça permet au joueur d’entrer complètement dans le personnage, de ne pas parasiter son interprétation de l’environnement par des pensées ou des dialogues. Finalement, c’est complètement calqué sur ce principe-là, celui du personnage vide dans lequel on rentre. C’est un peu différent dans le sens où il vit des choses qui sont montrées et qui donnent des indications sur ce qu’il ressent…

Le récit est constitué de quatre chapitres...

T.G. : Comme ça se passe dans toute une vie, je voulais qu’il y ait des repères temporels, de grandes phases. Le premier chapitre représente son enfance, le deuxième c’est le début de l’adolescence, le troisième la fin de l'adolescence - début de vie d’adulte et le dernier c’est vraiment la vie d’adulte. Il y a quatre phases de vie que j’ai séparées dans ma propre vie et qui me semblent être des phases importantes. Je les ai séparées également dans le livre pour que l’on ait ce repère-là et en général il y a une très grosse ellipse entre chaque chapitre. C’est aussi pour faire ressentir qu’on est passé dans un autre stade.

L'humour noir est très présent dans les dialogues...

T.G. : Je voulais éviter de faire quelque chose qui tomberait dans le pathos, où la situation serait très premier degré. Souvent je retire certains dialogues et je les remplace par de l’humour noir parce que j’aime bien ce type d’humour-là. Je trouve ça intéressant. Ce n’est pas un humour destiné à faire éclater de rire, on n’est pas hilare en le lisant, ou du moins je ne pense pas, mais ça permet d’avoir un mélange d’un truc un peu triste, un peu sombre, mais en même temps un peu drôle. C’est un peu ce que je perçois de la vie en général. Je trouve que ça résume bien ma vision des évènements qui m’adviennent.

Avec un personnage muet, vous n’avez jamais pensé à mettre une voix off ? 

T.G. : J’avais peur qu'une voix off casse cette immersion. À partir du moment où on a une pensée, on s’approprie la réalité. L’idée c'était vraiment de faire ressentir que ce personnage ne fait qu’observer, il n’arrive pas à dépasser ce stade-là.

Trois oiseaux morts, trois voitures, trois accidents... Une symbolique derrière le chiffre trois ? 

T.G. : C’est super intéressant mais pas du tout ! Je n’ai pas réfléchi à une symbolique mais maintenant que vous le dites il y a peut-être un truc inconscient. Après, il y a une récurrence des symboles que j’ai un peu travaillée dans l’album sans y avoir vraiment réfléchi. Certains symboles sont assez classiques comme celui de l’oiseau mort : c’est souvent la première vision de la mort assez brutale pour un enfant. J’ai essayé de me servir de stéréotypes, de symboles stéréotypés. Pour la voiture, c’est le fait que beaucoup de personnages meurent par accident, ça peut être un peu déroutant dans le récit, ça enlève un peu de réalisme dans le sens où c’est un peu étonnant qu’un personnage ait été témoin d’autant d’accidents. Pour moi, l’accident de voiture, c’est le truc le plus absurde en terme de mort. C’est très violent, c’est soudain, rien ne peut le prévoir, c’est le symbole pour moi du chaos de l’existence où quelque chose advient d’une manière complètement aléatoire. C’est quelque chose qui n’a aucune grâce, on ne peut pas trouver belle une mort par accident, c’est quelque chose de froid…

En plus sur un passage piéton ! 

T.G. : Effectivement, c’est d’autant plus déroutant. C'était une idée générale dans l’album, cette idée du chaos où ces choses adviennent. Il n’y a pas de structure narrative dans l’album, pas celle en tout cas que l’on retrouve dans les BD ou dans le cinéma classique comme le cinéma hollywoodien. Dans ce dernier, il y a une trame narrative très précise que j’ai beaucoup étudiée dans mes études de mon coté, que j’ai digérée entre-temps et que je voulais éviter dans cet album pour donner une sensation d’existence réelle, où il se passe des trucs sur lesquels on n’a aucune influence, où on ne peut pas anticiper.

Avoir un personnage principal muet et qu’on ne voit pas oblige à créer d'autres personnages forts pour que le récit tienne… 

T.G. : Il y a un peu d’autobiographie dans le sens où ce sont des personnages fictifs mais inspirés de personnes réelles. J’ai essayé de les caractériser fortement dans leurs personnalités. De plus, on ne les voit pas beaucoup, ils sont nombreux et ils ont des temps d’apparition assez restreints. Il fallait que dès qu’ils apparaissent on sente très rapidement leur personnalité, quitte à être parfois un peu cliché, un petit peu « trop ». Je pense qu’il fallait quand-même qu’il y ait cette énergie-là qui se dégage des personnages. Par exemple, le père est la caricature du mauvais père. Le personnage le plus nuancé est celui de la copine, Judith, qui apparait beaucoup plus souvent, une sorte de poético-dépressive. Ce n’était pas très réfléchi honnêtement, je ne les ai pas énormément structurés en les racontant, c’est venu au fur et à mesure, je me suis laissé un peu porter. J’ai essayé d’avoir des personnages qui évoluent dans le temps. 

Samuel semble jouer le rôle de psy pour Judith et Yacine. Il ne parle pas mais il sait écouter...

T.G. : C’est exact. Ce sont des personnages qui se sentent très différents par rapport au monde. Samuel leur apparait alors comme ce qu’on attend d’un psy : quelqu'un qui écoute. C’est carrément ça et en même temps, dans le cadre de la relation entre Samuel et Judith, il y a un moment où on sent que ce n’est plus assez pour elle et que c’est difficile d’être avec un personnage fantomatique. Ça devient à la longue quelque chose de négatif. 

Les peintures et l’Art en général sont très présentes dans votre récit. On remarque notamment Le Cri de Munch chez le docteur qui ausculte Samuel bébé pour savoir pourquoi il n’arrive pas à parler…

T.G. : C’est fait exprès ! Le Cri est un classique ultime de la peinture mais c’est un tableau qui me marque beaucoup. C’est la crise d’angoisse, c’est la terreur de l’humain face au vertige de l’existence. C’est un tableau que j’aime bien, je l’utilise aussi dans L'Homme le plus flippé du monde comme smiley. Pour moi c’est devenu un truc qui est entré dans le langage. Je trouve que c’est intéressant de l’utiliser. Effectivement, il y a un contraste entre le hurlement du tableau et le silence du personnage principal.

On note la sobriété de la narration avec un gaufrier quasiment permanent de 6 cases qui fait penser à un album photo...

T.G. : Comme c’est toujours vu depuis les yeux du personnage, je suis parti du principe que les cases ne pouvaient pas changer. À partir du moment où on commence à modifier la forme des cases alors que c’est censé être une vue à la première personne, pour moi, je sors le lecteur de cette impression-là. Dans la vie on a finalement toujours le même plan, plus ou moins rectangulaire, plus ou moins carré. C’est un peu difficile à définir, c’est une espèce d’angle de vue. Je voulais vraiment qu’il y ait cette récurrence-là sauf pour les deux ou trois pleines pages qui créent un effet un peu choc. Le gaufrier est aussi pratique, il n’y a pas à réfléchir sur la mise en scène. Dans ce cas précis de l’album, je trouve que c’est pleinement justifié par le parti pris. Je n’avais pas fait les cases noires au début, c’étaient des cases normales sur fond blanc. J’avais l’impression que ça cassait un peu l’immersion. Tout ce qu’il y a autour des cases c’est ce qu’il ne voit pas, c’est ce qui est hors champ donc ça n’existe pas, c’est noir. C'était aussi beaucoup plus intéressant graphiquement dans la case où on le voit naitre à partir du néant ou de la non-existence. Graphiquement je trouvais ça beaucoup plus fort de faire un fond noir dont sort une matière qui est le personnage plutôt que d’avoir des cases blanches. C’est venu assez naturellement sans trop de réflexion. On m’a aussi dit que ça faisait penser à des pellicules de film, c’est pas du tout pensé mais je trouve ça cool ! J’aime bien l’idée de l’album photo aussi, c’est sympa !


Quelque chose qui donne tout de suite un indice au lecteur c’est la couverture, avec le symbole de la mort comme on le disait plus tôt, et la vue subjective avec les pieds au premier plan…

T.G. : Elle ne m’est pas venue rapidement… Ça a été hyper compliqué. Au départ, j’avais fait un truc avec plusieurs cases un peu en mode BD américaine. Je trouvais ça sympa mais, au niveau de la mise en page, c'était compliqué d’évoquer le sentiment du Spectateur en une image. Cette idée d’un plan simple ou l’on voit juste l’oiseau, c'est l'éditeur qui a repris une case de l’album et qui trouvait pas mal d’avoir ça. J’ai tout de suite dit oui parce que je n’arrivais pas à trouver une idée et je trouvais qu’elle était super bien. Il y avait à la fois l’idée de la mort avec l’oiseau, l’idée de la vie et de la contemplation avec les fleurs, le sol organique et avec les pieds de Samuel on comprenait que c'était une vue subjective. Mon éditrice, en revanche, avait un peu peur au départ, elle trouvait que c'était très brutal comme première vision de l’album et que ça pouvait potentiellement repousser certain(e)s lecteurs ou lectrices. On a pris le risque.

Avez-vous d’autres projets ?

T.G. : J’ai un projet que je n’ai pas encore développé mais qui est en cours pour la maison d’édition Exemplaire (Site de l'éditeur). C’est une maison d’édition qui a été lancée par Lisa Mandel. Je fais partie de ce projet qui remet l’auteur au centre de la création du livre. Je vais essayer de m’y investir parce que je le trouve intéressant. Il a du sens étant donné que j’ai un public numérique. Je publie aussi une BD dans Le Journal de Spirou qui sort toutes les semaines et qui va être éditée en album BD. Ça me prend pas mal de temps, c’est l’histoire d’un petit garçon qui est anxieux, pour changer de thématique (rires), et qui vit de petites aventures au collège et qui est confronté aux problèmes des collégiens et de leurs vies très compliquées. Ça se passe en sixième. Je trouvais ça intéressant parce qu’on parle souvent soit de l’adolescence quatorze-quinze ans soit de l’enfance plutôt huit-neuf ans mais la sixième est une année de transition un peu bizarre et je trouvais ça marrant de faire un album là-dessus, ce sera plutôt jeunesse. J’ai aussi la suite de L’Homme le plus flippé du monde qui est en cours. Le projet pour l’Exemplaire sera plutôt pour 2022. J’ai plein d’idées encore mais j’essaye de me raisonner et de me concentrer. Je suis assez boulimique, j’ai beaucoup d’envies mais j’essaye de rester dans la réalité du possible.


Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout

Bibliographie sélective

Le spectateur

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L'homme le plus flippé du monde
1. Petites terreurs du quotidien

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Un gentil orc sauvage

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L'empire du pire

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