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« Il était important de rester proche du roman »

Entretien avec Ingrid Chabbert et Camille K.

Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout Interview 17/05/2021 à 12:02 3985 visiteurs

Autobiographie d'une Courgette, le roman de Gilles Paris paru en 2002, avait connu à sa sortie un franc succès. Adapté depuis au cinéma et pour la télévision, il prend désormais une nouvelle forme sous la plume d'Ingrid Chabbert et le crayon de Camille K. Avec toute la sensibilité qu'on lui connaît, l'autrice d’Écumes et de Larkia en livre une version touchante et très proche de l’œuvre originale.

Votre album est sorti il y a tout juste deux jours (le 29 avril 2021, NDLR), avez-vous déjà eu quelques retours ?


Ingrid Chabbert : Nous avons eu plein de retours de libraires, d’Instagrammeurs, de blogueurs... C’étaient des retours plutôt dithyrambiques qui font plaisir et que nous ne nous attendions pas à recevoir si vite ! Ça a été l’avalanche en deux jours ! Moi qui ne suis pas une pro d’Instagram, je dois m’y connecter une fois par jour, et à chaque fois je voyais plein de notifications, c'était impressionnant. On peut franchement dire chapeau au service presse parce que j’ai l’impression qu’ils ont un peu inondé la toile.

Comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?

I.C. : C’est Moïse Kissous (Président de Steinkis, NDLR) qui m’en a parlé. Nous avions échangé par mail dans un premier temps et, à l’époque, Philéas était en cours de création. Il m’avait parlé de ce projet d’édition basée exclusivement sur des adaptations de romans. Il m’avait dit que les premiers projets étaient en cours et que dans la liste il y avait Autobiographie d’une Courgette et qu’il s’était dit de suite que c'était pour moi. Je le connaissais déjà parce que j’avais vu le film d’animation et j’avais ensuite relu le roman que j'avais déjà lu plusieurs années auparavant, il m’avait vraiment marquée et j’ai donc été très emballée tout de suite. Il m’a renvoyé le roman et j’ai dit « bingo ! » avec grand plaisir. C'était un honneur pour moi d’être choisie pour adapter cette belle histoire de Gilles Paris.

L’idée première était de rester fidèle au roman...


I.C. : Oui. C'est Eric (Dérian, NDLR), arrivé par la suite en tant qu’éditeur chez Philéas, qui m'a dit combien il était important pour Gilles Paris de rester proche du roman. Je suis exactement dans le même état d'esprit : respect de l’œuvre originale et respect du travail que le romancier a fait. Dans En attendant Bojangles, il y avait quelques petites scènes que j’avais ajoutées et qui n’étaient pas dans le roman. Là, il y en a très peu aussi. Pour le reste, j’ai vraiment essayé de coller au plus près du roman que ce soit dans les parties les plus noires que dans les plus légères, les plus enjouées. Gilles est content donc je pense que nous avons réussi le challenge.

Contrairement au roman, vous n'avez pas choisi une narration à la première personne...

I.C. : Je me suis posée la question. J’ai eu peur que cela finisse par exclure les personnages secondaires qui, à mes yeux, ne sont pas si secondaires que ça. Je me suis dit qu’on allait rester sur le classique récit à la troisième personne pour que le lecteur ait un peu la même vision de Courgette, de tous ses amis et de tous ceux qui sont autour de lui, même si c’est indéniablement le personnage principal. Courgette est le fil conducteur de l’histoire.

La première planche exceptée, tout n’est que dialogues...

I.C. : L’histoire commence sur un vrai drame. Je me suis dit qu’en apportant ce narratif, ça allait permettre au lecteur d’avoir un minimum de recul. Je ne voulais pas que ce soit trop abrupt car ça l’est déjà de par la réalité des faits et des actes. Par la suite, il n’y en a plus du tout parce que c'était vraiment la spirale dans laquelle Courgette était entrainé suite au drame : celle avec ses bons comme ses mauvais cotés, les rencontres et toutes les émotions qui vont avec. Je me suis dit que c'était aussi le moyen de dissocier ces deux pans de vie même si le premier est très bref parce qu’il est raconté sur quelques pages. Ça permettait d’apporter un certain recul par rapport au drame et au vécu qu’il a avec sa maman avec la maltraitante et l’alcoolisme. Je me souviens, quand j’avais lu le roman, je m’étais dit « waw, pauvre Courgette ». Ça m’a permis aussi de garder de très belles expressions et de très belles phrases de Gilles que je ne me voyais pas zapper dans cette adaptation.

Camille, comment êtes-vous arrivée sur ce projet ?


Camille K. : Un petit peu par hasard… Avant d’être éditeur chez Philéas, Eric était directeur de l’académie Brassard-Delcourt où j’ai étudié durant trois ans et je ne sais plus trop comment on en est arrivés à discuter de Courgette. Je lui avais dit que c'était chouette que le projet se fasse parce que j’avais bien aimé le film d’animation et le roman. Il m’a dit de tenter de faire des pages d’essai, je les ai faites sans y croire et au final et ça a matché. J’ai mis du temps à réaliser que ça fonctionnait bien partout.

Dans votre premier album, Les Enfants trinquent, le point de départ est le même : une mère alcoolique...

C.K. : Pour Les Enfants trinquent, c'était mon histoire… Pour Autobiographie d'une Courgette, le film et le roman m’ont touchée en partie pour ça et je pense que les personnes me connaissant se sont dit que ce serait peut-être un thème qui me plairait.

Avez-vous abordé le travail graphique différemment sur ces deux albums?

C.K. : Pour le premier album, c'était un peu plus facile et car il suffisait que ça me plaise, à moi et à l'éditeur. Cette fois-ci, il y avait plus de passages et il fallait que ça plaise à Ingrid, à Gilles, à Eric, à moi (rires)… Au final, ça s’est très bien passé mais je pense que je me suis mise plus de pression alors que ce n’était peut-être pas nécessaire.

I.C. : C’est vrai qu’elle s’est mise beaucoup de pression, je confirme… Alors que jamais Eric ou moi nous t’avons dit que ton travail ne convenait pas. C’est vrai que quand j’ai écrit l’histoire j'étais toute seule dans mon coin alors que toi tu avais tous les autres regards braqués sur toi.

C.K. : Comme au départ je n’étais pas du tout dans la boucle du projet je voulais prouver que maintenant qu’on me faisait confiance il fallait que ce soit bien.

Qui a eu l’idée de ces dessins d’enfants disséminés tout au long du récit ?

C.K. : C’est Eric qui m’en a parlé mais peut-être en avaient-ils discuté avant avec Ingrid ?

I.C. : Pas du tout, je pensais que c'était ton idée (rires) !

C.K. : Je crois que c’est venu quand je lui ai dit que j’aurais bien aimé faire une case avec l’histoire de la poule mais que je ne savais pas comment le caser. Il m’a dit que ce serait bien que je tente de faire des dessins de Courgette comme il les pense et qu’on pourrait s’en servir comme pages de chapitres. J’ai trouvé ça super cool.

Il y a deux pleines pages dans l'album dont celle de l'arrivée au pensionnat, d'une taille imposante...

C.K. : La maison a été inspirée d’une vraie bâtisse existante, l’exagération vient peut-être du fait que je ne suis pas la plus douée du monde en perspectives. Je le fais à moitié intentionnellement mais ça revient souvent dans mes dessins. Comme je dessine souvent des histoires avec des enfants, je fais toujours tout très grand autour d’eux… Faut que j’arrête de faire des histoires avec des enfants (rires).

Parlez-nous de la couverture...

C.K. : La couverture, ça a été un gros travail de recherche.

I.C. : Ça a été long, il y a eu plein de propositions. Sur ce sujet en particulier, il y avait plus de monde qui s’en mêlait que pour l’histoire… Forcément, dès qu’il y a plus de personnes, il y a plus d’avis divergents.

C.K. : À la base, je ne l’ai pas proposée en verte, orange et jaune… Je ne peux même pas vous dire si elle a été retenue pour les couleurs ou pas. Je pense honnêtement avoir une cinquantaine d’idées de couvertures dans mes tiroirs. C'était un peu laborieux comme étape.

I.C. : Ce qu’il faut dire, c’est que Camille a une imagination tellement foisonnante que même quand on avait commencé à s’arrêter sur une couverture, elle continuait à nous en proposer d’autres… Elle s’ennuyait tellement qu’elle continuait à bosser sur des essais (rires). Elle est assez exceptionnelle, elle ne s’arrête jamais, elle est au taquet du début à la fin.

C.K. : C’est comme pour mes propositions de pages…

I.C. : Ah oui ! Les propositions de pages !!! Elle nous envoie des pdf avec page une proposition un, proposition deux, proposition trois, page deux etc. On a l’impression de jouer au loto, je vais envoyer page une numéro trois, page deux numéro quatre… C'était loto-bingo ! Camille a vraiment pris ce projet à bras le corps et elle pouvait nous envoyer son travail à une heure du matin comme à midi… Elle était à fond !

Comment avez-vous intégré l’opposition permanente entre le ciel et la terre ?

I.C. : Je crois que le foyer et tous ses nouveaux amis ont vraiment ancré Courgette dans sa vie. C’est vrai qu’avant ça, il y a cette histoire de ciel avec la mort et sa mère qui lui dit que le ciel est juste là pour cracher du chagrin et rien d’autre… Effectivement, quand il arrive aux Fontaines, j'ai vu ça un peu comme cette symbolique de la plante où, lorsqu’on n’a pas vraiment la main verte, on tente le tout pour le tout en rempotant une plante malade ailleurs. Soit ça marche, soit c’est cuit. J’avais un peu cette image-là pour Courgette. Mine de rien, en arrivant aux Fontaines, c’est un nouveau Courgette qui apparait avec toute la nouvelle vie qui s’offre à lui. Il se retrouve donc plus ancré sur la terre et moins sur le ciel, la mort, le chagrin et les larmes. Même si la vie au foyer c’est loin d’être « Happy life » tous les jours, pour lui, par rapport à ce qu’il a vécu avant, c’est une forme de paradis. Avec l’éducatrice, il y a le coté maternel qu’il n’avait plus avec sa mère. Même si certains de ses copains sont un peu dans le harcèlement, il a des amis, ce qu’il n’avait pas au préalable. Le foyer s’apparente à une vraie vie de famille pour lui.

C.K. : Le ciel est très présent au début puis ça s’estompe un peu. Par la suite, il en parle encore un peu avec Raymond mais après la moitié de l’album il n’y fait plus trop référence. À la fin, il dit bien qu’il ne veut plus tuer le ciel, et qu’il veut manger la terre avec Camille…

Quel est votre avis sur le film d'animation ?

I.C. : Superbe même si c'est une version quand-même « bisounoursifiée » du roman. C’est vrai que comme j’avais regardé le film d’animation en premier, quand j’ai lu le roman, je me suis dit que ce n’était pas vraiment la même chose.

C.K. : C’est curieux parce qu’il est catégorisé jeunesse mais les personnages ne sont pas très rassurants. C’est une esthétique que j’aime beaucoup mais je me souviens que quand je l’ai vu j’avais trouvé leurs têtes un peu effrayantes.

I.C. : Ça dépend de l’âge que tu avais quand tu l’as vu, tu étais peut-être toute jeune ?

C.K. : Je l’ai vu à sa sortie en 2016 et j’ai vingt-huit ans… Par contre, ce que j’ai trouvé difficile, c’est de complètement m’éloigner de l’identité graphique du film parce qu’elle est super forte ! Comme j’avais aussi découvert l’histoire avec le film avant le roman, pour moi Courgette c'était ce petit garçon aux cheveux bleus.

I.C. : Je me doute qu’en tant que dessinatrice ça n’a pas dû être évident…

C.K. : « Surtout ne pas copier ! »

Avez-vous eu l’idée d’avoir un dessin un peu moins réaliste que celui-ci ?

C.K. : Je pense que naturellement j’ai un dessin qui va un peu vers le film, la proportion de ces très grosses têtes sur de petits corps et il fallait vraiment que je m’en éloigne le plus possible. Il fallait que je n’aille pas vers quelque chose que je ferais naturellement…


Propos recueillis par L. Gianati et C. Gayout

Bibliographie sélective

Autobiographie d'une Courgette

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Larkia

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En attendant Bojangles

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Les enfants trinquent

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