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« Je n’ai pas fait une BD pour les gens qui avaient lu le roman »

Entretien avec Eric Henninot

Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade Interview 02/04/2018 à 15:48 18701 visiteurs

Numérotation inversée des pages, narration polyphonique, envolées philosophiques, multitude de personnages... Bien que devenu culte, La Horde du Contrevent avait tout du roman inadaptable en bande dessinée. Et pourtant... La version d'Eric Henninot a su convaincre même les fans d'Alain Damasio. Quant aux autres, ce premier tome est un excellent moyen de découvrir l'un des récits de science-fiction les plus captivants de ces dernières années.  

Comment avez-vous découvert La Horde du Contrevent ?

Eric Henninot : C’est un ami qui me l’a fait découvrir. Il me l’a mis dans les mains en me disant que c’était absolument génial… et il avait raison. Je pense d’ailleurs que ce roman a largement bénéficié du bouche à oreille. 

À quel moment avez-vous eu l’idée de l’adaptation ?

E.H. : Elle est venue progressivement. Je ne sais plus exactement comment ça s’est passé mais je me souvient que le cheminement a été long. J’ai ensuite rencontré Alain Damasio et cela a encore pris du temps par la suite, mais pour d’autres raisons. Il s’est un peu demandé qui il avait en face de lui. Il y avait aussi une adaptation en film en cours… Il y avait donc beaucoup de choses autour du roman. Alain m’a demandé de faire des croquis. 

À quel moment pensez-vous l’avoir convaincu que vous étiez la personne idéale pour réaliser une adaptation en BD de son roman ?

E.H. : Je ne pourrais pas déterminer un moment précis. Je pense que cela s’est vraiment fait sur la durée. Il a fallu faire connaissance, apprendre à se connaître… Il m’a demandé comment j’avais lu son livre, ce que je voulais en faire. Il n’était pas très chaud au début. Il avait vu mes dessins sur le XIII Mystery et il ne voyait pas du tout mon style sur La Horde du Contrevent. Il trouvait mon dessin trop fermé. Je lui ai dit que je voulais justement aller vers quelque chose de plus ouvert, de plus énergique. J’avais envie de m’affranchir de ce côté un peu figé et rigide. Je trouvais ma démarche très cohérente. Mais il avait de gros doutes. (rires) 

La Horde du Contrevent est considéré aujourd’hui comme un roman culte, ce qui signifie un lectorat très exigeant…

E.H. : Je n’ai pas encore reçu de caillou. On m’a souvent posé la question de savoir si je m’étais préoccupé de la façon dont les gens qui avaient lu le roman allaient accueillir la BD. Je n’ai pas fait une BD pour les gens qui avaient lu le roman. J’avais juste envie de faire un bon livre. C’est un roman qui me tient énormément à cœur. Ma préoccupation première a été de savoir comment réaliser une adaptation la plus intéressante possible en tenant compte des retours d’Alain sur le scénario. 

Savez-vous si vous avez été le premier à vous attaquer à ce projet ?

E.H. : Je ne sais pas. Alain m’a dit qu’il avait eu d’autres propositions mais je ne sais pas jusqu’où étaient allées les démarches. Ce que j’ai proposé, c’est ma propre vision de La Horde. C’est d’ailleurs ce qu’Alain rappelle dans sa préface, de ne pas se focaliser sur son roman mais de se laisser embarquer par l’histoire de la BD. 

Commencer par une adaptation pour un premier scénario, c’est rassurant ?

E.H. : Oui. Ça fait longtemps que je voulais écrire, j’ai d’ailleurs quelques idées de projets. Quand j’ai cru à moment donné que le projet sur La Horde était mort, je m’étais associé avec un co-scénariste pour commencer à travailler sur ma propre histoire. Pour La Horde, j’ai trouvé qu’il y avait une matière et une densité, en terme de personnages, de solidité d’univers. Graphiquement, le récit donne aussi des envies très fortes. 

Réaliser quatre jets du scénario, c’est à la fois peu et beaucoup…

E.H. : Certains auteurs de films ont écrit leur scénario quarante fois… Donc quatre c’est finalement peu. Le scénario a évolué au fur et à mesure des retours que je pouvais avoir de la part d’Alain, de David Chauvel ou d’autres auteurs de BD. J’étais assez attentif à ce qu’on pouvait me dire. 

Comment Alain Damasio a-t-il suivi l’écriture de cette adaptation ?

E.H. : Il y avait à l’époque le projet de film et il était en train de bosser sur son scénario. Au moment où je lui ai montré ma première version du scénario, il m’a dit qu’il ne pouvait pas s’y pencher de peur de polluer son autre travail. Il a fallu pas mal de temps avant qu’il le lise et qu’il me fasse des retours. J’ai continué à avancer régulièrement de mon côté. Je suis resté extrêmement attentif à ce que me disait Alain mais je ne suis pas non plus resté dans l’attente d’une validation. J’avais aussi besoin que ce soit mon livre. C’était aussi la difficulté : trouver la bonne distance avec l’auteur. Parfois on n’était pas d’accord et c’était important de savoir tenir sa position. 

Comment a-t-il réagi face à votre propre vision des personnages ?

E.H. : Alain l’explique très bien dans la préface. Les personnages apparaissent une fois seulement que je les dessine, pas avant. Ils n’étaient pas là dans ma tête avec des portraits que je n’avais plus qu’à recopier. Il faut donc auparavant faire des essais, des recherches… C’est quand on ressent les personnages que l’évidence de leur représentation commence alors à apparaître. 

Commencer le récit par un trombinoscope, c’est pour rassurer les lecteurs ?

E.H. : Non. Même si j’ai réduit le nombre de personnages par rapport à la version originale, j’avais envie de réaliser un trombinoscope pour montrer la formation, qui est où dans la Horde ainsi que la fonction de chacun. Mon idée n’était pas que les lecteurs reviennent sans cesse au trombinoscope pendant la lecture. C’était aussi un clin d’œil au marque page du roman où se trouvent les noms des personnages avec leur fonction et un sigle qui les représente, élément essentiel de la lecture. 

Numéroter les pages à l’envers, comme dans le roman, ça vous a traversé l’esprit ?

E.H. : Oui, mais comme je ne sais pas encore le nombre de pages que je vais réaliser… (sourire) Ce n’était pas fondamental pour moi. 

Certaines scènes ont été rajoutées comme l’arrivée de Coriolis…

E.H. : C’est une astuce scénaristique que de montrer l’arrivée d’un petit nouveau et de lui montrer comment ça tourne. Cela permet d’expliquer comment fonctionne La Horde, quels sont ses objectifs, en évitant de la lourdeur. Mine de rien, l’univers est quand même complexe. Parmi les critiques qui m’ont été faites au début, il y a avait celle de partir comme dans le roman, de façon assez brutale. Ce qui fonctionne dans un roman ne fonctionne pas forcément dans une BD. Beaucoup de personnes qui n’avaient pas lu le roman me disaient qu’ils n’y comprenaient rien, ce qui était un peu problématique. J’ai donc dû faire un gros travail pour présenter l’univers et sa cohérence. 

Dessiner des chrones de quinze mètres de long, c’était trop encombrant ?

E.H. : Ils sont quand même pas mal balèzes dans la BD. (rires) 

Pourquoi n’avoir choisi qu’un seul narrateur, le scribe en l’occurrence ?

E.H. : Difficile de dire pourquoi sans spoiler tout le reste du roman. Je me suis très vite senti très proche de ce personnage dont les problématiques me touchaient. À travers ça, cela m’a donc aussi permis de parler de moi. C’est au fur et à mesure de discussions avec Alain qui m’expliquait l’intérêt de la polyphonie, en terme d’imaginaire et de positionnement politique, que j’ai décidé de ne choisir qu’un seul narrateur. Cela reste néanmoins l’histoire de La Horde même s’il est vrai que le choix d’un protagoniste principal est quand même une grosse différence par rapport au roman. Cela implique énormément de conséquences qui font que le scénario bouge au niveau de la dramatisation. 

Comment insérer les grandes envolées lyriques et philosophiques présentes dans le roman ?

E.H. : Il y a certains passages où j’ai donné de la place au texte en mettant moins d’action et des cases presque vides. J’avais aussi envie de retrouver la beauté de l’écriture d’Alain de façon pure, dégagée de toute action. Il a bien entendu fallu faire ensuite des choix. 

Il y a une connotation très spirituelle et religieuse à tenter d’aller vers l’au-delà…

E.H. : Oui, bien sûr. Pendant toute la lecture du roman, je me suis demandé si l’auteur était un idéaliste ou un matérialiste. La fin m’a donné une réponse qui pour moi est très satisfaisante. C’est bien sur une métaphore de la recherche spirituelle. 

Le cheminement pour y arriver est presque plus important que le but en lui-même…

E.H. : Oui. En même temps, ce qu’ils découvrent est très important. Je trouve la fin magnifique. Je comprends aussi qu’on puisse être déçu si on est plutôt dans la transcendance. 

Dessiner le vent apparaît comme un véritable casse-tête…

E.H. : Oui mais ce n’est pas ce qui m’a posé le plus de problème. Ce qui a été le plus dur, c’est de poser l’univers et de lui donner corps, par l’architecture et les costumes des personnages notamment. Pour le vent, je crée des tourbillons, je fais voler des étoffes… Il y a aussi toutes les onomatopées…

Les avez-vous toutes listées avant ?

E.H. : Non, pas du tout. Je me suis aperçu en lisant le roman qu’il était très sonore. Chaque personnage a sa musique propre. Je vis à Marseille comme Alain et quand il y a du mistral, on ressent cette présence sonore dont on ne peut pas se défaire. Saturer le récit d’onomatopées était pour moi l’occasion de rendre cette présence permanente. 

Quelques mots sur la version en noir et blanc ?

E.H. : Il y a deux ou trois pages de croquis. Le format est un peu plus grand et les planches sont en noir et blanc. Il y a également un tirage de tête chez Black and White dans lequel il y a l’intégralité des planches en grand format. Il y a également le storyboard d’une des versions que j’avais faite et que j’ai remaniée par la suite. 

Avez-vous une idée du nombre de tomes prévus ?

E.H. : C’est prévu en cinq ou six tomes. 

D’autres projets ?

E.H. : Non. Il y en a bien quelques-uns dans les tiroirs mais ils sont pour l’instant en sommeil. Je me focalise vraiment sur La Horde.



Propos recueillis par L. Gianati et L. Cirade

Bibliographie sélective

La horde du Contrevent
1. Le Cosmos est mon campement

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XIII Mystery
3. Little Jones

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