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« Amber Blake adaptée en série TV ? Un rêve ! »

Entretien avec Jade Lagardère

Propos recueillis par L. Gianati Interview 19/06/2017 à 11:23 9687 visiteurs
À en croire les réactions du petit monde de la bande dessinée quand le nom de Jade Lagardère a été associé à celui d'un ouvrage sorti aux éditions Glénat, la question de la légitimité pour devenir un auteur à part entière s'est bel et bien posée. Mais est-ce là le plus important ? L'essentiel n'est-il pas de savoir si ce premier tome d'Amber Blake est un bon album ? Chacun pourra bien entendu se faire sa propre idée mais ce qui est certain, c'est que la jeune femme qui en a écrit le scénario est une vraie passionnée, dotée d'une personnalité attachante et extrêmement généreuse quand il s'agit d'évoquer ce qu'elle surnomme son quatrième bébé. 


Quelle a été votre envie première ? Celle de raconter une histoire ou de réaliser une bande dessinée ?

Jade Lagardère : J’ai d’abord souhaité raconter une histoire. J’étais à l’époque enceinte de ma deuxième fille à la fin de l’année 2013. J’ai commencé à écrire un scénario littéraire qui était plus destiné à un livre, l’histoire d’une petite fille qui a énormément souffert. Même si le premier tome d’Amber Blake ne mentionne pas sa petite enfance, j’ai déjà tout écrit sur sa vie : pourquoi sa maman l’a abandonnée le jour de ses cinq ans, ce qu’est devenu son papa… J’avais envie d’évoquer tous les sujets qui me révoltent. Dans ma tête, j’ai imaginé très vite tous les personnages de mon histoire. J’ai trouvé que la bande dessinée était le moyen idéal pour réaliser ce récit, je voulais vraiment que chacun puisse voir à quoi ressemblent mes personnages et qu’on puisse également s’identifier à Amber. La description physique dans un livre ne me suffisait pas. Quelques mois après, je me suis rendue aux éditions Glénat pour présenter le projet et le contact est immédiatement très bien passé. Je pense qu’ils avaient au départ beaucoup de préjugés sur mon statut d’ancien mannequin et « d’épouse de ». Quand j’ai commencé à évoquer ce que j’avais déjà réalisé, l’histoire d’Amber, leur regard a complètement changé. Une semaine plus tard, j’ai envoyé mon scénario et on a eu très vite une très bonne alchimie avec mon éditeur Philippe Hauri. C’est quelqu’un qui a énormément cru en moi, d’autant qu’il s’est passé beaucoup de choses en trois ans et demi : j’ai eu deux autres enfants avec des grossesses pas forcément faciles. Chaque fois que j’ai failli lâcher, c’est lui qui est venu m’encourager. Il a fallu aussi que j’apprenne à adapter mon scénario au format bande dessinée, notamment penser case par case. Par moments, j’avais du mal à mettre dans une case ce que j’avais dans la tête. C’est un peu comme pour les sentiments où parfois il est difficile de passer du ressenti à une explication rationnelle. Au départ, mon éditeur m’avais proposé de commencer le récit quand Amber Blake avait vingt ans, puis de revenir ensuite sous forme de flashbacks. Je me suis aperçue que ce n’était pas la bonne méthode, j’ai alors choisi une narration plus chronologique. J’ai aussi eu des moments de frustration quand j’ai eu peur qu’en raison du rythme narratif propre à la bande dessinée, on ne comprenne pas assez mon héroïne,  qu’elle a vraiment souffert ou son amour très fort avec Amanda. On m’a fait enlever certaines idées, bien sûr. Mais comme je suis perfectionniste et sûre de mes choix, j’en ai imposé d’autres.

La première planche évoquant l’abandon d’Amber par sa mère pose d’emblée les bases d’un récit très noir…

J.L. : Je tenais énormément à cette page.  Je voulais qu’on rentre immédiatement dans le récit et qu’on sache à quoi s’en tenir, qu’on se rende compte aussi qu’Amber est une jeune fille qui s’est vraiment construite dans la douleur, qu’elle a vécu des choses horribles et que, malgré ça, elle va s’en sortir. Alors qu’il arrive parfois qu’une victime, inconsciemment, reproduise les mêmes sévices qu’elle a subis pendant son enfance. Ce genre de messages, je pense qu’on peut les faire passer à travers un divertissement. Je trouve qu’on ne parle pas assez de ces sujets en général , notamment du viol, de l’inceste… Amber a eu la chance d’être recrutée par Argon, mais je pense qu’elle serait arrivée de toutes façons à défendre des causes parce que c’est dans sa nature.


D’ailleurs, elle évoque très vite l’idée de devenir avocate et de défendre la cause des enfants…

J.L. : Oui car elle a vu ce que c’était que d’être abandonnée, violée, torturée… Elle l’a vu aussi autour d’elle. On ne voit évidemment pas les scènes, tout est suggéré. Je ne voulais pas non plus choquer. La scène dans laquelle Amber s’échappe et est recueillie par une dame qui la trompe est suffisamment forte. C’est un thème que je souhaitais également aborder, celui de la trahison. Amber vient de perdre son amie, elle a faim et froid et, sans être naïve, va faire confiance à quelqu’un qui a l’air d’être bienveillante et finalement… Si elle n’avait pas été sauvée par Argon, elle aurait pu très mal tourner.

Vous êtes d’origine belge, ça veut forcément dire que vous étiez lectrice de bande dessinée ?

J.L. : (Sourire) J’en lisais beaucoup quand j’étais plus jeune, moins maintenant car très occupée par mes activités et par mes enfants. Aujourd’hui, j’écris plus la bande dessinée que ce que j’en lis. Petite, j’adorais Tintin, Cédric, Julie, Claire et Cécile… Forcément, c’est très différent de l’univers d’Amber. Ce que j’apprécie également et qui s’en rapproche plus, c’est Largo Winch. Pour l’anecdote, mon fils est né le même jour que Van Hamme, peut-être un signe de la vie. (sourire) D’autant que chez Glénat, on m’avait signalé une certaine ressemblance entre les deux séries, même si je me sens toute petite à côté de cet auteur. Je pense lui envoyer la bande dessinée d’Amber Blake pour qu’il puisse me donner son avis en espérant qu’il soit bienveillant avec moi.

Contrairement à Largo, Amber est un personnage féminin…

J.L. : Je voulais un personnage féminin car j’en suis moi-même un. (sourire) Je voulais aussi une femme forte, même si la bande dessinée n’est pas forcément féministe. Et puis, il n’y a pas tant que ça d’héroïnes… Dès que j’ai commencé l’écriture de l’histoire, en 2013, tout est venu très rapidement. J’ai très vite écrit une vingtaine de pages, alors que j’étais enceinte de ma première fille. Je ne me suis pas forcément posée de questions. Petite déjà, j’écrivais beaucoup. L’écriture a toujours été pour moi un antidouleur, une façon aussi de m’évader. Avec Amber, j’en ai aussi profité pour évoquer des choses importantes pour moi. Les gens qui me connaissent bien peuvent voir dans Amber Blake quelques clins d’œil par rapport à ce que j’ai vu ou vécu. J’ai aussi eu une maman très présente, j’ai été couvée et remplie d’amour, elle a suivi toute ma carrière sans jamais me lâcher. À l’âge de quinze ans, j’étais partie au Maroc avec SOS Villages d’Enfants en mission humanitaire. Quand j’ai vu l’arrière du décor, au-delà des belles infrastructures créées et des sourires des enfants, notamment en visitant un orphelinat, je n’ai pas pu tenir, j’ai dû sortir. Parmi eux, il y en avait une centaine qui étaient soit handicapés soit très malades. Je n’y voyais pas d’amour. Je me souviens qu’une petite fille est venue vers moi en me courant dans les bras. Par réflexe, je me suis abaissée pour la prendre. Quelqu’un est venu me l’arracher des mains. Tout signe d’affection est banni… Je pense avoir eu très tôt un fort instinct maternel. Je l’ai été très vite avec ma petite sœur qui a huit ans de moins que moi. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à accepter l’abandon. Et je n’ai surtout pas la force de caractère d’Amber. (sourire) Dans l’album, Lisa, la maman d’Amber, abandonne sa fille devant l’orphelinat, ce qui ne se fait pas en général.

Pensez-vous qu’être enceinte au moment de l’écriture ait changé votre façon d’aborder le récit ?

J.L. : Je pense que j’aurais écrit l’histoire de la même façon, ces sujets me révoltent depuis toujours. Cela a d’ailleurs été parfois difficile. Ma première fille avait quinze mois quand j’ai commencé à écrire et Amber, dans l’album, a cinq ans. Il m’arrivait parfois d’écrire et de pleurer en même temps, tellement j’étais habitée par l’histoire. Regarder un film ou une série avec moi est une horreur. (sourire) Sans me vanter, je sais toujours ce qu’il va se passer. Je vis les émotions avant que ça se produise, tellement je suis à fond dedans, que ce soit pour un livre, une bande dessinée, un film… J’avais parfois la rage en écrivant une scène d’action ou très émue et remplie de larmes quand j’ai raconté le décès d’Amanda. Amber ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans Amanda, c’est vraiment elle qui l’a changée. Amber, avant de la rencontrer, était très associable, traumatisée et terrorisée. La seule chose qui la faisait vivre, c’était lire et écrire. Amanda a changé le cours de sa vie et lui a donné cette force qu’elle n’aurait pas eue.

En échange, Amber lui fournit une aide précieuse pour ses études…

J.L. : Oui, elles font un deal. Amber la fait sortir du groupe des cancres et Amanda lui apprend à se battre.

Vous avez choisi, du moins pour ce tome, de laisser en suspens les raisons de l’abandon d’Amber…

J.L. : J’avais beaucoup de matières pour un seul tome et on a dû découper l’histoire en deux tomes. Je tiens énormément au deuxième car il y a beaucoup de rebondissements et de révélations et on comprend beaucoup de choses.

La série est donc prévue en deux tomes ?

J.L. : Pour la première histoire, oui. Le tome deux est prévu pour janvier 2018. Mais je continue à écrire des histoires d’Amber comme j’écrirais un livre et je les réadapte ensuite en scénarios de bande dessinée.

On peut donc imaginer des récits mettant en scène Amber dans le cadre de ses fonctions à Argon tout en développant progressivement une intrigue en forme de fil rouge ?

J.L. : Complètement. Je pense aussi m’adapter aux envies de mes lecteurs, suite aux retours qu’ils me feront. Je n’ai pas encore été à la rencontre du public (entretien réalisé le 8 juin 2017, NDLR), mais j’ai beaucoup de retours via les réseaux sociaux. Pour moi, Amber est la naissance d’une nouvelle héroïne et, je l’espère, celle d’une très grande saga. J’imagine aussi très bien que les éditions Glénat n’iront pas plus loin que le deuxième tome si la série ne fonctionne pas.

Si Argon avait vraiment existé, auriez-vous postulé ?

J.L. : Ça m’aurait plu car il y a des injustices qui me révoltent vraiment. Si j’avais pu être Amber Blake et donner un nouveau visage à la justice, j’aurais volontiers dit oui.

Comment avez-vous rencontré Butch Guice ?

J.L. : C’est Philippe Hauri qui m’a présenté le boulot de plusieurs dessinateurs dès 2014. Quand j’ai vu le travail de Butch, notamment dans l’univers Marvel qui me fait rêver depuis que je suis toute petite, j’ai tout de suite dit oui. D’autant que j’ai vécu aux États-Unis pendant deux ans et que j’adore la culture américaine. Lui aussi était libre, il venait de terminer son contrat avec Marvel justement. Son dessin est très précis et rend à merveille les expressions. Je ne voulais pas d’un dessin abstrait mais qu’il se rapproche au contraire de la réalité. Il l’a tellement bien fait que j’avais parfois l’impression qu’il était dans ma tête. Il me bluffe tout le temps. Je suis de très près son travail et j’approuve planche par planche ce qu’il m’envoie. Il m’arrive aussi, même si c’est rare, de faire refaire un encrage alors que j’avais apprécié un crayonné. C’est arrivé notamment sur une case d’Amber dont l’encre empêchait de pouvoir placer le bleu de ses yeux ou reprendre un sourire trop prononcé… Il y a un réel échange entre nous.

Comment présentez-vous le scénario à Butch Guice ?

J.L. : Il y a beaucoup de texte mais aussi beaucoup d’images et de lieux que je voulais voir dans l’album. J’ai notamment donné une photo de la ferme en Australie où je me suis vraiment rendue et qui est à une heure de Melbourne en hélicoptère. Butch aussi s’est beaucoup documenté. Pour Amber Blake, je me suis inspirée d’Angelina Jolie. Je voulais qu’elle soit grande, brune aux yeux bleus alors qu’Angelina a les yeux verts.

C’est aussi un peu vous…

J.L. : Oui, je suis grande, brune aux yeux bleus… C’est vrai. Mais je suis plutôt partie sur une description d’Angelina Jolie, avec un nez fin, une bouche pulpeuse, des longs cils noirs.

Il y aussi un peu de Lara Croft…

J.L. : C’est vrai. Mais elle n’a pas les cheveux aussi longs et je ne lui ai pas encore fait de tresses. (sourire) J’ai grandi avec Tomb Raider, je suis un vrai garçon manqué.

Et pour les autres personnages ?

J.L. : Peter Arg a des airs de Chris Hemsworth. Mat est inspiré d’Enrique Iglesias que j’adore depuis toujours, je voulais qu’il soit mat de peau, brun aux yeux verts. Pour Vera, je me suis basée sur Gwendoline Christie qui joue le rôle de Brienne de Torth dans Games of Thrones. Arav Aslan devait être indien et j’ai laissé une totale liberté à Butch. Kavotz devait être méchant et j’ai laissé aussi Butch faire, j’ai donné une description mais sans photo.

Avoir un dessinateur qui se trouve à des milliers de kilomètres, ce n’est pas un handicap ?

J.L. : Non. De nos jours, avec internet, tout est très facile. Certains acteurs ne se sont jamais vus alors qu’ils participent à la même scène. Je me souviens d’un article d’Halle Berry qui expliquait avoir joué une scène d’amour toute seule. Maintenant, c’est vrai aussi que je dois être très réactive quand il m’envoie son travail, et je dois aussi tenir compte du décalage horaire. Comme je suis insomniaque, ça ne me dérange pas. (sourire)

Avez-vous déjà ressenti une certaine forme de malveillance quand votre projet de bande dessinée est devenu public ?

J.L. : Je n’ai eu pour l’instant que des retours positifs. Je suis consciente aussi que certains diront que c’est du vu et du revu  parce que l’héroïne est une fille avec un flingue. Mais ça n’a rien à voir. Amber a un passé qui ne ressemble à aucun autre. Amber sait aussi pertinemment pour quelles causes elle se bat. On a tous été à moment donné de notre vie privée ou professionnelle manipulés, trompés, trahis ou déçus profondément par quelqu’un qu’on aimait réellement ou qu’on pensait vraiment fiable. Je pense donc qu’on peut tous, à travers Amber, se reconnaître à moment donné, pas forcément dans ce qu’elle a vécu mais dans les réponses qu’elle va donner. Je veux aussi qu’il y ait un message d’espoir, celui qu’on puisse s’en sortir même en ayant beaucoup souffert.

Rencontrer pour la première fois votre public, est-ce quelque chose que vous appréhendez ?

J.L. : Je suis en même temps impatiente et un peu inquiète, forcément.

D’après les premiers retours que vous avez sur les réseaux sociaux, quel est votre lectorat ?

J.L. : Plutôt varié. Pour l’anecdote, quelqu’un m’a dit que sa fille de onze ans avait eu l’album entre les mains. Je lui ai demandé de lui enlever immédiatement. Je pense que mon album est destiné aux lecteurs de quinze à soixante-dix-sept ans. (sourire) Au-delà de la noirceur du propos, c’est un véritable récit d’aventures dans lequel le lecteur peut aussi voyager.

Voir un jour Amber Blake adapté en série télé, c’est possible ?

J.L. : C’est un rêve. Quand j’écris, je vois déjà tout comme dans un film. Mon rêve ultime serait de continuer la saga en bande dessinée et, à côté, la réaliser également à l’écran.


Propos recueillis par L. Gianati

Bibliographie sélective

Amber Blake
1. La fille de Merton Castle

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Largo Winch
1. L'héritier

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