euh, même si je rejoins ghinzdra sur mon non-amour inconditionnel et fanatique de Watchmen, le livre, je tiens quand même à me désolidariser de son appréciation de l'ensemble de l'oeuvre d'Alan Moore. Même si pour moi, son sommet reste From Hell, je trouve que V se lit toujours très bien et j'ai trouvé Lost girls sans aucun intérêt. Faire du porno pour du porno, en intégrant un remake (ce que le porno fait depuis toujours, aaaah cet art du titre) de contes et un explication en 10 pages pour dire que c'est pas grave puisque c'est de la fiction, bof. C'est du Max Pécas un peu riche, et puis c'est tout.
Après, pour Watchmen, moi, je trouve juste que ça vole pas très haut. Peut-être que j'ai du lire/voir suffisament d'histoires équivalentes avant, je sais pas. Mais j'ai pas accroché. Après, je veux bien reconnaitre que c'est une oeuvre importante, vu son succès, mais je ne comprends pas.
Pour faire précis
Watchmen : grande bd . Mais réaction complétement disproportionnée.
From hell : sommet de l'oeuvre de moore . C'est l'exception dans l 'exceptionnel. Comme 2001 dans l'oeuvre de kubrick. On va dans l'épure : 2001 était quasiment un film muet , from hell assomme le lecteur sous la question de dialogues et d'informations à ingérer . Dans les deux cas on sent que l'auteur essaye d'aller au bout de la logique du média. Dans les deux cas ça divise : on adore ou on déteste.
Lost girls : grande bd . Mais très difficile d'approche.
Max pécas un peu riche c'est de la très grosse provoc
j'avais prévu de publier une analyse sur lost girls , je me suis arrêté à 10 pages et j'ai pas repris parce que j'avais du mal à atteindre la clarté formelle que je souhaitais en terme de successions d'idées. Mais je pense que je vais finir.
Pour faire court :
1-perfection absolu de la construction (3 livres ,1 par personnage , 30 chapitres , 15 chapitres consacré au présent , 15 chapitres consacrés au passé raconté sous formes de conte , 5 chapitres par personnages dans une construction de de type quête avec parallèle permanent à l'oeuvre littéraire , 1 chapitre d'ouverture donnant le ton de la période , 1 chapitre de fermeture en parallèle avec une oeuvre artistique et le contexte politique mais il faudrait aussi parler de la construction propre à chaque chapitre et à chaque personnage , quel usage il est fait des pastiches ,etc...) : il est très difficile de raconter quel réseau de sens absolument prodigieux construit moore , comment
il met en place des idées très fortes sur la sexualité à travers LA SEULE CONSTRUCTION : 1 seule idée par exemple : mettre trois femmes avec un gros problème sexuel dans une alternance aussi systématique entre l'action et la narration c'est évoquer en filigrane l'idée que les bloquages sexuels sont avant tout d'ordre psychologique , ont trait à des évenements mal vécu et qu'il faut guérir cela par un revitalisation de l'imagination sexuelle , qui passe par le dialogue puis la narration pure .
Et il y a tellement , tellement plus qu'évoque moore à travers la seule construction.
2- pavé énorme dans la mare de la pudibonderie occidentale islam-judéo-chrétienne
il faut lire l'article " bog venus vs nazi cockring" d'alan moore , toutes les pastiches qu'il met sont loin d'être innocentes : ces réfernces à beardsley , oscar wilde et autre sont autant de rappel sur les victimes de l'hiver sexuel européen ou comment on a soigneusement expurgé l'oeuvre de grands artistes de tout leur travail érotique et pornographique , perçu comme indécent et innaproprié.
Tous ces parallèles avec des oeuvres artistiques sont là pour rappeler la thése fondamentale de moore : avant que le christianisme arrive les religions paiennes mélangaient harmonieusement l'art , la religion et la sexualité. Le christianisme et ses suivants pour des raisons politiques (élimination des religions paiennes) a organisé une véritable chasse au sorciére (au sens propre et figuré :c'est là l'origine même de l'expression. Les "sorciéres "étaient en général les femmes à la sexualité libre et les émissaires locaux des divinités paiennes.) et mis le sexe hors la loi : il l'a rendu tabou et honteux.
Comme sur watchmen seul moore a osé remettre en cause les tabous et les postulats. Sauf que dans lost girls c'est quelque chose de trop important pour que ça soit accepté : il s'agit de notre perception de la sexualité. Et ça c'est trop sérieux . Il faut voir les procès pour pédophilie et autre accusations de dépravation sexuelle dont on menacé moore. Il suffit de voir les problèmes de la publication en france : je ne sais toujours pas si ça été édité en france vu que j'achete seulement les editions en langue originale mais je sais que jusqu'à récemment ça bloquait toujours.
3 toujours une superbe maitrise : du scénario ,de la mise en scéne , etc....
le montage alterné sur la même scéne pour montrer la différence des points de vue , la scéne du miroir , la scéne des ombres chinoises .... qui d'autre peut faire de tant d'inventivité dans la mise en scéne ?
Lost girls est une très grande bd . Là par contre je suis sur qu'elle ne sera jamais adapté
Comme je le disais là ça devient trop sérieux et ça vient clasher avec des piliers de notre civilisation.
Pecas c'est l'exact contraire de lost girls : c'est comment on a ghettoisé la sexualité. La simple association d'idée avec ce sous fifre de max pecas prouve bien que toute réference sexuelle est entachée d'une désapprobation. Recemment encore je lisais une critique sur watchmen et la critique se plaignait du fait qu'on voyait le penis du docteur manhattant pendant 2H30 .... Ce mec est dieu , les tabous sexuels et sur la représentation du corps ne le concernent pas et y en a qui trouvent ça bizarre ?ça prouve surtout le bloquage qui existe sur le corps dans notre imaginaire.