Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

[Anto_eyed]

Message précédent :

Bon

1 - The Woman in the Window ( Fritz LANG 1944 )
2 - Brief Encounter ( David LEAN 1945 )
3 - The Ghost and Mrs Muir ( Joseph MANKIEWICZ 1947 )

Je ne connais aucun des trois, mais Fritz Lang est une valeur sûre.

Vous avez gagné un nouveau membre

[Olaf Le Bou]

le Mankiewicz est un de mes films préférés donc plutôt l'un des deux autres.

[jolan]

1 - The Woman in the Window ANTO
2 - Brief Encounter EUH
3 - The Ghost and Mrs Muir

@Olaf : on attend ta critique de l'Hirondelle

[Le Complot]

le Mankiewicz est un de mes films préférés donc plutôt l'un des deux autres.

Quand on y prête attention, son œuvre entière est quasiment parfaite, il est l’égal d’un Lang...

[sergent latrique]

J'ai vu les 2 et 3 il y a fort longtemps et j'en garde de vagues souvenirs. Jamais vu le Lang alors je vote the woman in the window

[jolan]

1 - The Woman in the Window ANTO, SERGENT
2 - Brief Encounter EUH
3 - The Ghost and Mrs Muir

On progresse...

[lobo]

Moi je suis hors du coup perdu que je suis en rase campagne. Le Ghost à très bonne réputation mais il m a jamais emballé. Si je votais je voterais pour le Fritz Lang.sur je ne connais pas.

[Olaf Le Bou]

ayé, vu l'hirondelle d'or hier soir.

et ce ne fut ni la purge nanardesque annoncée par les uns, ni le formidable film virevoltant promis par les autres. j'ai trouvé ça assez mal écrit, l'héroine n'est pas crédible quand elle se fait passer pour un homme, et son identité véritable est révélée de manière assez incohérente. le personnage du moine, roi du kung-fu et ennemi juré du sympathique poivrot lunaire arrive comme un cheveu sur la soupe, les méchants sont caricaturaux au possible, bref le script ne casse pas trois pates à un canard (fut-il laqué). les chorégraphies des combats ne sont pas d'une virtuosité ébourrifante mais ça reste assez sympa à regarder, surtout quand intervient le Chat Ivre. je n'ai pas trouvé non plus l'héroïne particulièremment charismatique, elle fait le job, sans plus, mais reste très limitée au niveau des arts martiaux, ça frise le portnaouak des fois.
en revanche c'est plutôt bien filmé, les plans sont travaillés, la photo est de qualité, rien à redire de ce côté là. le plus sympa c'est les scènes avec les enfants mendiants, les villageois, les clients de l'auberge, toussa. et les bruitages quand l'un des sbires lance ses fléchettes empoisonnées, c'est rigolo.

donc pas un film terrible mais surement pas un nanard non plus : 2,5/6 pour moi.

[Olaf Le Bou]

1 - The Woman in the Window ANTO, SERGENT, OLAF
2 - Brief Encounter EUH
3 - The Ghost and Mrs Muir

[jolan]

D'autres participants ?

Degryse, Pabelbaba ?

Le Complot...?

[euh... si vous le dites]

Moi je suis hors du coup perdu que je suis en rase campagne. Le Ghost à très bonne réputation mais il m a jamais emballé. Si je votais je voterais pour le Fritz Lang.sur je ne connais pas.

The ghost and Mrs Muir, c'est sublime.

[pabelbaba]

D'autres participants ?

Degryse, Pabelbaba ?

Le Complot...?

J'aurais bien voté pour le Mankiewicz, mais là avec la fatigue et la chaleur je n'arrive pas à finir un film sans m'endormir.

D'ailleurs les vacances arrivent, vous ne pensez pas que changer le format pour juillet-août serait une bonne idée, genre on donne un film chacun et tout le monde en regarde le max possible pendant les vacances?

[jolan]

Bof, je pense qu'il faut tâcher de garder un certain rythme et de discuter sur un seul film à la fois, sinon ça va partir dans tous les sens en perdant son sens premier.

Enfin, à voir avec les autres "habitués"

Bon eh bien il semblerait qu'on parte sur le Lang alors.

[Mr Degryse]

Le Lang aussi

[euh... si vous le dites]

Bof, je pense qu'il faut tâcher de garder un certain rythme et de discuter sur un seul film à la fois, sinon ça va partir dans tous les sens en perdant son sens premier.

Pareil.

Bon eh bien il semblerait qu'on parte sur le Lang alors.

Le lien vers La femme au portrait :

[Révéler] Spoiler:

https://we.tl/t-zKaE3PyakN

[sergent latrique]

Merci pour le lien
Je suis également d'avis de rester sur un seul film commun, même si l'été c'est un peu plus relâché sur les délais et les participants.
Et puis rien n'empêche de se faire des projections de son côté.

[jolan]

The Woman in the Window – Fritz LANG – 1944
Encore un film dont le titre original est bien plus parlant et explicite que le titre français.
Dès le premier plan, étrangement expéditif, on sait en voyant le nom de Freud au tableau qu'il y aura de la psychanalyse, ou au moins une réflexion sur la culpabilité ou le remords d'un meurtrier. Mais, hélas, alors que je m'attendais à un thriller psychanalytique captivant (Lang en a signé qui valent bien les meilleurs Hitchcock), voire romantique, nous n'aurons qu'un pâle petit film noir bien léger, qui s'essouffle très vite, et surtout bien naïf, à l'image de son personnage principal, qui se fait mener par le bout du nez de bout en bout. Etonnant pour un professeur en criminologie, mais soit.

Le film se résume donc aux propos de l'ami du héros, le procureur, qui déclare au début « j'ai vu de véritables tragédies issues de négligences, de petits riens : une impulsion, un flirt, un verre de trop... ». Cette tentation qui semble étrangère au héros « Si cette femme du portrait venait vers moi, je prendrais la fuite », mais qui y succombe malgré lui « On m'avait prévenu : l'attrait séduisant de l'aventure... je n'aurais jamais dû accepter de prendre ce verre avec vous ». On se demande bien pourquoi cette femme est attirée par le vieux professeur, je me suis longtemps dit qu'elle le manipulait, on est dans des fausses pistes, mais le script ne sera jamais passionnant pour autant.

La dramaturgie va en effet se résumer à de simples petits artifices assez inutiles - toutes ces indications de temps avec les plans sur les horloges sont bien inutiles, tout comme ces petites scènes de suspens superflues (le policier qui arrête sa voiture, le voisin qui rentre chez lui, l'agent du péage, le policier à moto, etc) - et à une enquête subie par le héros, pour nous montrer son angoisse d'être démasqué, tout en multipliant les maladresses du coupable, qui cherche à se faire coincer malgré lui. Toute l'analyse psychanalytique sera donc en sous-texte, ce qui est intéressant en soi, mais qui n'existera qu'à rebours, et c'est un peu dommage. Certes, le rebondissement final remet tout en perspective et donne une deuxième lecture plus intéressante au film, que l'on peut se faire une fois le happy end et le générique passés, car le film existe encore longtemps après sa vision. Mais j'ai surtout été marqué, encore une fois, par la naïveté et la maladresse du héros, et du déroulement de l'intrigue, l'intrigue étant à l'image du héros, fruit de son imagination, de ses névroses. Un personnage faible également, car il laisse reposer les solutions éventuelles sur les épaules de cette inconnue, jamais il ne prend en main la résolution des problèmes, après ses échecs du début il s'aperçoit qu'il s'enfonce, et c'est pour cette raison qu'il se sent cerné et en vient à commettre l'acte irréversible.

Niveau réalisation, c'est très cadré et millimétré, il y a une rigueur formelle (à un plan prêt : un énorme reflet de la grue sur la vitre du bus qui passe dans la rue lorsqu'il quitte la gare). Il y a quelques plans intéressants sur le thème du double et du miroir, des portes ouvertes ou fermées, des tiroirs refermant des secrets, disons une symbolique du refoulement, ou de la « signification des rêves », la quasi-totalité du métrage se déroulant de nuit. J'aime bien les plans sur elle, lorsqu'elle le regarde partir à la porte de son immeuble, qui rappellent le tableau, ou les jeux de reflets lorsque le maître-chanteur lui rend visite. Et bien sûr, en apogée, ce fabuleux plan du passage du rêve à la réalité qui est une perfection (j'ai beau revoir ce plan dix fois je ne vois pas comment ils ont fait, au niveau des vêtements surtout).

Bon, ce n'est pas le film passionnant auquel je m'attendais, mais c'est un bon petit film noir de qualité néanmoins. Le film aurait été plus fort s'il était plus concentré sur la femme, s'ils avaient passé plus de temps à discuter et à se livrer, puis s'il avait eu un véritable motif de meurtre, en tuant la femme par exemple, elle l'aurait fait venir chez lui et se serait refusée à lui, et là on aurait eu de vrais enjeux psychanalitico-sexuels. Mais soit pour ce petit film léger, pour commencer.

3/6

[Le Complot]

Excellente critique qui éclaire l'oeuvre.

[sergent latrique]

La femme au portrait Fritz Lang (1944)

Je résiste à la tentation de lire la critique de Jolan (que j'imagine excellente comme d'hab) avant de poster mon message et je prends le risque de passer pour une quiche dans mes commentaires, mais comme on le dit maintenant "j'assume".
Je ferais plus des remarques sur les aspects qui m'ont marqué.
La femme au portrait, titre assez proche de l'original mais qui efface l'aspect "double portrait", voire triple portrait: image peinte, reflet dans la vitrine, femme réelle.
Tout le film, où tout au moins, l'idée du film, en fin de compte (mais on ne le saura qu'à la fin) est basée sur ce jeu de miroir et de faux semblants, où l'imaginaire le dispute au réel.

Y a -t-il une morale à ce film tourné en 1944 en plein dans le conflit mondial ? Cela pourrait être du style, ne vous fiez pas aux apparences, qui sont trompeuses et vous entrainent facilement dans un engrenage infernal, ou bien telling a friend may mean telling the ennemy.
E.G Robinson, assure le rôle d'homme stable, reconnu, sérieux, massif, avec un jeu tout en finesse et en retenu un peu à la James Stewart mais avec un côté homme solide plus présent (il en faut pour se coltiner un cadavre de Claude Mazard) qui se laisse entrainer dans un traquenard meurtrier.
A aucun moment, on ne peut véritablement culpabiliser le Pr Wenley dans ses actes, il met le doigt dans un engrenage insidieux, se laissant aller à la facilité d'une rencontre un peu incongrue.
Cet aspect du scénario peut paraitre un peu tiré par les cheveux, cette fille ramasse littéralement le Prof sur le trottoir comme une vulgaire grue (comme à la scène finale où cette fois il ne pas plus se laisser entrainer)

Bien évidemment, le truc du rêve final est éculé, et F.Lang l'a dit lui même d'après ce que j'ai pu lire par ailleurs. Cependant, la maitrise d'un Lang permet de faire passer la pilule.
Sur la trame d'un film noir classique avec un sujet banal, un meurtre a eu lieu, comment se débarasser du corps et du maitre chanteur, éviter les soupçons de la police et se sortir de la toile d'araignée.
Fritz Lang met tout son génie cinématographique a distiller les événements pour jouer avec le suspense et les nerfs des spectateurs.
Le spectateur, qui suit le professeur et s'attache à ses pas et ses gestes est témoin de tous les événements et chaque détail qui permet de confondre le meurtrier involontaire arrive comme une horrible fatalité dont le professeur est l'involontaire victime.

Ne reste plus qu'à souhaiter au professeur Wanley toute la prudence dans ses gestes et ses mots, ne sachant si les coïncidences dans les paroles échangées avec ses amis ou des policiers et particulièrement, l'Attorney , le procureur sont des propos innocents ou des sous-entendus destinés à le piéger
Il est difficile de le considérer comme un meurtrier, plutôt comme une victime des circonstances.
Les nerfs du spectateur sont mises à rudes épreuves car il y a une sorte de compassion avec le professeur qui a tué, en totale légitime défense, un type brutal qui cherchait à l'étrangler.
Tout l'habileté de Lang est de plonger l'intrigue dans un faisceau de conjectures: la femme, Joan Bennet est-elle si innocente, pourquoi l'a t-elle attirée chez elle, n'y a t-il pas un plan prémédité pour se débarrasser de l'amant encombrant ?
Va -t-elle le trahir ?
Wanley fait preuve d'un sang froid maitrise mais pas infaillible lorsqu'il est interpellé par un agent de police ou un employé du péage d'autoroute, les détails qui pourraient le trahir sont heureusement ou volontairement (?) donnés par le procureur.
Seulement à la fin, se sentant totalement perdu, il envisage une solution finale de fuite par le suicide.

Globalement sur le film, le rythme est rapide, les situations mises en place très rapidement, la facilité avec laquelle un professeur cinquantenaire séduit une inconnue jeune et belle dans la rue devant son portrait peut mettre paraitre suspecte jusqu'à l'explication finale.

Où l'on voit qu'un grand cinéaste peut faire un bon film sur n'importe quel sujet.

Ma note 4/6

[euh... si vous le dites]

Globalement déçu par ce Lang que j'ai trouvé très éloigné de ses grandes réussites américaines.
Comme jolan, j'ai trouvé le récit rempli d'artifices superflus et surtout assez grossiers (Lang a montré la fatalité au travers d'engrenages plus subtils) . C'est sans doute censé dynamiser le film mais ça ne m'a pas empêché de trouver le rythme du film plutôt indolent.
Le twist final permet certes, comme jolan l'a bien remarqué, de réinterpréter l'ensemble du film sur le mode psychanalytique annoncé par la première scène du film, mais cet aspect ne m'intéresse guère.
Reste donc en effet un petit film noir pas désagréable à regarder (la maîtrise de Lang permet de faire passer à peu près n'importe quoi) mais aux enjeux dramatiques limités.
Je retiendrai tout de même le noyau noir au cœur du film, qui montre que le crime entraîne le crime et que même un banal monsieur tout le monde peut se transformer en criminel qui planifie un meurtre.

2.5/6

[lobo]

Je crois que cette fois les avis convergent beaucoup plus qu'avec l'hirondelle d'or (d'ailleurs, quelle moyenne, l'hirondelle d'or, finalement ?). Le film ne tient pas ce qu'il promet quand il apparaît au début sous le parrainage de Sigmund Freud. On ne peut pas dire que ce brave professeur soit dévoré par ses pulsions. C'est pas M le maudit. Il fait à peine plus que répondre avec politesse aux invitations de la femme. On sait depuis sept ans de réflexion, à quoi pensent les hommes quand ils ont mis femmes et enfants dans le train pour des vacances à la campagne. Or, là rien de tout ça ou à peine. Ce qui lui arrive est plutôt un simple enchaînement malheureux de circonstances. Rien de bien "psychanalytique".
Les éléments de suspense sont là, au moment de l'escamotage du cadavre puis de l'enquête de la police (la séquence du maître-chanteur est plus faible amha) mais on ne peut pas s'empêcher de comparer à Hitchcock, chez qui on peut trouver le même genre de scènes et Lang paraît moins incisif ici.
Edward G Robinson est tout de même très bon.
Ma note : 3,5/6