Ciné-Club séance 83 Two Weeks in Another Town (Minnelli 62)

[euh... si vous le dites]

Message précédent :
Ok, je vais essayer de rassembler mes idées et d'écrire quelque chose demain soir.

[euh... si vous le dites]

Black Narcissus (1947) - Michaël Powell et Emeric Pressburger

Tout d’abord, je voudrais dire que j’ai trouvé le film formellement absolument somptueux. Le travail sur les couleurs, la lumière, la bande son (bruitages et musique) ont été pour moi un ravissement de tous les instants.
Le film est structuré autour de la tension entre deux injonctions temporelles :
• Un facteur d’instabilité : la nécessité pour les nonnes de réitérer leurs vœux chaque année
• Une deadline : Dean qui prédit aux nonnes qu’elles auront quitté les lieux avant les premières pluies
Cette mise en tension va se matérialiser sous la forme d’une mise à l’épreuve au cours de laquelle chaque personnage se révèlera face à lui-même et face à la communauté.
Sur un mode que j’ai trouvé souvent comparable aux schémas du cinéma de type « survival », le film montre le délitement d’une petite communauté par contamination progressive de ses propres membres.
Le retour du refoulé, opérant par vagues successives, par bouffées qui emportent les personnages, sous les effets de ce vent omniprésent, couplé à un traitement visuel qui en exacerbe tous les traits, porte presque le film dans les contrées du cinéma fantastique. A certains moments, le film m’a même assez bizarrement fait penser à certains élément du Solaris de Stanislas Lem.
Basculement dans la folie (Ruth), refuge dans la poésie (la sœur qui plante des fleurs à la place des légumes prévus), retour du passé, tensions sexuelles,… personne n’échappe à ce lieu qui se transforme, sous la forme d’une parenthèse hors du temps, en une projection mentale de leurs désirs.
Trois figures masculines vont également révéler les contradictions de cette petite communauté et particulièrement de sister Clodagh, jeune nonne hésitante, rapidement dépassée par les évènements et tiraillée de toutes parts.
Les précédents avis ont détaillé tout ce qui relevait de la tension sexuelle avec le triangle formé par Clodagh, Ruth et Dean. C’est évidemment un élément central du film (le désir féminin me semble d’ailleurs traité de manière assez frontale pour l’époque), je ne m’y attarderai donc plus.
Sinon pour dire que ce rapport Clodagh – Dean se double à l’autre extrémité du spectre de l’incompréhension face à l’attitude du vieux sage immobile sur sa montagne.
D’un côté comme de l’autre, Clodagh se trouve devant une contradiction insoluble : d’un côté, impossibilité de retour au monde séculaire et de l’autre impossibilité tout aussi grande d’habiter pleinement un monde spirituel apaisé.
Cette contradiction, Clodagh ne pourra la lever que par l’évitement.
Le troisième personnage masculin important du film, le jeune prince insouciant, va quant à lui servir à replacer le film dans son enjeu temporel. C’est cet aspect qui, par-dessus tous les autres, va, à mon sens, élever le film à un niveau plus universel que celui d’une simple communauté de nonnes qui part en sucette.
C’est la manière que l’on choisit (ou que les circonstances nous imposent) d’habiter le monde que va mettre en jeu la mise en tension des personnages de Clodagh et du prince.
Là où la mission de Clodagh est de pérenniser la présence de sa petite communauté dans un lieu isolé, de s’inscrire durablement dans un espace défini, le prince (et au-delà, l’environnement local dans son ensemble) est présenté comme une personne qui vit dans un éternel présent, une présence dégagée des contingences liées au passage du temps.
En creux, il montre le renoncement de Clodagh à l’instant présent et la soumission de toutes ses actions au seul objectif de maintenir sa communauté dans ce couvent réaménagé.
Face à l’échec de plus en plus prévisible de cette mission, Clodagh opposera un refus obstiné de céder qui parait motivé par un orgueil bien trop banalement humain.
Le film se termine dès lors là aussi sur un constat d’échec, avec le départ de la communauté sous la pluie et la réalisation de la prophétie de Dean.
Au final, cette histoire de nonnes dans un couvent isolé dans des montagnes indiennes de carton-pâte me semble plus universel qu’il n’y parait au premier abord.
Ce sont nos choix d’appartenance au monde qui y sont reflétés. Les contradictions des personnages dépeints dans le film sont-elles si éloignées des nôtres ?
Après tout, ne sommes-nous pas un peu tous les acteurs de notre propre «survival » ?

Ma note : 5/6

[lobo]

euh...

[sergent latrique]

Ca valait donc le coup d'attendre ta critique.

[jolan]

Oui, ce n'est pas parce qu'il ne m'a pas emballé que le film est totalement creux non plus, mais voila, ça nous parle plus ou moins... perso je ne suis touché ni par les décors, les couleurs, l'ambiance, ni les personnages et leurs déboires, leurs sentiments, je suis resté totalement à distance de tout cela, froid comme la pierre d'une église, comme son héroïne, dans le refus.

Bon, Cicerobuck a voté pour cette séance, donc il va peut-être nous poster sa critique bientôt.

Mais on peut déjà mettre en place la suite

[euh... si vous le dites]

Oui, ce n'est pas parce qu'il ne m'a pas emballé que le film est totalement creux non plus, mais voila, ça nous parle plus ou moins... perso je ne suis touché ni par les décors, les couleurs, l'ambiance, ni les personnages et leurs déboires, leurs sentiments, je suis resté totalement à distance de tout cela, froid comme la pierre d'une église, comme son héroïne, dans le refus.

Je crois que si on est pas emporté par le travail formel, il est difficile de vraiment adhérer au film.
Moi, j'y suis très sensible donc ça m'aide à m'intéresser aux personnages et à ce qui leur arrive.

[sergent latrique]

Le temps de choisir permet à cicerobuck de s'exprimer

Alors pour la liste je prends quatre films NB de la période 1961-1963, avec des sujets plutôt dramatiques mais qui résonnent bien avec l'actualité. La prochaine fois ce sera comédie, promis.
Je n'ai pas cherché des découvertes originales, juste des classiques, peut-être vus ou revus par beaucoup (personnellement il n'y en a qu'un que je ne connais pas):

Léon Morin, prêtre Jean Pierre Melville (1961) France-Italie

Pendant la guerre, une jeune veuve de guerre d'un juif communiste, mère d'une fillette, défie un prêtre sur le terrain de la religion. La confrontation entre Emmanuelle Riva et JP Belmondo.


Lolita Stanley Kubrick (1962) USA-GB
Faut-il encore présenter le sulfureux Humbert Humbert, prof de littérature française, amateur de nymphettes et épris fou de la fille de sa logeuse ?


Shock corridor Samuel Fuller (1963) USA
Un journaliste à la recherche d'une enquête qui lui rapportera le prix Pulitzer se fait interner dans un asile psychiatrique pour élucider un meurtre étrange. Douze ans avant le vol au dessus d'un nid de coucou....


Judex Georges Franju (1963) France -Italie
Un banquier véreux, reçoit un mystérieux message signé Judex un justicier mystérieux lui enjoignant de distribuer ses biens aux pauvres.


A vous !

[euh... si vous le dites]

Ah ben, Shock corridor et Judex sont deux films que je n'ai pas vus et auquel j'avais pensé pour une de mes futures sélections.
Sinon, pour choisir un Franju et aller avec le thème de l'internement psychiatrique de Shock corridor, j'aurais plutôt vu La tête contre les murs.
Léon Morin, ça doit être le seul Melville que je n'ai pas vu donc ça m'intéresse aussi.
Par contre, Kubrick, non merci et en plus j'ai déjà vu ce Lolita.

Bon, pour moi, ça sera Shock corridor (avec Judex en deuxième si un départage est nécessaire)

[arcarum]

Black Narcissus (1947) - Michaël Powell et Emeric Pressburger

Tout d’abord,...Ma note : 5/6

Pour Moi ce sera Judex

[lobo]

Shock corridor...

[lobo]

Je retiens la promesse de comédies du sergent pour la prochaine fois.

[jolan]

"Judex"

[euh... si vous le dites]

Bon ben, ça fait 2 -2 entre Judex et Shock corridor.
Faudrait les départager !
Il reste au sergent à se prononcer sur ses propositions.
Et cicero, olaf, Mr Degryse s'ils sont d'attaque.

[lobo]

Et cicero, olaf, Mr Degryse s'ils sont d'attaque.

Et Le Complot, qu'est-il devenu ? Et Bolt qui était tout feu tout flamme au début ?

[Olaf Le Bou]

Le complot il est en congé sabbatique.

[Bolt]

Et Bolt qui était tout feu tout flamme au début ?

A peu près au moment où le ciné club a commencé, plusieurs choses m'ont poussé à me mettre en retrait (ma femme hospitalisé pendant plusieurs semaines, visite quotidienne pour être à son chevet, conflits familiaux, décision de déménager rapidement...) et arrêter toute "activité culturelle".

J'ai sorti la tête de l'eau 3-4 mois après, et vraiment repris intensément la lecture depuis octobre. C'est surtout ce qui m'intéresse en ce moment avec l'écoute musicale et les jeux de société. Ce qui fait que les grands écrans sont rarement allumés à la maison.

Ceci dit, n'ayant pas votre culture cinéphile, je suis impressionné par vos analyses et intéressé par la divergence de vos regards. Je ne me sens pas capable de vous suivre même si le temps me le permettait.

[sergent latrique]

Pour Bolt,
c'est un forum ouvert et pas une institution officielle, donc, ne pas se formaliser sur sa culture ou son niveau de connaissance dans le monde du cinéma. Je dirais même plus, l'avis d'un total néophyte est pour moi tout autant enrichissant que celui d'un rat de cinémathèque (cela me fait penser à ces videos sur le net où l'on fait écouter des morceaux musicaux hyper classiques à des enfants qui le découvrent pour la première fois pour voir leurs réactions).
En un mot, il n'y a pas "d'examen d'entrée " ou de pré-requis culturel pour rejoindre le cine-club (juste un entretien en face à face pour les blondes à fortes poitrines de moins de 30 ans )

Pour le club:
Donc pour la séance, vu :
- que nous sommes vendredi
- que Kubrick et Melville sont hors-jeu
- qu'il reste un score nul 2-2 pour Fuller et Franju
- que je trouve que c'est plutôt bien vu mais
- que c'est difficile de trancher mais
- que je n'ai pas vu Judex alors que Shock corridor si même s'il y a longtemps et
- que je regarderai quand même les deux parce que je le vaux bien

Je mets un point sur Judex (en étant curieux de voir si ce film culte de cinéplhile tient encore la route aujourd'hui. )

Et je demande à un cinéclubeur complaisant et charitable s'il a un fichier à partager Oyé oyé !

Merci

[arcarum]

il est dispo en streaming ici :
https://archive.org/details/Judex1963

[sergent latrique]

Sinon ici j'ai l'impression que c'est en meilleur qualité https://ok.ru/video/87303326300

[Anto_eyed]

Je tranche en votant pour le Fuller...

Et je signe mon retour au ciné-club, j'y étais actif en juillet, puis par la suite j'avais beaucoup d'engagements à respecter...

[euh... si vous le dites]

Je tranche en votant pour le Fuller...

Et je signe mon retour au ciné-club, j'y étais actif en juillet, puis par la suite j'avais beaucoup d'engagements à respecter...

Euh ouais mais non, là, ça fait 3-3 alors...

Bon, et si on faisait le Franju et qu'on enchainait sur le Fuller ?

Sinon, j'ai le Franju en très bonne qualité.
Je vous mets un lien ce soir.