[PREVIEW] Jardins de Babylone - Nicolas Presl - Atrabile

[edgarmint]

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Rétrospective Nicolas Presl => http://sobd2018.com/les-expos/exposition-nicolas-presl/
du 15 au 22 décembre 2018
Galerie Maxime D.
4 rue des Guillemites, Paris IVe

Le SoBD vous propose une exposition-vente rétrospective de l'œuvre de Nicolas Presl. Plusieurs dizaines de pièces originales que complètent des livres signés par l'auteur, des ex-libris et un tirage en fac-similé d'une page de Divine colonie offrent une palette de prix abordables (de 10 € à 900 € pour une double page couleur).

Une petite dizaine de livres en une petite dizaine d’années, un lent glissement vers la couleur, le choix résolu du silence (tout dire sans un mot) et donc une grande attention portée à l’expressivité du trait : Nicolas Presl est sans aucun doute l’un des auteurs marquants du 9e art au XXIe siècle. « Plutôt que de constituer un appauvrissement, le choix de l’exercice particulier du muet lui permet de tisser des récits aux échos nuancés et complexes », commentait Xavier Guilbert (introduction à une interview avec l'artiste, diffusée sur Du9.org), ce à quoi Presl lui répondait : « Avec Priape, je voulais vraiment essayer de traiter de la psychologie d’un personnage sans le moindre mot. Au départ c’était le défi d’un album, mais j’ai finalement pris goût à ce mode de narration qui force à l’expressivité des personnages, à trouver des astuces narratives pour faire passer tous les éléments nécessaires à l’histoire. »

Traversant les âges et les continents de la Grèce antique à l'Orient contemporain en passant par les colonies du Nouveau monde et une Europe fascisante, l'œuvre de Nicolas Presl est toute entière imprégnées de références : Picasso, Grosz, Picabia, le dadaïsme, mais aussi l'enluminure orientale habitent ses livres et leur assurent une identité immédiatement reconnaissable. Quoique muets, les livres de Presl sont indéniablement écrits avec talent, et l'on y trouve du Dante comme du Brassens.

[Bolt]

Le nouveau Presl, arrive début novembre, toujours chez Atrabile:

La Terre paraît bien loin, vue de la Lune, et bien paisible. On n’y distingue pas les longs pipelines qui strient des sols arides et transportent son bien le plus précieux; on ne devine pas la sécheresse qui sévit ni les malheurs qu’elle engendre; on n’y entend pas les plaintes des moins fortunés, ni l’oppression que ces derniers subissent, même si la colère gronde, et enfle, inexorablement. Sur la Lune, on ne souffre pas de tout ça, même si on reste tributaire de la Terre et de son eau, que l’on fait importer dans d’énormes containers volants. Il faut aussi, bien sûr, être plus riches et plus puissants que le reste de l’humanité pour mériter cette place de choix sur ce triste satellite, devenu refuge de l’élite mondiale.

Politique et poétique, Les Jardins de Babylone use d’une narration à plusieurs voix, où de plus courts chapitres viennent s’enchâsser dans un récit plus grand et plus tortueux. Nicolas Presl dresse alors le portrait d’une humanité minée par ses inégalités et par l’arrogance d’une minorité qui s’arroge tous les droits, même si avidité et égoïsme semblent se retrouver dans toutes les couches de cette société en péril. Entre fable prémonitoire et pur récit de science-fiction, Les Jardins de Babylone refuse tout manichéisme et empoigne à bras-le-corps la complexité du monde et des sentiments humains – et si le constat peut paraître parfois un peu sombre il n’est, heureusement, pas complètement dénué d’espoir, ni d’humour.

[Thierry_2]

[Thierry_2]

sinon, je viens de relire celui-là, le deuxième édité (mais le troisième livre, en fait). Je n'avais agrdé que des souvenirs flous de cette histoire. C'est franchement une réussite, d'une très grande subtilité et bluffant de fluidité, considérant qu'il est, comme toujours, complètement muet.

[nexus4]

Quelques planches en attendant la preview. 328 pages. Encore un bon gros pavé sans parole, d'anticipation cette fois-ci.

[Yog-volo]

quel sens de la composition ! il se défait de la profondeur et de la perspective pour pouvoir composer librement ses cases, c'est magnifique, surtout les 2 dernières vignettes.
Et ces tronches !!

[nexus4]

Oui, et un sens de la naration impeccable qui te tient, te fait réfléchir et t'empêche de bêtement tourner les pages.

LA MEGA PREVIEW !




La Terre paraît bien loin, vue de la Lune, et bien paisible. On n’y distingue pas les longs pipelines qui strient des sols arides et transportent son bien le plus précieux; on ne devine pas la sécheresse qui sévit ni les malheurs qu’elle engendre; on n’y entend pas les plaintes des moins fortunés, ni l’oppression que ces derniers subissent, même si la colère gronde, et enfle, inexorablement. Sur la Lune, on ne souffre pas de tout ça, même si on reste tributaire de la Terre et de son eau, que l’on fait importer dans d’énormes containers volants. Il faut aussi, bien sûr, être plus riches et plus puissants que le reste de l’humanité pour mériter cette place de choix sur ce triste satellite, devenu refuge de l’élite mondiale.
Politique et poétique, Les Jardins de Babylone use d’une narration à plusieurs voix, où de plus courts chapitres viennent s’enchâsser dans un récit plus grand et plus tortueux. Nicolas Presl dresse alors le portrait d’une humanité minée par ses inégalités et par l’arrogance d’une minorité qui s’arroge tous les droits, même si avidité et égoïsme semblent se retrouver dans toutes les couches de cette société en péril.
Entre fable prémonitoire et pur récit de science-fiction, Les Jardins de Babylone refuse tout manichéisme et empoigne à bras-le-corps la complexité du monde et des sentiments humains – et si le constat peut paraître parfois un peu sombre il n’est, heureusement, pas complètement dénué d’espoir, ni d’humour.

[Thierry_2]

[Olaf Le Bou]

[nexus4]

Belle surprise pour du Atrabile, le livre est cartonné, reliure cousue. Pour un petit format (16 x 21.5) ça confère tout de suite à l'objet un coté massif. J'aime bcp.

[nexus4]

Il est quand même fort, Presl. Pendant les 20 premières pages (que je vous ai épargnées par peur de vous perdre ) ce n'est qu'une succession de tuyaux dans le désert et pourtant il arrive à raconter quelque chose et à poser le cadre de son récit. Avec que des gaufriers muets 2x2. Grosse maitrise.

[chris24]

Eh bien je tire mon chapeau !
C'est mon premier Presl et sans doute pas le dernier.

Le récit d'anticipation est fort et drôle aussi parfois, mais un humour toujours en demie-teinte, mêlée de cynisme et d'ironie. Parce que construit sur l'un des scenarii possibles lié un réchauffement climatique dont on commence à vraiment ressentir les effets sur les saisons. Imaginons que rien de change et dans 50 ans ce scénario pourrait se voir réalisé. Avec l'eau devenu l'or blanc (ou transparent) et les inégalités encore creusées entre les très riches et le reste de l'humanité.

Véritable turnover toujours limpide malgré l'absence de parole, c'est un sacré challenge pourtant et relevé de main de maître. Le graphisme est puissant et original, jouant du damier de cases et de l'insertion discrète de couleurs dans ce faux N&B. Les personnages sont tordus et biscornus, au sens littéral comme au figuré, comme une sorte de transcription graphique de l'absurdité et de la déshumanisation du monde dans lequel ils évoluent.

Bref, le fond et la forme réunis dans un même ouvrage de haut vol, un objet-livre très sympa et bien adapté, un sans faute ! Que demander de plus ? Le prochain Presl peut-être ?

[nexus4]

Voilà un retour qui fait plaisir.

tout est bon chez Presl. Un veritable univers graphique.
J'ai un faible pour Divine Colonie qui est plus ancien. C'est plus rugueux, en N&B mais il y a un plus de magie.







Et dans les albums couleurs j'aime beaucoup Heureux qui comme où il joue avec les codes couleurs pour l'occident, l'Afrique, et d'autres concept dont je ne me rappelle plus.
Edit : Ah, alors après recherche dans le forum j'avais proposé : le bleu pour l'occident, l'orange pour l'Afrique, le vert pour évoquer cocon protecteur de premier vis à vis du second, le rouge pour les flash back, les pastels pour le rêve.







La preview : https://www.bdgest.com/preview-1182-BD- ... mplet.html

[chris24]

Merci pour tes avis et le partage des quelques planches.
Je vais me mettre en quête de ces deux-là.

PS : j'ai noté mais c'est chiant de ne pas pouvoir mettre 4,5 étoiles. Ça mérite mieux que 4 mais pas 5 non plus quand même qui serait à réserver aux chefs d'œuvre... 4,5 c'est tout à fait ce que j'aurais attribué et ce que mérite l'ouvrage à mes yeux...

[Olaf Le Bou]

si je puis me permettre, si tu tombes dessus, celui-ci est tout à fait recommandable également :

[chris24]

OK noté.
La planche me fait penser à un mix entre Pedrosa de l'Âge d'or pour l'arbre et la végétation abondante et à Nancy Pena pour le motif aussi...

[Thierry_2]

De Presl, il n'y a que celui-là (le 4ème paru) qui est plus faible



mais c'est en réalité son premier livre, refusé par tout le monde avant d'être exhumé. Avec le recul, il n'était en effet pas encore tout-à-fait abouti, mais loin d'être raté.
En effet, Divine Colonie est extrêmement réussi. En le relisant, j'ai été frappé par tout ce qu'il réussit à transmettre uniquement à travers le dessin et la mise en scène. Malgré l'absence de dialogue, il arrive à traduire des sontiments complexes et les subtilités des relations humaines.

[DixSept]

Oyez ! Oyez ! Oyez ! La chronique est en ligne ... que cela soit dit !

[ubr84]

Face à tous ces retours enthousiastes j'ai eu envie de découvrir cet auteur.

Merci à vous

Et merci des conseils sur ces livres passés, j'en lirai surement plusieurs puisque apparemment

[A] chaque fois, (...) il parvient à se renouveler et à ne jamais donner l'impression de se reposer sur un savoir-faire.

[nexus4]

[happyclem75]

Un prochain album de Nicolas Presl est annoncé pour septembre sur le site d'Atrabile : La Jungle. https://atrabile.org/a-paraitre/
Le pitch promet encore du tout bon !