euh... si vous le dites a écrit:Cooltrane a écrit:Le Lac Aux Oies Sauvages : (Chine continentale) Au moment du partage des territoires de chasses de la pègre locale d’une mégapole de province (Wuhan, j’ai cru comprendre), une rixe entre « familles » fait des blessés dont un par balle. Lors du concours organisé pour départager les belligérants, la famille lésée tend un piège à la fautive et le bilan est de deux morts, dont un policier. S’en suit une interminable (proche de deux heures) chasse à l’homme (où les rares femmes jouent des rôles salvateurs pour le fugitif) qui se terminera autour du lac du titre, qui est pourtant un lieu de villégiature réunissant bien des strates de la société de l’empire du milieu. Parfois difficile de s’y reconnaître entre les forces de l’ordre (peu efficaces) en civil et la pègre voulant finir le travail commencé, il me semble que certains acteurs ont dû parfois s’y confondre aussi.
Bien que seulement moyennement violent, malgré le sujet du film, il est désolant de constater que le côté film de karaté y est assez présent. Niveau paysages et dépaysement, on est loin de la carte postale, car les égouts de bas-fonds obstruent la vue du touriste voyeur que nous sommes. Entre une bande son très présente, un côté esthétisant incertain, et des eaux sur toutes leurs formes (sauf glacées), le rythme est haletant, mais le scénario n’est pas des plus accrocheur, car il oublie de s’approfondir - ou du moins s’étaler un peu. Du coup, on regrette une certaine longueur générale et une série de scènes qui auraient pu sauter sans perdre une miette du fil de l’histoire. Difficile de croire que ce demi-navet à un reçu un ours d'or à Berlin. 5/10
Ah ben tiens, je pensais que tu racontais juste n'importe quoi à propos de la récompense qu'aurait remportée le film mais, à présent que je l'ai vu, je me rends compte que c'est en fait l'entièreté de ta chronique qui est du n'importe quoi...
Bon, reprenons quelques points de ton texte :
* "une bande-son très présente" : non, le film ne comporte en fait que très peu de musique extra-diégétique
* "un côté esthétisant incertain" : ça ne veut rien dire. Rien n'est formellement incertain dans ce film. S'il y a bien une chose que tout le monde accorde à Diao Yinan, même ceux qui n'aiment pas ses films, c'est une maîtrise de la mise en scène absolument extraordinaire. Et son chef op Dong Jingsong est un véritable sorcier. Le reproche que je peux toutefois entendre, ce serait celui d'un trop grand formalisme.
* "Parfois difficile de s’y reconnaître entre les forces de l’ordre (peu efficaces) en civil et la pègre voulant finir le travail commencé, il me semble que certains acteurs ont dû parfois s’y confondre aussi. " : je n'ai pas eu cette sensation une seule fois dans le film.
La mise en scène est limpide. Il suffit de se laisser porter par la mise en scène pour savoir constamment qui est qui, qui fait quoi, qui est où. Une gageure pour un film qui se déroule largement de nuit dans des extérieurs labyrinthiques et qui présente de nombreux personnages dont l'aspect et les noms pourraient susciter la confusion pour des spectateurs occidentaux.
* "où les rares femmes jouent des rôles salvateurs pour le fugitif" : ben non, en fait c'est le contraire.
La femme du fugitif est obligée de tuyauter la police (ce qui aboutit d'ailleurs à la mort de son frère) et la prostituée est obligée de le trahir pour le compte de son souteneur Hua Hua (qui trahit lui-même le fugitif)
S'il y a un rôle salvateur, c'est le fugitif lui-même qui le joue, lui qui s'obstine à vouloir que la récompense pour sa capture échoie à sa femme. Il y parviendra d'ailleurs, vu que cet argent permettra au final aux deux femmes d'échapper à leur condition. Très belle dernière scène d'ailleurs, celle d'une sororité solaire (une des seules scènes tournées en plein jour) en contrepoint total avec le monde masculin nocturne des bas-fonds où ne règne que la décrépitude morale.
* "Niveau paysages et dépaysement, on est loin de la carte postale, car les égouts de bas-fonds obstruent la vue du touriste voyeur que nous sommes." : hum... là, on atteint le niveau zéro de la chronique cinématographique
* "Bien que seulement moyennement violent, malgré le sujet du film, il est désolant de constater que le côté film de karaté y est assez présent." : ah ben non, le voilà seulement le niveau zéro.
Déjà, un film de karate en Chine, bof. Pour le touriste voyeur que nous sommes, avide de couleur locale, on parlera plutôt de film de kung-fu, mais bon, passons sur ce point...
On n'est absolument pas ici dans une esthétique qui rappelle en quoi que ce soit le cinéma d'art martial. La violence est sèche, abrupte, elle explose de manière impromptue.
Le film, par contre, revisite très consciemment l'esthétique du film noir (le clin d'œil à la scène finale des miroirs de La dame de Shanghai d'Orson Welles est très explicite) pour la transporter dans une Chine contemporaine en plein délitement moral.
Etc...
"Ca ne résout pas vraiment l'énigme, ça y rajoute simplement un élément délirant qui ne colle pas avec le reste. On commence dans la confusion pour finir dans le mystère."
Denis Johnson - "Arbre de fumée"