de Cooltrane » 10/04/2019 17:55
en vrac:
Yao: une gentille comédie en forme de carte postale sponsorisée par l'Office du Tourisme Sénégalais, où tout est beau (ce l'est) et tout va bien (çà, c'est moins sûr). Un comique (Omar Sy) issu de la banlieue parisienne se retrouve au Sénégal pour une tournée promotionnelle et en dehors de son hôtel cinq étoiles et du centre de conférence, il se croit sur une autre planète, rencontre un gamin du fond de la brousse (nommé Yao) et finira par retrouver ses racines en le reconduisant a casa (sans jeu de mot avec la hute, svp). Un bon conte de fée un peu trop sucré, bien trop prévisible (sauf que Sy n'en fait pas des tonnes), mais qui reste agréable à regarder, because le dépaysement et une échelle temporelle ralentie sous le tropique du Cancer (certaines scènes sont ahurissante, mais dans le bon sens). Aucun cliché touristique ne nous sera épargné (et ce compris la 504 en panne, mais qui tombe jamais en rade), la vieille griotte, le baobab, le corruption, les black-bounty, la prière dans la rue, le bus qui ne démarre qu'une fois rempli etc…
La galerie de portrait croisée, qui inclut la femme au bord du divorce et le gamin perdu entre ses parents, une malienne musicienne, qui aurait pu faire partie de Tinariwen (clichéééééé, quand tu nous tiens) , une ancêtre "qui sait", le taxi-brousse et les autres sont tous bien campés. De quoi presque attendrir les copains à Marine et les tenter de ne pas cracher sur le premier black croisé dans la rue. Faut pas chercher loin et en attendre trop, mais c'est assez plaisant, sans plus. 7/10
Leto: Russie. Fins des 70's et débuts des 80's, derrière le rideau de fer, la scène rock s'agite s'agite dans la plupart des pays satellites, mais aussi à Moscou, même si c'est sous l'œil de la censure du parti. Peu d'occidentaux le savent, mais le rock a bien pris vie au milieu des 70's, avec des bonheurs divers selon les pays - par ex, le leader Tchèque des Plastic People Of The Universe a passé presque 10 ans derrière les barreaux pour ses concerts illégaux. Cette histoire est forcément romancée, mais les personnages principaux sont (en principe) réels. Le contexte historique de l'URSS d'un Brejnev mourant est présent, mais moins oppressant que l'on ne l'aurait imaginé à l'ouest du mur. Dans la seconde capitale russe (Leningrad), un groupe de rock se réclame "punk" (mais on est plutôt dans le Glam-Rock de Bowie et Lou Reed) et son charismatique leader sait ouvrir les portes des ministères, se faire enregistrer, faire la nouba de façon un peu hippie sur les plages de la Baltique, donner sa chance à un chanteur folk taciturne et manifestement d'origine sibérienne-altaïque-coréenne (l'acteur étant de nationalité allemande), se trouver des piaules dans les maisons bourgeoise pétrogradiennes (on ne voit pas une seule tour-cage à lapin communiste) où la vie bohème semble être de rigueur et le tout est parsemé d'un triangle amoureux entre la compagne du héros et le nouvel arrivant sur la scène. Bref un contexte plutôt relâche (Leto voulant dire "été" en Russe) et des jeunes assez au fait de ce qui passe sur les ondes occidentales et libres de leurs mouvements. On a droit bien sûr à des contrôles de gardien de la révolution, mais l'ensemble est moins sinistre, malgré le noir & blanc du long-métrage. On a droit à quelques bribes de couleurs, notamment dans des clips vidéos assez divertissants, mais dans les concerts aussi. C'est instructif, mais quand on en attendait monts et merveilles (surtout d'après les échos cannois) de ce vétéran du cinoche russe Serebrennikov, on ne peut qu'être un peu déçu par le manque de hargne de l'histoire et la vague d'espoir soulevé pour deux fois rien – ou si peu. 8/10
PS: il est intéressant de noter que les deux principaux artistes n'auront pas vécu longtemps dans la Russie d'Eltsine, tous deux trouvant la mort une décennie après les années décrites dans le film.
Mieux vaut tapis Persan volé que tapis volant percé (Uderzo.... et oui, pas Goscinny)