Depuis le temps qu'on dit que c'est la crise dans la BD !
Toutes les raisons (économiques) ont été évoquées, pour expliquer en quoi c'est la crise.
Mais pour moi, la raison principale qui fait qu'un auteur a du mal à vivre de sa BD, c'est :
-le manque de
talent-le manque de
rapiditéLe manque de talent :il faut le dire, tout le monde n'est pas appelé à devenir dessinateur ou scénariste de BD !
il y a les excellents et les moyens (je ne dirai pas qu'il y a des nuls, même si des fois...)
Et surtout, trop de gens s'essayent à la BD, qui n'ont pas le niveau.
à inonder le marché de BD moyennes, les éditeurs n'obtiennent pas le retour qu'ils attendent, et les auteurs ne sont pas assez rémunérés ; mais leur oeuvre ne méritant pas mieux, ils n'obtiennent que ce qu'ils méritent.
c'est plus embêtant pour les excellents, qui sont un peu noyés dans la masse, et qui subissent ce nivellement des revenus par le bas.
avec de l'obstination, les excellents ressortiront toujours du lot, mais en auront-ils les moyens financiers (de patienter jusqu'à la reconnaissance) ?
Le manque de rapidité :il se trouve que je lis depuis quelques semaines "Hergé : chronologie d'une oeuvre".
c'est fou comme on demandait à Hergé de produire vite et bien, pour diverses revues, supports. Il faisait de la BD, de l'illustration pour des livres ou des revues, des affiches publicitaires pour des grands magasins, etc...
Il se devait de travailler vite et bien.
c'était le cas de tous les dessinateurs de cette époque (avant et après guerre, jusqu'à l'avènement des albums et la disparition progressive des revues de bande dessinée).
et dans ces conditions, seuls les bons et les excellents survivaient. Il fallait qu'à peine la prépublication d'une histoire terminée dans les "Spirou" ou "Tintin" magazine, une nouvelle histoire commence.
Le rythme de parution des albums a permis aux auteurs de disposer de plus de temps pour créer, mais cela n'a pas forcément amené plus de qualités aux oeuvres, et donné le droit à des auteurs très moyens de publier (combien sommes-nous à nous être fait piéger par de mauvais albums qu'on regrettait d'avoir acheté ?).
Je sais que certains vont dire que je schématise, et je le reconnais.
Mais enfin, c'est quand même l'abondance d'albums (et donc d'auteurs) qui reduit les revenus moyens par auteur, car le gateau reste globalement toujours le même à se partager, le lectorat (la demande) n'ayant pas explosé sur la même période.
Et le choix d'une BD plus adulte, au détriment des oeuvres s'adressant autrefois à tous les publics et à commencer par les plus jeunes, a aussi limité le volume des ventes. Et donc les revenus des auteurs.