Titre Fenetre
Contenu Fenetre
Connexion
  • Se souvenir de moi
J'ai oublié mon mot de passe

C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition - 2010-2021

Pour discuter de tous les sujets généraux autour de la bande dessinée, des libraires, des éditeurs et des auteurs

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Xavier Guilbert » 02/08/2019 17:43

Message précédent :
yannzeman a écrit:et vous le dites, l'Eglise n'a pas de pouvoir régalien (ni législatif, ni exécutif), mais peut communiquer, comme toute autre institution, groupe économique, association, lobby, etc...
ca, c'est la vie démocratique.

C'est hors-sujet (quoique), mais la démocratie ne veut pas dire que c'est open-bar pour tous et pour n'importe quoi.
La démocratie, c'est qu'on se met d'accord sur des règles de fonctionnement de société, et qu'ensuite on s'y tient. Par exemple, l'idée que tout le monde paye des impôts pour financer des projets qui bénéficient à tous; ou l'idée que l'on condamne les appels à la haine raciale. Malheureusement, nous avons depuis des années une classe politique professionnelle, et l'idéal de représentation des souhaits du peuple a progressivement été remplacé par des intérêts personnels, ce dont les lobbies se frottent les mains.
Mais je digresse.
Avatar de l’utilisateur
Xavier Guilbert
BDéphile
BDéphile
 
Messages: 1168
Inscription: 29/01/2007
Localisation: Paris
Age: 52 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 02/08/2019 17:58

Xavier Guilbert a écrit:
yannzeman a écrit:et vous le dites, l'Eglise n'a pas de pouvoir régalien (ni législatif, ni exécutif), mais peut communiquer, comme toute autre institution, groupe économique, association, lobby, etc...
ca, c'est la vie démocratique.

C'est hors-sujet (quoique), mais la démocratie ne veut pas dire que c'est open-bar pour tous et pour n'importe quoi.
La démocratie, c'est qu'on se met d'accord sur des règles de fonctionnement de société, et qu'ensuite on s'y tient. Par exemple, l'idée que tout le monde paye des impôts pour financer des projets qui bénéficient à tous; ou l'idée que l'on condamne les appels à la haine raciale. Malheureusement, nous avons depuis des années une classe politique professionnelle, et l'idéal de représentation des souhaits du peuple a progressivement été remplacé par des intérêts personnels, ce dont les lobbies se frottent les mains.
Mais je digresse.


je suis doublement d'accord avec vous.
sur le pouvoir grandissant et insupportable des lobbys qui profitent de l'affaiblissement des démocraties, et sur le fait que vous (et moi) digressez ! ;)
yannzeman
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 5379
Inscription: 25/11/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 02/08/2019 22:08

Si tout le monde est d'accord, on va s’arrêter là.
Avatar de l’utilisateur
nexus4
Administrateur du site
Administrateur du site
 
Messages: 63732
Inscription: 19/08/2003
Localisation: Colonies Jupiter
Age: 56 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede chris24 » 02/08/2019 22:13

:lol:
.
.

« Dans un art narratif, le plus important c'est la narration. Le dessin est là pour être un outil par rapport à cette narration » Bastien Vivès
« Le monde est une immense roue en mouvement. Il faut être fou pour courir dans une roue » Jérémie Moreau
chris24
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 3754
Inscription: 17/03/2009
Age: 51 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Anianka » 05/08/2019 12:58

j avoue que j'ai zappé qq pages apèrs mon retour de vacances, mais les éditeurs ont souvent bon dos de dire que le diffuseur coute cher, mais en réalité, la plupart des gros éditeurs ont des filiales chargées de diffuser, donc c'est faciled e dire à l'auteur qu'en tant qu'éditeur, ils ne font pas bcp de marge, quand ils s'auto facturent la diffusion au prix qui les arrangent, et j'ai comme dans l'idée qu ils se font une bonne marge sur la diffusion, et donc que les albums non vendus finissent par rapporter de l'argent à leurs filiales de diffusion/distribution, sans avoir besoin de verser quoi que ce soit aux auteurs, d'où le fait que la surproduction ne gène pas les éditeurs tant que ça.
Avatar de l’utilisateur
Anianka
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 9690
Inscription: 04/01/2012
Localisation: Tours
Age: 42 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Lapin Moutarde » 08/08/2019 20:15

Anianka a écrit:j avoue que j'ai zappé qq pages apèrs mon retour de vacances, mais les éditeurs ont souvent bon dos de dire que le diffuseur coute cher, mais en réalité, la plupart des gros éditeurs ont des filiales chargées de diffuser, donc c'est faciled e dire à l'auteur qu'en tant qu'éditeur, ils ne font pas bcp de marge, quand ils s'auto facturent la diffusion au prix qui les arrangent, et j'ai comme dans l'idée qu ils se font une bonne marge sur la diffusion, et donc que les albums non vendus finissent par rapporter de l'argent à leurs filiales de diffusion/distribution, sans avoir besoin de verser quoi que ce soit aux auteurs, d'où le fait que la surproduction ne gène pas les éditeurs tant que ça.

analyse des plus pertinentes..ça me conforte dans l'idée que les éditeurs, au final prennent peu de risques, c'est pourquoi les auteurs finiront par s'en passer, vous verrez [:flocon:2]
Avatar de l’utilisateur
Lapin Moutarde
BDémoniaque
BDémoniaque
 
Messages: 755
Inscription: 27/12/2008
Age: 55 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede tzynn » 27/08/2019 14:50

J'ai vu que la fête de la bd a aussi ses prix, mais pour une fois associés à des dotations sympas... Angoulême devrait faire cela aussi.

https://fetedelabd.brussels/prix-atomium

Cette année, on se doute que "le Prix de Bruxelles récompense un auteur qui a su mettre en avant Bruxelles dans son travail" risque fortement d'aller à Schuiten :D
Avatar de l’utilisateur
tzynn
Modérateur
Modérateur
 
Messages: 14134
Inscription: 16/07/2003
Localisation: Waterloo

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 29/08/2019 11:07

« Ma ligne éditoriale ? C’est qu’il faut que ça me plaise. » - Entretien avec Arleston :

Image
Avatar de l’utilisateur
nexus4
Administrateur du site
Administrateur du site
 
Messages: 63732
Inscription: 19/08/2003
Localisation: Colonies Jupiter
Age: 56 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Anianka » 29/08/2019 14:56

je trouve ça étonnant que Arleston n'ai pas encore sorti de BD plongeant dans la mode Isekai des manga (téléporté/réincarné/... dans un autre monde, souvent de HF et/ou de jeux video).
ca me semble pourtant pleinement dans sa gamme éditoriale.
Avatar de l’utilisateur
Anianka
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 9690
Inscription: 04/01/2012
Localisation: Tours
Age: 42 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nexus4 » 29/08/2019 15:07

Ben c'est pas Ekho, ça ?
Avatar de l’utilisateur
nexus4
Administrateur du site
Administrateur du site
 
Messages: 63732
Inscription: 19/08/2003
Localisation: Colonies Jupiter
Age: 56 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Anianka » 29/08/2019 15:42

nexus4 a écrit:Ben c'est pas Ekho, ça ?

pas faux, je l'avais oublié celui là, j ai lu que les 2 premiers tomes, et il ne me semble pas qu'il y ai des masses d'histoire de fond non ? c'est une série à épisodes quasi indépendant non ?
Avatar de l’utilisateur
Anianka
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 9690
Inscription: 04/01/2012
Localisation: Tours
Age: 42 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede ubr84 » 29/08/2019 16:04

L'interview est super intéressante merci !

Je ne pense pas trop être client de cette nouvelle structure mais je lui souhaite réussite vu l'état d'esprit dans laquelle elle est montée.
J'aime beaucoup l'idée de prendre des auteurs de roman et de les former aux spécificités de la BD.
Ca peut donner des choses intéressantes :ok:

Là comme ça je pense à Bouche d'ombre écrite par une vraie grande romancière reconnue.
Je pense aussi aux BDs de Benaquista que j'ai toujours aimé même si elles ont toutes un petit quelque chose qui ne fonctionne pas je trouve (peut-être justement que si Benaquista avait pu être accompagné par un Arleston ça aurait rendu mieux ?).

Bref bravo pour l'initiative et pour la cohérence sur les sujets statuts des auteurs !
Avatar de l’utilisateur
ubr84
Romuald
Romuald
 
Messages: 9509
Inscription: 28/03/2014

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Keorl » 29/08/2019 19:02

Je plussoie, très intéressant !

Quelques questions que je me suis posé :
- J'aurais aimé lire son avis sur la question de la surproduction, du nombre toujours plus grand de titres qui sortent et doivent se partager le porte-monnaie du lecteur. Au fond, une nouvelle maison d'édition qui va chercher de nouveaux auteurs, c'est un risque de ce point de vue.

- Même si c'est hors sujet, j'aurais bien aimé son avis de 2019 sur le futur d'Askell :D

- "Ythaq on en est au tome vingt et quelques". C'est lui qui s'est trompé de 10, ou il y a déjà un tas de tomes dans les tuyaux ? Le prochain à paraître est le tome 16 si je ne m'abuse.
Keorl
BDGestiste
BDGestiste
 
Messages: 2695
Inscription: 17/11/2017
Localisation: Grenoble
Age: 36 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede crepp » 29/08/2019 19:08

petite comparaison sur comment commander un livre dans une librairie, en Allemagne et en France :

Avatar de l’utilisateur
crepp
Abraracourcix
Abraracourcix
 
Messages: 7640
Inscription: 11/12/2002
Localisation: Proche de Merlin
Age: 52 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede fanche » 29/08/2019 19:45

Moui, en gros si ça ne marche pas en France c'est parceque les travailleurs ont des droits et un salaire minimum alors qu'en Allemagne ils s'en foutent. Super la mentalité, tout ça pour gratter 3 jours pour des clients pressés. Putain mais elle est en phase terminale de cancer généralisé pour ne pas pouvoir attendre à ce point?
Avatar de l’utilisateur
fanche
Maître BDGestiste
Maître BDGestiste
 
Messages: 15856
Inscription: 21/05/2015
Localisation: Melmac
Age: 48 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede nerghal » 13/09/2019 09:33

nerghal
BDémentiel
BDémentiel
 
Messages: 378
Inscription: 03/01/2014

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede toine74 » 01/10/2019 16:27

Je me permets de copier un message de Mäel Monnet des éditions Rouqemoute qui illustre bien les aléas d'un petit éditeur. En bonus, ce lien où il présente sa philosophie et, en bas de page, la structure de rémunération des auteurs. Ce n'est pas de la pub (enfin pas que :D ), mais un exemple concret et chiffré, ce qui n'est pas courant. (Les passages en gras sont de moi).

Bouzard rules !

Bonne nouvelle : les préventes de La Grande Aventure, le nouvel album de Guillaume Bouzard, vient de dépasser le cap symbolique des 200 préventes sur Kisskissbankbank ! Avec, à la fin de cet email, un dessin inédit reçu hier soir.

Ce projet éditorial revêt un caractère particulier puisqu'après le CONversations de Jorge Bernstein et Fabcaro, c'est le second livre à bénéficier d'un tirage aussi élevé (6000 exemplaires), ce qui nécessite un gros investissement financier à l'échelle de la maison d'édition. Car la chaîne du livre est ainsi faite : nous devons payer nos imprimeurs, Pollina, avant de recevoir le fruit des ventes de ce que l'on appelle la "mise en place" en librairies, c'est-à-dire les exemplaires commandés par les libraires au jour de la date de sortie officielle.

Pour être tout à fait concret et transparent, cela signifie que nous allons payer la facture d'impression de La Grande Aventure à Pollina fin décembre 2019 alors que nous recevrons un premier règlement de nos diffuseurs, BLDD Images, quatre mois après la date de sortie officielle (prévue le 8 novembre), soit en mars 2020. Conséquence : c'est toujours la maison d'édition qui avance les fonds malgré une trésorerie par définition fragile. Et ce, dans un secteur économique plus que tendu et soumis à l’aléatoire : il suffit qu'un album ne suscite pas d'intérêt particulier de la part des libraires (qui sont eux-mêmes en première ligne et subissent la surproduction : beaucoup trop d'albums sortent chaque année, les rayonnages craquent !) pour que sa durée de vie se limite à quelques jours chez eux.

Et encore, je n'ai pas encore abordé la question des retours... Nous devons rembourser les libraires dès qu'ils retournent des livres invendus au diffuseur, qu'importe d'ailleurs l'état des exemplaires. Pour vous donner un exemple concret : il arrive que la rentrée financière liée à la mise en place d'un livre en librairies ne compense uniquement ce coût des retours. Je prends un cas concret : quatre mois après la sortie des Confessions d'un puceau de Dav Guedin en librairies, le règlement des ventes lié à la mise en place en librairies de l'album a été absorbé quasi en totalité par les retours que nous devions rembourser ce mois-ci. Difficile de faire tourner une entreprise culturelle dans un tel contexte. Comment financer le prochain projet éditorial dans une telle situation ?

D'où le pari de notre modèle économique avec le recours systématique aux préventes. Son objectif est double : en amont des sorties officielles, communiquer sur nos livres pour les faire vivre avant même qu'ils ne soient fabriqués ; et financer tout ou partie des coûts d'impression afin d'avoir une trésorerie toujours positive. Cela fait trois années qu'on l'expérimente et à ce jour, la maison d'édition n'a aucune dette, que ce soit auprès de nos imprimeurs ou de nos auteurs, malgré parfois de gros gadins en librairies sur certains titres. À ce sujet, il y a une moyenne qui semble constante : sur dix livres parus à l'année, sept sont déficitaires ou s'autofinancent tout juste, deux fonctionnent mieux et renflouent et un seul cartonne au point d'être la locomotive qui permette à l'ensemble de continuer à avancer sans dérailler.

Cela me tient à cœur de faire la démarche d'expliquer l'envers du décor, ce que l'on ne voit pas quand on est simplement lecteur, la "sauce interne" comme on dit d'une maison d'édition, de raconter comment ce système économique fonctionne sous notre angle et, au-delà du projet éditorial et culturel dans son ensemble, quels sont les défis économiques et pragmatiques que nous avons à relever. Parce qu'au final, éditer des livres et des bandes dessinées d'humour, c'est aussi une affaire sérieuse si l'on veut exister à long terme et défendre un catalogue.

C'est pourquoi ces préventes de La Grande Aventure sont singulières, avec un auteur, Guillaume Bouzard, qui n'a certainement pas besoin de Rouquemoute pour vivre mais qui fait la démarche de nous faire confiance et de donner de son temps et de sa personne pour que nous puissions créer ensemble un superbe album. Je ne suis pas naïf, je me doute bien que Guillaume a conscience du geste qu'il fait : il est évident que son album va entraîner des rentrées financières importantes. Il va donner une visibilité bien plus grande à l'ensemble de notre catalogue et à la maison d'édition de manière plus générale. En termes de notoriété, le fait d'être l'éditeur qui publie son nouvel album est un atout indéniable, voire inespéré, après seulement trois années d'existence. J'en ai pleinement conscience et je le remercie avec une profonde sincérité car grâce à lui, nous allons aussi pouvoir prendre plus de risques sur nos albums à venir qui seront bien plus difficiles à défendre malgré de solides qualités éditoriales. Parce que tout le monde n'a pas la notoriété d'un Bouzard, c'est con à dire mais c'est essentiel de le rappeler.

J'ai prévenu Guillaume dès le début de la campagne que si l'on ne limitait pas le nombre de dédicaces, il risquait d'en avoir une palanquée à faire. J'attends toujours une réponse de sa part à ce sujet... Mieux, il m'envoie ce dessin drôle, malin et tout en autodérision, chargé de générosité, de gentillesse et d'encouragements. Même si la quantité de dédicaces à réaliser reste proportionnelle au montant de droits d'auteur versé à l'issue des préventes (avec un pourcentage majoré à 20% du montant HT collecté comparé à ceux de la vente en libraires qui oscillent de 8 à 12% en fonction du nombre d'exemplaires vendus), cela représente quand même un gros boulot à réaliser.
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

José Carlos Fernandes
Avatar de l’utilisateur
toine74
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 22438
Inscription: 02/12/2007
Localisation: Sherbrooke
Age: 50 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede fancomvous » 02/10/2019 06:49

Intéressant.
Et respect à Bouzard.
"De grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités..." Benjamin PARKER

"Regardez là-haut! Est-ce un avion? Est-ce un oiseau? - Non, c'est Superman!" Deux passants, sur un trottoir de Metropolis...
Avatar de l’utilisateur
fancomvous
Expert BDGestiste
Expert BDGestiste
 
Messages: 10540
Inscription: 20/04/2007
Localisation: DLCDS.

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede Karzak » 02/10/2019 10:00

Un grand merci toine, c'est vraiment intéressant. La "crise", c'est encore ses acteurs (victimes) qui en parlent le mieux.

Je ne suis pas vraiment surpris par la phrase suivante, mais faut quand même bien avouer que présenté comme ça, tout ne tient tellement qu'à un fil ... :

À ce sujet, il y a une moyenne qui semble constante : sur dix livres parus à l'année, sept sont déficitaires ou s'autofinancent tout juste, deux fonctionnent mieux et renflouent et un seul cartonne au point d'être la locomotive qui permette à l'ensemble de continuer à avancer sans dérailler


Il y a un petit passage qui m'interroge :

il suffit qu'un album ne suscite pas d'intérêt particulier de la part des libraires (qui sont eux-mêmes en première ligne et subissent la surproduction : beaucoup trop d'albums sortent chaque année, les rayonnages craquent !) pour que sa durée de vie se limite à quelques jours chez eux.


En vérité, ça me réinterroge sur la question, parce que j'y ai déjà "réfléchi" et c'est surtout quelque chose que je lis régulièrement. Je ne sais toujours pas quoi en penser. Il semble bien sûr qu'il y ait trop de sorties. Si je regarde les rayonnages en librairie, et sur la base de mes goûts, je peux facilement identifier ce que je considère comme étant des "daubes". Mais le problème, c'est que c'est subjectif, ce que je considère daube sera peut-être intéressant pour d'autres. Et encore, je ne parle même pas de ce qui n'est ni une daube, ni pour autant une "grande BD" d'un point de vue graphique et scénaristique, mais parle à un public large et a donc toute sa place (les aventures de LL d'après Morris, les derniers Astérix, par exemple, y a pas de quoi sauter au plafond mais c'est pas "mauvais", et surtout pas mauvais au point de ne pas devoir exister du tout, et ça fait lire de la BD ...).

Bref, tout ça pour dire : comment on fait ? Comment on limite ? Sur quelle base ? Ne prend-on pas le risque de passer à côté de talents qui pourraient émerger ? Le limitation ne va-t-elle pas profiter aux auteurs déjà en place au risque de sacrifier une génération de talents potentiels ?

Je me pose ces questions notamment parce qu'en l'espèce, on parle de Bouzard. Alors, bon, je le dis tout de suite : je n'ai lu aucun de ses albums (ah si, son Jolly Jumper) et je ne le connais que par ses dessin dans la presse, essentiellement dans le Canard que je lis régulièremnt, mais sur cette base là (très limitée), j'adore ce qu'il fait. Toujours est-il qu'en regardant très rapidement, on peut voir qu'il en est, à la louche, à une grosse vingtaine d'albums. Alors bon, c'es pas si démentiel que ça, surtout en une vingtaine d'années de carrière, ça fait jamais qu'un album par an, mais tout de même, on peut se poser la question : pourquoi, dans ce contexte de surproduction, éditer une vingt-cinquième ou vingt-sixième Bouzard serait plus pertinent qu'éditer autre chose ? En vérité, il y a un tas de bonnes raison, notamment la qualité de son travail que je ne remets pas du tout en cause bien-sûr. N'empèche que j'arrive toujours pas à m'imaginer qui et comment on pourrait limiter le nombre d'albums.

Vos lumières sotn les bienvenues ! :-D
"Vous pouvez parler en toute franchise. Pour faire court, vous êtes ici chez les salopards, hein, c'est admis. On n'a pas des idées bien jojos et on n’a pas peur de le dire ! On fomente, on renégate, on laisse libre cours à notre fantaisie..."
Avatar de l’utilisateur
Karzak
BDGestiste Confirmé
BDGestiste Confirmé
 
Messages: 8554
Inscription: 14/11/2018
Localisation: Angleon
Age: 99 ans

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede yannzeman » 02/10/2019 17:00

nerghal a écrit:https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/le-succes-insolent-de-la-bd-sur-un-marche-de-ledition-languissant-1130842

Interessant...


drôle de définition du roman graphique :

ces bandes dessinées qui laissent beaucoup plus de place au texte

Je dirai, au contraire, que les RG laissent plus de place aux silences qu'aux textes qui sont l'apanage des BD classiques.

Quant à la croissance, +47 %, c'est bien, mais quand on part de plus bas, ça ne veut pas forcément dire quelque chose.
Vendre habituellement 5 romans graphiques et 100 bd classiques, et d'un seul coup vendre 10 romans graphiques et 110 bd classiques, ça donne bien 50% de croissance pour les RG mais en nombre de ventes, ça reste minoritaire.

Article fourre-tout, au final.
yannzeman
BDGestiste Avancé
BDGestiste Avancé
 
Messages: 5379
Inscription: 25/11/2015

Re: C'est la crise ? Auteurs et monde de l'édition

Messagede toine74 » 02/10/2019 17:16

Karzak a écrit:...

Bref, tout ça pour dire : comment on fait ? Comment on limite ? Sur quelle base ? Ne prend-on pas le risque de passer à côté de talents qui pourraient émerger ? Le limitation ne va-t-elle pas profiter aux auteurs déjà en place au risque de sacrifier une génération de talents potentiels ?

...


Bravo, tu viens de décrire le dilemne permanent dans lequel vie un éditeur :lol: .

Si tu te lances dans un projet, c'est que tu tu as choisi un thème qui te botte et que tu y crois. Dans le cas de Rouquemoute, c'est l'humour adulte plus ou moins underground (Psikopat, Fluide, etc.). A partir de ce choix éditorial, tu montes ton catalogue et comme tu n'as pas de sous, tu bricoles (rééditions de vieux machins pas chers, tentatives de faire des coups (le Facaro est une grosse blaque, il n'a fait qu'un seul dessin qui est dérivé dans tout le bouquin) ou le Bouzard dont il est question) et, de temps en temps, tu proposes quelque chose d'un peu différent auquel tu crois encore plus (Le journal d'un puceau doit entrer dans cette catégorie, mais je ne suis pas dans la tête Mäel). Au final, tu espère que tout s'équilibre et que tu n'es pas tout seul à apprécier ces auteurs. Tu joues à la roulette dans un cadre (financier, thématique) que tu t'es imposé. Après c'est Inch'Allah et la queue du mickey.
« Les gouvernants ont décidé de retarder la concrétisation de l'utopie tant que les citoyens ne seront pas parvenus à un consensus. »

José Carlos Fernandes
Avatar de l’utilisateur
toine74
Grand Maître BDGestiste
Grand Maître BDGestiste
 
Messages: 22438
Inscription: 02/12/2007
Localisation: Sherbrooke
Age: 50 ans

PrécédenteSuivante

Retourner vers Généralités sur la Bande Dessinée

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités