Marrante celle là, on les sent nerveux.
Samedi dernier, lors de la manifestation de convergence des luttes à Nantes, trois militants ont été interpellés alors qu’ils chargeaient un homard géant en papier mâché, destiné à rejoindre le cortège. Le procureur demandait l’ouverture d’une information judiciaire pour « association de malfaiteurs ». Le juge d’instruction n’a pas suivi.
.../...
Personne n’aurait cependant pu imaginer l’affaire du homard. Pensé comme un clin d’œil ironique aux frasques de l’ancien ministre François de Rugy, de retour à Nantes comme député, ce homard géant de papier mâché et polystyrène avait été longuement préparé par des militants.
A peine le crustacé est-il sorti de la Maison du peuple, son lieu de fabrication, qu’une quinzaine de policiers cagoulés encerclent le véhicule s’apprêtant à le transporter. « Ils ont mis cinq personnes face à un mur, se souvient une femme, témoin de la scène. Une des personnes criait : “Mais c’est un homard !” La porte du camion était ouverte, j’ai regardé et vu un gros homard style carnaval. Les voisins autour s’étonnaient aussi de ce qui ressemblait presque à un dispositif antiterroriste. Une des personnes criait qu’on lui faisait mal. »
Trois des cinq convoyeurs sont alors placés en garde à vue, après une fouille du véhicule. Dans le camion, outre le surprenant animal, les forces de l’ordre découvrent des ballons gonflables (en forme de homard !) et une banderole « Surprise », « qui devait surplomber le homard », explique une des personnes interpellées, sortie de garde à vue lundi.
Pierre Sennès, procureur de la République de Nantes, souhaitait ouvrir une information judiciaire contre les trois transporteurs de homard, pour « association de malfaiteurs en vue de commettre des dégradations sur des bâtiments publics ».
Finalement, le juge d’instruction ne suivra pas la demande du procureur : présentés au juge hier après-midi, les trois convoyeurs de homard sont ressortis libres, sans mise en examen ni contrôle judiciaire.