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FEROCE

21/03/2005 19 planches

Grand Nord. Un homme seul marche au milieu des glaces. C'est un viking, c'est un guerrier. Il fuit un monstre ayant décimé la plupart de ses compagnons sans qu'on puisse jamais le voir. Mais lui-même, l'homme, qui est-il ? Quel est ce passé qui revient soudain à la surface ? Pourra t'il retrouver une parcelle d'humanité grâce à l'aide de ce couple d'inuits qui l'accueil et soigne ses blessures ? Trois ans après "le Dérisoire" (Alph Art du Meilleur Dessin 2003), Eric Omond et Olivier Supiot nous reviennent pour un nouvel One-shot. BDGest' braque ses projecteurs sur ce Féroce à travers une exposition de documents inédits et une interview du dessinateur. Une histoire épique aux couleurs éclatantes de jaune et de rouge qui ne laisse pas indifférent.


A l’occasion de la sortie de son nouvel album Féroce, dans la collection « carrément BD » (éditions Glénat), Olivier Supiot nous parle de l’élaboration de ce récit d’un viking fuyant un monstre inconnu dans le Grand Nord.

Olivier Supiot : Féroce c’est avant tout une aventure avec Eric Omond. Suite au Dérisoire, on s’est posé la question de ce qu’on allait faire. J’ai proposé à Eric de faire une histoire de barbares et nous sommes partis là-dessus. Et puis de fil en aiguille, on s’est dit pourquoi ne pas faire un « Carrément BD » qu’on trouvait intéressants par rapport au thème.
Eric a commencé à faire un premier synopsis qu’il m'a présenté, mais qui ne me plaisait pas. On en a beaucoup discuté ensemble. C’est ça qui est intéressant avec Eric, c’est de travailler dans un véritable sentiment de confiance, et j’ai trouvé la deuxième mouture très intéressante. On est partis là-dessus.

BDGEST’ : Quelles ont été tes attentes par rapport à ce nouvel album ?

OS : En fait, j’avais envie d’aventure, quelque chose d’épique. Dans Le Dérisoire il y avait une sorte de lenteur due au fait qu’il se passait dans un endroit clos. Sur Féroce, on partait sur de grands espaces. En même temps j’avais envie de dessiner des choses que je n’avais jamais faites.

BDG’ : Féroce est une histoire de vikings qui se passe dans le grand Nord.

OS : Oui, c’est avant tout une histoire d’hommes. C’est vraiment la rencontre entre deux peuples. D’un côté un viking, de l’autre des inuits.

BDG’ : La différence de culture est importante ?

OS : Je trouvais ça intéressant car ce type de rencontres a vraiment existé. Ce sont deux cultures qui sont très dures. C’est aussi lié au climat. J’avais envie de confronter deux univers bien différents dans leur mythologie, leur culture, et voir comment on pouvait articuler un récit autour de ça. Eric a fait une histoire qui correspond bien à ça.
BDG’ : Les deux cultures, c’est le culte de la guerre d’un côté et le respect de la nature de l’autre.

OS : C’est vrai que le respect de la nature est très important chez les inuits. Ce sont des chasseurs. Un homme important chez eux, qui réussit, c’est un bon chasseur.
Chez les vikings c’est différent.
Là on est partis sur le côté guerrier de ce peuple, mais ce ne sont pas que des guerriers. A la base ce sont des marchands, de grands voyageurs. Tu parlais de poésie dans Le Dérisoire, mais je trouve qu’il y aussi beaucoup de poésie dans l’univers des vikings. Quand on parle d’un capitaine de knorr (c’est le véritable nom des drakkars, mais on a mis drakkars pour simplifier même si ce n’est pas le terme exact), chez les vikings on ne dit pas « capitaine », mais « celui qui montre le chemin ». Il y a plein de mots vachement beaux où l’on voit bien qu'ils ont aussi une culture de poésie. Ils ont écrit énormément de textes, des «sagas » sur des périodes épiques qui sont très belles.


BDG’ : Comment avez-vous abordé cette histoire avec Eric ? OS : On a beaucoup parlé. C’était intéressant de confronter nos deux avis. On est parti sur quelque chose d’assez violent pour être logique par rapport au récit. Le personnage a un passé assez lourd, sur son côté violent, guerrier. J’ai fait confiance à Eric, même si sur certaines choses nous n’étions pas toujours d’accord (rires). Même en cours de réalisation, c’était en perpétuelle évolution, nous étions constamment dans l’échange ; c’est ce qui est agréable en bossant avec lui.

BDG’ : Féroce n’est pas qu’une confrontation entre deux cultures, c’est aussi l’histoire d’un homme…

OS : Oui, je dirais presque que c’est surtout ça. C’est l’histoire d’un homme qui change.

BDG’ : Comment tu définirais la personnalité de Bodvard ?

OS : C’est assez illustré au début de l’album, quand on le voit arriver sur la banquise et qu’il se retrouve face à l’ours : c’est un homme qui est perdu face à l’immensité, et en même temps il est confronté à des choses qui le dépassent sans s’en rendre compte tout de suite.

BDG’ : Il y a un élément qui est important dans l’album : le personnage principal n’a jamais peur. Il répond par la violence à tout ce qui se dresse devant lui.

OS : Au début, oui. Pour prendre un exemple, chez les vikings, quand les jeunes garçons doivent s’entraîner pour devenir des guerriers, les anciens se mettent derrière des espèces de barricades de troncs de bois, et il faut que les jeunes essayent de passer par-dessus. Donc ils leurs tapent dessus. Il faut se dépasser et dépasser les aïeux pour être fort. Ils sont habitués à s’adapter pour survivre et montrer qu’ils sont les plus forts.

BDG’ : Est-ce que c'est quelque chose que vous avez vous même ressenti, Eric ou toi ?

OS : Dans la vie on est confronté à des évènements, et finalement on s’adapte à eux. Ce qui est important pour moi, c’est de se fixer une ligne de conduite et de ne pas y déroger.
BDG’ : Graphiquement, comment as-tu abordé cette histoire ?

OS : C’est de la couleur directe. Il y a quand même un changement technique par rapport au Dérisoire. Sur le Dérisoire j’avais volontairement travaillé sur un papier gris vu qu’il y avait un côté enfermement. Le fait de travailler sur un papier sombre donne déjà une impression de claustrophobie.
D’entrée de jeu, dans Féroce, je me suis dis qu’il fallait absolument prendre un papier blanc pour montrer qu’il y a de l’espace et de la lumière. Et il y a effectivement la difficulté du décor, puisqu’on est beaucoup sur la neige. Et elle n'est pas toujours blanche. Je n’avais pas envie que ça soit tout le temps blanc. Eric m’a fait confiance (c’est très agréable) et on est partis sur quelque chose d’assez onirique, même si on est dans une forme de réalité. On s’est donc permis quelques libertés sur les couleurs.

BDG’ : Il y a des ambiances parfois très déconcertantes, des pages extrêmement jaunes et rouges, d’autres qui sont mauves. C’étaient des expérimentations pour des travaux futurs ou ce sont des techniques apprises par Marie Frisson ou Le Dérisoire ?

OS : C’est vrai que ce qui est super avec Marie Frisson, c’est que déjà on peut s’amuser à chaque page vu que dans un univers imaginaire on peut se permettre d’aller dans des choses complètement folles. Pour Féroce, la difficulté était qu’on est dans un semi-réalisme. Il faut que cela soit crédible et en même temps l’important c’est l’expression, ce qu’on raconte. Effectivement, parfois on va avoir des couleurs violettes ou mauves, alors que ce ne sont pas celles qui viendraient à l’esprit dans la réalité. On se sert plus des couleurs comme moyen d’expression d’ambiance.
Il y a beaucoup de scènes de combat. Le jaune, le rouge et le brun me semblaient évidents pour un contraste très violent. Et le rouge, c’est le sang.

BDG’ : Toujours pour comparer avec Le Dérisoire, on peut remarquer que dans certaines planches tu as un encrage plus net. Les personnages apparaissent plus achevés, par rapport à ton dessin qui utilise beaucoup les flous.

OS : Quand j’ai pris un peu de recul par rapport au Dérisoire, ce qui m’a choqué à la relecture ce sont les personnages secondaires. Je trouvais qu’ils manquaient un peu de présence et sur cet album je voulais être plus précis sur les personnages, pour que chacun ait une identité, même si on ne les voit qu’une fois.

BDG’ : Qu’est ce que tu tires de ce nouveau travail avec Eric ?

OS : Une continuité, beaucoup de plaisir, et cette complicité qui fait qu’il est toujours agréable de travailler avec lui, par la liberté que j’ai. C’est très appréciable de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un qui a un découpage vraiment très efficace. C’est agréable de travailler sur quelque chose qui est pré-découpé, avec une structure très solide, et après on n’a plus qu’à s’amuser quoi (rires).


Le Dérisoire

BDG’ : On peut parler de tes prochains projets ?

OS : Oui, je suis en train d’essayer de faire quelque chose tout seul. Le fait d’avoir travaillé avec Eric Baptisat ou Eric Omond, de côtoyer des personnes qui découpent et racontent des histoires, c’était une envie que j’avais depuis longtemps mais je voulais d’abord m’améliorer en dessin. Féroce est le 8e album que je fais, là je suis sur le 7e album de Marie Frisson. Au bout d’un moment on commence à avoir une certaine expérience au niveau du dessin, et on peut plus se lâcher sur des choses qu’on n’oserait pas au début. Le fait d’avoir bossé avec Eric Omond me rend plus libre.

BDG’ : Féroce est ton 9e album, tu oublies Erzurum …

OS : Ah oui, y’a Erzurum… mais j’étais scénariste ! (rires)

BDG’ : Justement, ta première BD était un album de scénariste !

OS : Oui, c’est vrai… mais en même temps je n’avais pas découpé. C’est Olivier Martin qui avait fait le découpage. Pour Erzurum, j’avais seulement fait un texte (je ne renie absolument pas Erzurum, au contraire ! C’était une chouette aventure et j’avais pris beaucoup de plaisir à écrire cette histoire) mais c’était un peu comme si j’avais les idées, j’avais l’écriture, mais je n’avais pas la mise en image. Maintenant je sais que je suis capable de découper ce que je raconte. Avant non, c'était possible pour des gags en une seule page ou des histoires en 4 – 5 planches, mais je ne me sentais pas capable de faire un récit entier. Aujourd’hui je suis prêt, du coup ça m’ouvre de nouveaux horizons.

BDG’ : On peut parler de ces nouveaux horizons ?

OS : Pour l’année prochaine, je suis en train de travailler sur une série de 3 albums sur le Baron de Munchausen. Et là je serai tout seul !

BDG’ : Pourquoi Munchausen?

OS : Je trouve que c’est un personnage qui me correspond bien au niveau de l’univers et de ma personnalité. C’est un aventurier (je ne dis pas que je suis un aventurier hein !) ce qui permet d’explorer de nouvelles choses. Et c’est agréable de se dire qu’on va raconter les histoires d’un personnage dont on ne sait pas s’il est menteur ou s’il a vraiment vécu ce qu’il raconte. C’est vraiment lié à la BD, parce que dans la BD on raconte des histoires mais ce ne sont que des feuilles de papier, c’est ça qui est magique.

BDG’ : Erzurum c’était l’orient assez romantique, le Dérisoire c’était le voyage onirique et Féroce est une véritable histoire d’aventurier. Grosso modo ça fait 7 ans ou 8 ans que tu ne fais que préparer ton prochain album (rires)

OS : Quand on regarde la plupart des auteurs BD, ils ont tous une espèce de direction. Moi j’aime bien raconter des récits d’aventures, c’est peut être aussi des histoires que j’admire ou que j’aime voir.
Et c’est certainement pour cela que je pars dans cette direction.

Entretien réalisé par Christophe Steffan le 9 mars 2005.

Informations sur l'album

Féroce (Omond/Supiot)
Féroce

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