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Urban

12/05/2021 25 planches

Tous les lecteurs d'Urban n'étaient sans doute pas nés en 1983. C'est pourtant la date à laquelle Luc Brunschwig a posé les premières bases d'une série qui vient de livrer son épilogue, presque 40 ans plus tard. Le "projet maudit", comme il aime à le rappeler, est devenue une œuvre qui fera date dans le paysage du 9ème Art. Portés par le travail graphique exceptionnel de Roberto Ricci, les cinq tomes sont à ranger précieusement dans toute bibliothèque qui se respecte. À événement exceptionnel, dossier exceptionnel.



Deux périodes sont indiquées après le mot "Fin" : 2011-2021 et 1983-1999. Si on comprend parfaitement à quoi correspond la première, que signifie la seconde ?

Luc Brunschwig : En 1983, j'étais en seconde, et c’est l’année où j’ai eu les prémices de ce qui allait devenir Urban. J’en ai déjà longuement parlé mais ça se limitait à une chanson d’AC/DC qui s’appelait Sin City et tout un fantasme autour de ce titre. Ça a commencé par quelques flashs que l’on a retrouvés tout au long de Urban. Le premier flash, c’était des rats en train de manger des ordures et qui étaient désintégrés, un élément qu'on retrouve dans le tome 2. Il y avait les robots qui se révoltaient dans une ferme et on le retrouve dans le tome 3. Il n’y avait pas grand chose d’autre à part l’idée de la ville gigantesque, style Las Vegas monstrueux interplanétaire qui accueillait en son sein toutes les âmes perdues de la galaxie. Au fil des années, c’est devenu un concept un petit peu plus social. L’idée était justement d’avoir ces gens qui n’ont plus de vie et qui sont en train de reconstruire un monde dont ils ne profiteront jamais et à qui on accorde quinze jours de détente dans un univers où ils ont le droit de tout faire. Il a donc fallu déjà seize ans pour arriver à la première version de Urban qui est sortie en 1999 chez Les Humanoïdes Associés, ça s’appelait Urban Games à l’époque. Elle n’a pas connu de suite pour différentes raisons. Certaines émanent de moi, j’ai voulu travailler dans un esprit manga sans avoir jamais lu de manga, chose que je déconseille fortement à qui voudrait s’y frotter. De toute façon, faire une chose sur laquelle on n’a qu’une vague idée ce n’est déjà pas très bon… Puis le dessinateur (Jean-Christophe Raufflet, NDLR) a beaucoup peiné sur le premier tome, il s’est investi corps et âme mais avec un prix de planche qui n’était pas du tout à la hauteur de son investissement ce qui fait qu’il a fini sur les rotules et complètement ruiné. Ce n’était plus possible d’envisager de faire un tome 2 avec lui. Il y a eu des soucis avec l’éditeur, qui était Les Humanoïdes associés qui ont connu à cette époque là un destin plutôt chaotique alors que c'était sans doute la maison qui avait réussi à rassembler les plus beaux éléments de la bande dessinée de cette époque. Les personnes en place à l'époque sont toujours en activité et sont pour la plupart d’ailleurs devenus les maitres à penser des différentes rédactions chez la plupart des gros éditeurs. Je pense à Sébastien Gnaedig évidemment qui a heureusement continué de nous suivre avec Futuropolis sur la nouvelle version de Urban, mais aussi Philippe Ory qui travaille pour Glénat. Il y avait également Didier Gonord qui est le maquettiste que l’on connait, Louis-Antoine Dujardin qui était le secrétaire éditorial de Sébastien à l’époque, qui a sévi chez Dupuis et qui est maintenant chez Delcourt. Il y avait une équipe magnifique et je le dis souvent mais je pense que Les Humanoïdes Associés pourraient être aujourd'hui la plus belle maison d’édition qui existe si leur propriétaire n’avait pas fantasmé une aventure américaine dans laquelle il a perdu son honneur et pas mal de crédits auprès des auteurs.

Roberto, comment va votre main ?

Roberto Ricci : Ça va mieux, surtout parce que je suis passé malheureusement presque complètement au numérique. Avec une méthode plus traditionnelle, je fatigue plus, surtout pour l’encrage. Je continue pour les commandes et les petits travaux mais mes prochains projets seront tous numériques.

L.B. : Ça n’en reste pas moins magnifique, il faut le préciser.

R.R. : Merci ! Et c’est dommage parce que sans ces soucis de santé, le livre serait sorti au moins huit mois plus tôt mais j’ai dû complètement m’arrêter de travailler pendant quelques temps. Ça a été une période un peu compliquée. Je me suis organisé avec des leçons de perspective, de dessin en général, j’ai fait autre chose pendant que ma main retournait dans le bon chemin. Disons que maintenant ça va, il y a des jours où je dois faire un peu attention.

Vous avez été aidé par un certain Simone à qui vous prévoyez un bel avenir dans la BD...

R.R : Oui, Simone est un de mes élèves de longue date qui maintenant a repris le dessin. Il m’a aidé pour faire tous les aplats, ce qui n’est pas une chose très facile, c’est beaucoup de détails. Je dois forcément le remercier. Il a encore un peu de chemin à faire mais j'espère que dans quelques années il arrivera à signer quelque chose.

L.B. : Quand il aura 70-75 ans ! (Rires)

R.R. : J'espère que non !

L.B. : On en rigole avec Roberto mais on a toujours eu l’impression qu’il pesait une sorte de malédiction sur Urban. Quand est arrivé le problème de la main on s’est dit que c'était mort et qu’on n’en verrait jamais le bout (rires) ou encore une fois qu’il était victime de cette horrible malédiction et que peut-être il n’y aurait jamais de tome 5. Mais c’est incroyable, il existe !!!

Luc, mettre dans la préface le nom de Roberto à côté de ceux de Giraud et de Miyazaki, c'est un sacré hommage !

L.B. : C’est du gros cirage de pompes ! (Rires)

R.R. : Je pense qu’il avait bu quelques verres de trop quand il a écrit ça. (Rires)

L.B : C'était le bonheur, c'était pour fêter un peu tout ça.

En tant que scénariste ou dessinateur, est-ce qu’on a une pression particulière lorsqu’il s’agit de boucler une série comme Urban ?

L.B : C'était déjà une pression pour le faire naitre à cause du fait qu’on était en train de faire le remake d’une histoire qui a déjà eu lieu. Les gens avaient déjà acheté une version de la même histoire. Comment allaient réagir les libraires sur l’idée de revendre ce qu’ils ont déjà vendu ? Heureusement, on a fini par comprendre qu’ils n’ont pas du tout eu cette impression là et ça a fini par prendre. Mais oui, il y a toujours beaucoup de pression. En ce moment, je suis en train de vivre ce moment un peu curieux de boucler trois projets en plus de Urban, donc quatre en tout. Je boucle Le Pouvoir des innocents, ce qui sera le premier cycle de Luminary si Glénat accepte de faire un cycle 2, et Les Frères Rubinstein. Tout ça est assez invivable. On a l’impression d’être arrivé au bout, il faut commencer à imaginer ce qu’il y aura après parce que ça laisse beaucoup de vide tout ça. C’est difficile. En plus, il faut ajouter la COVID par dessus, on a l’impression de plus trop savoir où on en est. J’ai trente ans de métier. Il faut que je relance pratiquement tout parce que tout est en train de se terminer. Évidemment, il y a l’horrible idée de la perte d’histoires sur lesquelles j’ai vécu, comme Urban qui a pratiquement quarante ans. Et puis Dieu merci, de temps en temps, on boucle et on est content de l’avoir fait et de n’avoir pas trop merdé, je l’espère, en cours de route.

Le titre du tome 5, Schizo robot, est venu tout de suite ?

L.B. : Oui, il est venu assez naturellement, il est assez logique par rapport à ce qu’on était en train d’écrire. On a un personnage qui est multiple sans forcément que les gens s’en rendent tout de suite compte et qui est dans deux attitudes différentes. Il est à la fois dans la vengeance et dans la protection. Ces deux idées concernent la même personne et ça ressemblait beaucoup à de la schizophrénie. Comme c'était un robot qui en était victime, ça a donné ça.

Lorsque l’on commence la lecture du tome 5, il y a deux surprises : l'apparition de deux époques que l’on ne connaissait pas encore, celle de 2019 et celle du western fin XIXe...

L.B. : C'était l’envie de dire qu'Overtime était un espèce d’hommage global aux super-héros à nos lectures de jeunesse à Roberto et moi. Ce sont des choses qui peuvent sembler très simplistes dans ce qu’elles expriment mais qui sont vachement importantes dans la construction des adolescents que nous avons été. On voulait montrer que ces choses forment finalement une base qui a perduré à travers Zach, et aussi un peu à travers Niels, et que ces choses peuvent complètement bouleverser un monde justement où toutes ces structures ont complètement implosé et où il ne reste plus beaucoup de valeurs. Les gens qui ont en eux ces quelques codes vont pouvoir bouleverser tout un univers.

Roberto, cette nouvelle période vous a permis de sortir un peu de l’univers de Urban...

R.R. : Je ne m’attendais pas à un chapitre long comme ça avec Overtime ! (Rires). Il semble plus simple que les autres planches de Urban, mais c’est plus long à faire. Le chapitre d’Overtime a été plutôt dur mais j’aime bien le dessiner. On a même évoqué une BD sur Overtime donc on ne sait jamais !

L.B. : On ne l’oublie pas.

R.R : J’aime bien dessiner avec des styles différents de dessin. Par exemple, maintenant qu’on a terminé Urban, mon prochain travail sera aux États-Unis. Je suis en train de complètement changer de technique. Les comics sont différents des BD donc il y a besoin d’un dessin différent. Ça m’amuse toujours beaucoup de changer, surtout après douze ans de travail sur Urban.

Luc, travaillez-vous avec un grand tableau rempli de post-it pour ne pas vous perdre dans les différentes périodes ?

L.B : Je ne me perds pas dans les différentes périodes, mais j’ai tendance à me perdre dans les dates parce que généralement je me trompe d’un an. Il y a une adaptation audiovisuelle de La Mémoire dans les poches qui est en train de s’écrire et donc ils ont tout remis à plat et je me suis planté sur trois ou quatre dates. C’est une triste habitude que je m’obstine à maintenir (rires). Il n'y a encore pas très longtemps, j'étais jeune donc ma mémoire me suffisait, mais je sens bien qu’il va falloir que je renonce à cette idée et que je commence à me mette des tableaux et des post-it.

Un des personnages qui a le plus évolué depuis le premier tome est Zach, également au niveau du dessin...

R.R. : Je dessinais des personnages beaucoup plus ronds au début. Quand Zach arrive dans la ville, il est tout doux, tout mou (rires). Je savais que petit à petit on allait changer un peu tout ça tandis que l’histoire prenait un chemin plus dur. Donc c'était fini les petits jouets, et il fallait devenir adulte. On a donc commencé à ajouter des angles sous les rondeurs de Zach. C'était amusant parce qu’on a grandi un peu ensemble, moi aussi j'étais plus rond peut-être (rires).

L.B. : Mais tu as souffert et maintenant tu es un homme (rires)!

R.R : Oui, voilà !

Quand Springy et Zach passent à la télé et que ce dernier hésite à lire le prompteur, ses souvenirs affluent dans des cases penchées, donnant ainsi une impression de vitesse...

L.B. : C’est Roberto qui a eu l'idée ! Quand j’ai vu ça, j’hallucinais, je me suis dit qu’il avait réussi à le faire !

R.R. : Oui, c’est comme quand toute votre vie passe devant vos yeux, c’est un peu ça. Disons que sur ce dernier tome je crois qu’on a joué un peu plus avec les cases, avec la narration. Au fil des années, j'espère avoir progressé dans le dessin donc c’est sûr que je me sentais un peu plus à l’aise avec tout ça. Urban était une belle salle de gym pour mon dessin.

Votre façon de travailler ensemble a-t-elle évoluée en 10 ans ?

L.B. : Non, je crois que du début à la fin on a travaillé de la même façon. C’est super précis. Roberto fait un storyboard très élaboré qu’il m’envoie pour validation, ensuite il fait le crayonné qu’il m’envoie pour validation, puis il encre avec les grilles qu’il m’envoie pour validation et il fait la couleur qu’il m’envoie pour validation… (rires). Ça n’a pas changé d’un iota. Mais par contre, travailler comme ça c’est génial. On a l’impression à chaque pas en avant d’avancer avec Roberto, d’être impliqué dans le processus de création. Le bébé est complètement à lui et en même temps il reste à moi et c’est super.

R.R. : Luc est à la division des cases mais surtout il y a déjà toutes les sensations de l’histoire. Entre nous, ce sont de grosses discussions pour bien comprendre ces sensations-là avant de les dessiner. J’aime toujours avoir beaucoup de liberté dans la gestion de la planche. Je cherche toujours à suivre l’idée de base mais j’ajoute souvent des choses tout en respectant beaucoup son scénario. C’est pour ça qu’au fil des années j’ai toujours fait des storyboards très poussés et je pense qu’au fil du temps ils semblent encore plus approfondis, surtout la dernière sur laquelle j’ai dû bosser tout à l’ordi.

Par rapport à ce qu’aurait pu être le tome final de la version de 83, y a-t-il des choses que vous avez enlevées ou ajoutées ?

L.B : Pas plus que ça. Il faudrait que je vous fasse lire le gros résumé global de l’histoire, tout était déjà là. Qu’en penses-tu Roberto ?

R.R : Non, l’idée à la base c'était ça et on a pris de petites déviations.

L.B : Il y a des personnages comme celui d’Ishrat qui n’étaient peut-être pas destinés à avoir un si grand rôle. Elle a infusé l’histoire, c'était tellement beau ce qu’il se passait entre elle et Zach, ça donnait envie de lui donner toute son importance puis d’en faire le personnage dont on ne se rendait pas forcément compte qu’il était central au démarrage mais qui le devient sur la fin.


[SPOILER]

Sans l’habit, le moine devient vulnérable. La mort de Springy est évacuée en quelques scènes muettes.  ?

L.B. : Les gens qui le tuent savent quand-même qui il est, ils savent pourquoi ils le tuent, pour gagner plein d’argent.

Pas quand il sort de l’égout...

L.B. : C’est un peu comme si Gene Simmons du groupe Kiss sortait sans son maquillage et se retrouvait au milieu d’une foule qui n’en a rien à fiche de lui et puis il tente un truc et ça se passe mal et on le tue parce que on ne sait pas que c’est Gene Simmons… Personne ne sait qui il y a véritablement dans le costume.

R.R. : C’est vrai parce qu'à San Diego, au Comic Con, j’ai vraiment rencontré Gene Simmons sans le remarquer et je ne l’avais pas reconnu du tout ! (Rires)

Comment avez-vous su que c'était lui ?

R.R. : Parce qu’il était en train de faire des autographes (rires) mais sinon je ne l’aurais jamais reconnu !

L.B. : Encore qu’on l’a vu sans maquillage dans pas mal de films… On peut encore le reconnaitre. Mais c’est vrai que c’est allégorique l’idée du gars qui une fois qu’il a quitté son personnage devient une personne lambda à qui il arrive des choses de personne lambda.

Tuer Springy, un déchirement pour vous deux ?

R.R. : Pour la mort de Springy, j’ai aussi décidé d’ajouter une planche complète (rires) et à chaque fois que j’envoyais des dessins à Luc de Springy je lui disais « regarde, ça c’est la dernière case où on le voit vivant ! »… c'était sa dernière tête de con !

L.B : C’est toujours assez étrange de tuer un personnage détestable. Une fois qu’il a quitté ce costume, il est plus pathétique que détestable et on le tue à un moment où il est moins haïssable. Quand il est en pleine gloire, on n’a qu’une envie, c’est d’aller l’étrangler nous-même.

R.R. : Pour moi c’est le personnage qui m’amusait le plus à dessiner. Ça fait du mal.

L.B. : Si Flaubert a dit que Emma De Bovary c'était lui, Springy c’est un peu moi pour le coté geek. Ses difficultés avec les femmes, ça a été longtemps moi. Mais il y a ce coté là que l’on retrouve chez Zach et je préfère la façon dont Zach aborde la question…

Même si la maquette de la couverture reste inchangée, celle du tome 5 fait penser à une sorte d’album photo souvenir...

L.B : L’idée c’est de faire comprendre aux gens que toutes les couvertures qu’ils ont vues avant c’est simplement A.L.I.C.E qui est en train de réétudier certains anciens enregistrements qu’elle a en mémoire. Il y a un concept derrière tout ça (rires) !

Il y a aussi la couleur verte qui rappelle celle que l’on voit à travers les yeux de A.L.I.C.E...

R.R. : Dès le début de la série, lors de la première couverture, on avait pensé à faire ça. J’avais un peu peur de cette couverture et de ce zoom avec l’écran et j’attendais beaucoup ce cinquième tome pour voir si l’idée qu’on avait eue depuis le début pouvait vraiment fonctionner. Je l’aime bien et j'espère que les lecteurs aimeront aussi.

L.B. : Chez les libraires elle ne passera pas inaperçue. Il n’y en a pas beaucoup des comme ça.

R.R. : Je pense toujours qu’un gros visage, c’est toujours attachant. Sur la dernière, on voulait vraiment qu’on comprenne que c’est A.L.I.C.E qui tient tout, qu’elle est la clef de l’histoire.

L.B. : La couverture et le titre sont un gros spoiler en fait. Je pense que les gens peuvent se passer de lire le dernier tome (rires).

On a l’impression que tout va recommencer comme si rien ne s’était passé…

L.B. : Non, c’est un peu plus compliqué que ça… A.L.I.C.E est dans l’idée d’héritage donc elle va protéger la ville comme héritage pour son fils car il va pouvoir revenir le revendiquer dans une vingtaine d’années…

Il y a cette belle scène aussi où l’on retrouve A.L.I.C.E et la mère de Niels ensemble, où elles parlent de leur enfant...

L.B. : C’est un personnage composite donc forcément elles n’ont pas les mêmes intentions parce qu’à un moment, effectivement, leurs personnalités se sont séparées. À ce moment, elles sont un peu en train de redevenir une seule et même personne par désir de protéger le futur Niels que va enfanter Ishrat. Je vous avoue que c’est ma scène préférée.

[FIN SPOILER]


Cette pagination, plus généreuse pour le tome 5, était déjà prévue dès le départ ?

L.B : Pour tout vous dire, au démarrage, je l’avais imaginé en six tomes. Quand nous sommes arrivés à la fin du quatrième tome, ça me semblait assez stupide de diviser encore en deux ce qu’il restait. On posait une moitié de chose et finalement ce n’était qu’un long chemin vers la fin et Sébastien nous a dit de le faire en cinq tomes et qu’on lui dirait à la fin combien ça ferait de pages. C’est sûr que ce n’était pas le bon album pour solliciter autant Roberto (rires).

Si on vous dit que Urban est la version réussie de Westworld en BD...

L.B. : Oui ! Pour moi Westworld est un océan de déception. J’en attendais énormément et quel pensum mon Dieu !

R.R. : C’est vraiment dommage…

L.B. : Les frères Nolan ont ce talent de rendre compliquées des choses simples !

Il existe une intégrale contenant les deux premiers tomes. La suite est-elle en projet ?

L.B. : Non. Mais ça fait quelques année qu’on parle de faire un gros making of où on va raconter toute la genèse, où tous les secrets de fabrication, tous nos doutes et tous nos espoirs, toutes nos craintes, tout le talent de Roberto, seront enfin visibles.

Roberto, comment se dessine l'après Urban ?

R.R. : J’ai terminé de travailler sur un livre pour Dargaud avec ma copine Laura (Iorio, NDLR) au dessin avec laquelle j’ai déjà travaillé sur Le Cœur de l’ombre. Ce sera sur un scénario de Cédric Mayen, le scénariste de Edelweiss. Fin mai, je vais commencer à travailler pour Dark Horse sur quelque chose de complètement différent. On verra comment se passe cette petite parenthèse aux États-Unis.

Luc, vous nous parliez de l’adaptation de La Mémoire dans les poches...

L.B. : On croise les doigts, c’est entre les mains d’un producteur et d’un réalisateur/scénariste qui sont en train d’adapter ça.

Adapter Urban, c’est irréalisable ?

L.B. : Il faudrait en faire un dessin animé… Le faire en réel ce serait un échec à la hauteur d’un Blade Runner. On raconte une histoire très intimiste dans un décor grandiose, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Un dessin animé permettrait de raconter plein de choses que l’on n’a pas pu raconter dans Urban et de le faire de façon plus spectaculaire.

Dossier concocté par L. Gianati, L. Cirade, C. Gayout et S. Farinaud

Informations sur l'album

Urban
5. Schizo robot

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