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Fondu au noir

26/03/2018 12953 visiteurs 8.2/10 (6 notes)

H ollywood, 1948. L’industrie cinématographique produit à tour de bras chefs-d’œuvre et navets. Elle fabrique des stars comme des objets de consommation et caresse le public dans le sens du poil. Certains tentent de mettre une dimension artistique dans cette mécanique. Charlie Parrish est de ceux-là. Scénariste, il est soumis aux exigences versatiles des réalisateurs, aux lubies des producteurs ou aux caprices des starlettes, dont il partage les jours et les nuits. Lors d’une aube pas comme les autres, il se réveille dans une baignoire qui n’est pas la sienne. Dans la pièce voisine gît le corps sans vie de Valéria Sommers, le premier rôle féminin du film en cours de tournage. Le whisky ingurgité les heures précédentes bloque tout souvenir de la soirée.

Pour leur nouvelle collaboration, Ed Brubaker et Sean Phillips (Criminal, Incognito, Fatale) plongent dans le Los Angeles des années 40. L’immersion dans la machine à produire du rêve révèle un peu plus de cauchemars à chaque chapitre. En passant de l’autre côté du décor, le rideau se lève sur la chasse aux sorcières orchestrée par le F.B.I., les actrices qui se donnent dans les dressings, les penchants pédophiles d’un ponte, un service de sécurité au-dessus des lois, un meurtre qu’on maquille en suicide. Le diable s’incarne dans les corps les plus voluptueux. Tout n’est que question d’apparence. Au beau milieu de ce cloaque, Charlie va tenter de faire émerger une part de vérité et essaie de mettre un peu d’authenticité dans ses relations aux autres. Il veut aller au bout de lui-même, lui qui - miné par la guerre qu’il a livrée en Europe - se fuit en se perdant dans l’alcool.

Ressusciter les multiples facettes de la Cité des Anges n’a rien d’original. En 2016, Tommy Redolfi donnait, avec Holy Wood, sa vision de la destinée de Marylin Monroe. L’ombre de James Ellroy est omniprésente. Il est notamment aisé de songer au Grand nulle part qui explore déjà la traque des communistes dans les studios de cinéma. C’est aussi tout l’univers de Dashiell Hammett et du Hard-Boiled qui est convoqué. Si Brubaker en reprend tous les codes, il les intègre à une narration tout en subtilité, une spirale qui propulse le personnage principal toujours plus loin à chaque étape du récit, jusqu’à la plongée finale. La réussite de l’album tient à l’épaisseur des personnages et à la finesse des dialogues, tranchants et définitifs, comme dans les films noirs de l’époque. Elle est due aussi au dessin soigné et au cadrage pertinent de Phillips, sans oublier une mise en couleur exceptionnelle d’Elizabeth Breitweiser.

Les 350 pages de ce thriller imparable se dévorent sans effort, donnent le vertige et lèvent des voiles de décence sur une nature humaine qui n’a pas conscience de sa noirceur. Indispensable.

Par F.Houriez
Moyenne des chroniqueurs
8.2

Informations sur l'album

Fondu au noir

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L'avis des visiteurs

    Touriste-amateur Le 14/05/2023 à 13:54:02

    On est dans le Hollywood de la fin des années 40, en plein maccarthysme.
    Charlie, scénariste pour un Studio célèbre mais ayant perdu toute inspiration à la guerre, n'est plus que le prête-nom de son "ami" (devrait-on dire meilleur ennemi...) Gil, scénariste black-listé ne pouvant plus exercer.
    Au matin d'une nuit de fête comme seule Hollywood sait les organiser, Charlie se réveille dans une villa avec la starlette, étoile montante du Studio, morte à côté de lui... Bien sûr, assassinée...
    Dans les vapeurs d'alcool consommé ce soir-là et, sans modération, le reste du temps avec Gil, les deux décident de trouver le/les coupable(s) alors que le Studio pour ne pas faire de vagues qui nuiraient à sa réputation déclare un suicide.

    S'en suit un polar noir. Puissant. Au point de faire 360pages! Les dessins sont magiques, avec des à-plat en nuances de gris dignes de photos du studio Harcourt.

    Le problème, pour moi, c'est justement cette longueur. Rien n'est lent, non! Tout est intéressant même certaines digressions! Simplement on n'est plus dans la lecture d'une BD "détente", il faut suivre en permanence le script tellement ça va vite en alternance entre la vraie (de la BD!) et des retours sur les tournages en cours ou l'histoire des protagonistes.

    Cet album mériterait facilement 4 ou 5 étoiles, mais ces longueurs me font me limiter à 3. Désolé!

    sebastien01 Le 21/07/2021 à 09:52:01

    Si Criminal reste ma série préférée de l’infatigable duo formé depuis près d’une vingtaine d’années d’Ed Brubaker et de Sean Phillips, Fondu au noir figure aussi en bonne place parmi mes indispensables. C’est en entendant de nouveau parler de l’affaire Weinstein que j’ai eu l’envie de ressortir cet album de ma bibliothèque. En effet, bien que le comics se déroule à la fin des années 40, les agissements qui y sont décrits paraissent encore tristement actuels, notamment l’emprise exercée par des hommes de pouvoir sur de jeunes actrices (The Fade Out 2014, #1-12).

    Il s’agit d’un polar situé en 1948 au cœur du cinéma hollywoodien. Après la mort suspecte d’une actrice, deux amis scénaristes commencent à s’interroger et à enquêter sur leur milieu et sur les personnages qui y gravitent tel un panier de crabes. Outre une enquête plutôt classique, sans détour et donc facile à suivre où se mêlent alcool, sexe et gabardine, plusieurs thèmes propres à l’univers cinématographique y sont abordés, comme l’écriture ou plutôt la réécriture incessante d’un film, le fonctionnement infernal d’un studio ou encore la liste noire de Hollywood au temps du maccarthysme naissant.

    Le scénario de Brubaker est très prenant, intéressant de bout en bout et on ne s’ennuie pas instant. Le dessin de Phillips est sombre à souhait et participe pleinement à créer l’ambiance de polar. L’édition est également soignée : au lieu d’être inutilement saucissonnés en plusieurs volumes, les douze épisodes sont ici réunis en une intégrale et forment un bel objet comme cela devrait toujours être le cas en VF pour les mini-séries.

    Yovo Le 29/04/2018 à 17:13:06

    "Fondu au noir" se caractérise d’abord par un dessin réaliste très efficace malgré quelques légères disproportions ici ou là chez certains personnages. Le lecteur n’a aucun mal à ressentir ce pouvait être la Côte Ouest en 1948, l’âge d’or des studios de cinéma et la Chasse aux Sorcières... Paillettes, belles bagnoles, impers et chapeaux… rien ne manque !

    Le scenario – une enquête brumeuse – est classique et sans réelle surprise. Malgré les 330 pages, la lecture est plutôt fluide car l’intrigue s’enrichit progressivement détail par détail, sans se perdre dans trop de ramifications.
    L’originalité vient du côté obscur du rêve hollywoodien, hanté de cauchemars, d’alcools et de petits arrangements véreux…Ce ton désenchanté apporte une dimension vénéneuse à l’ensemble et peut en effet rapprocher cet album de James Ellroy ou "Mulholland Drive". Seule la voix off omniprésente d’un narrateur m’a semblé un brin terne et inutile mais passons ; c’est clairement une très bonne BD !

    yopinet Le 12/04/2018 à 15:10:36

    Cette brique est un magnifique hommage aux polars noirs des années 50. L'immersion dans l'univers glauque de l'industrie du film hollywoodien de l'après guerre. Starlette en quête de gloire, producteurs tout puissant, scénariste de l'ombre,(...), les acteurs de cette tragédie sont nombreux et évoluent dans un atmosphère à la Lynch. L'atmosphère m'a en effet fait pensé à Mullholland Drive, l'aspect fantastique en moins.