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Gainsbourg (Dimberton/Chabert) Gainsbourg

12/10/2015 6817 visiteurs 7.0/10 (1 note)

F rançois Dimberton (scénario) et Alexis Chabert (dessin) s’attaquent au parcours d’un monument de la chanson française du XXème siècle, Serge Gainsbourg (1928 – 1991). Ensemble, ils ont raconté, l’année dernière, la vie de Louis de Funès.

Face à eux, un auteur, compositeur et interprète, qui a exploré à peu près tous les territoires musicaux, des années 50 aux années 90. Plus encore, il fut un artiste tourmenté par l’incompréhension et par ses échecs, s’imposant des revirements, des impasses et des rebonds : la chanson réaliste « à textes », le jazz, le yéyé, la variété, les musiques de film, le rock, le reggae, le funk. Cet itinéraire a été ponctué par des fulgurances littéraires et cinématographiques. Et, au-delà de l’artiste, il y a l’homme, ou plutôt les hommes : Lucien Ginsburg, fils d’exilés ukrainiens, Serge Gainsbourg, faiseur de chansons ou compositeur inspiré, ou Gainsbarre, pendant maléfique et enivré des deux premiers. Tous ces individus s’assemblent, unis par un sentiment primaire et inextinguible de frustration : celle de l’émigré qui ne trouve pas sa place (surtout lorsqu’on est un adolescent juif à Paris pendant l’Occupation), celle du peintre qui n’est jamais satisfait de sa production, celle de l'ambitieux qui aspire à la reconnaissance et au succès, et qui ne les trouvera qu’avec des chansons faciles (L’Ami Caouette). « Poupée de cire poupée de son, qu’est-ce que ça représente pour vous ? – 45 millions », répond Gainsbourg à la journaliste. Enfin, enveloppant l’ensemble, il y a le mythe Gainsbourg, fait de provocations, de déformations médiatiques, de mises en relief qui n’ont de cesse de nous éloigner de l’œuvre.

Écrire une biographie du bonhomme est pertinent, que ce soit d’un point de vue de la chanson française, de l’itinéraire contrarié d’un artiste lui-même contrariant, ou d’un parcours singulier, de l’entre-deux guerres à l’avènement de l’audio-visuel. L’écrire sous une forme dessinée demande une approche particulière. Qu’est-ce qui peut, dans l’existence de Gainsbourg, être l’objet d’une approche essentiellement picturale ? Il y a d’abord sa tronche, qui glissera au fil des années de la laideur à l’identité médiatique, pour aboutir au mythique. Et puis, il y a les années de l’après-guerre à son premier disque (1958), pendant lesquelles Gainsbourg tenta d’être peintre. Enfin, l’expression graphique est un révélateur parfait de la poétique de l’artiste, qu’elle s’exprime par les mots ou par les notes.

De ce point de vue, cet album est une vraie réussite. Le trait de Chabert est changeant. Il crée de véritables dominantes par planches, gratifie le lecteur de doubles pages somptueuses et invente de superbes moyens de narration graphique. Les deux planches racontant l’épisode marital avec Béatrice (1964 – 1966), mettant en scène les personnages sur la pièce montée, sont un régal. Chabert dessine "à la Fernand Léger" lorsque celui-ci vient frôler la vie de Lucien, se fait psychédélique lorsque l’époque le demande, ou surréaliste lorsqu’il veut concentrer, avec force implicite, beaucoup d’informations. Par ailleurs, tous les personnages sont parfaitement maîtrisés, visages et corps.

Les partis-pris narratifs sont plus contestables. La première moitié de l’album explore astucieusement les années les moins connues de la vie de Gainsbourg, son adolescence, la période peinture et les débuts dans la chanson, en axant le propos sur la recherche et la démarche artistiques. Puis, au fil des périodes, on glisse de l’intimité de l’artiste à l’image médiatique archi-connue, rebattue et caricaturée. Réduire les dernières années du bonhomme aux plateaux de télévision (le billet de 500 francs, la déclaration à Whitney Houston et la querelle avec Catherine Ringer) est injuste et trompeur. Pas un mot sur ses deux derniers albums. Le retour à la scène est réduit à l’épisode des légionnaires. Pourquoi consacrer une planche entière à la collaboration avec Vanessa Paradis et oublier, par exemple, celle avec Bashung ? Pourquoi citer à peine L’Homme à tête de chou, unanimement reconnu comme étant un de ses plus grands chefs d’œuvre ? D’un point de vue de l’œuvre et de sa mythologie, la fin de cette biographie est discutable. Gainsbourg en fin de parcours ne se résumait pas à Gainsbarre, avec quelques bons mots à la clé. Il a été jusqu’au bout un homme qui s’est heurté à la vie et à lui-même, posture que le scénariste semble avoir perdu de vue au fil des pages. À se procurer pour la constance et la qualité graphique.

Par F.Houriez
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Gainsbourg (Dimberton/Chabert)
Gainsbourg

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