Superman : Kryptonite

A ux yeux de ses collègues, Clark Kent n’est encore que ce jeune fermier, originaire de Smallville, qui essaie de se faire une place au Daily Planet. Pour les habitants de Metropolis, il est Superman, l’homme d’acier, celui qui les protègera envers et contre tout. L’homme n’est pourtant pas infaillible et nombreux se réjouiraient de la chute de cet encombrant symbole. Un mystérieux étranger fait alors son apparition et il ne semble pas laisser Loïs Lane indifférente...

Kryptonite réunit les six premiers épisodes de la série Superman Confidential. Darwyn Cooke s’y emploie à réinterpréter les fondements de la longue carrière du héros créé par Joe Shuster et Jerry Siegel. Il en va ainsi de la découverte de la kryptonite verte comme des rivalités avec Lex Luthor ou du réservoir inépuisable que constitue le triangle amoureux formé par Clark, Lois et Superman. Mais Cooke s’attarde aussi sur les origines de l’homme d’acier, se permettant une réflexion plutôt subtile sur l’identité, la filiation, que ce soit celle du cœur ou celle du sang. En filigrane, la question posée est bien entendu celle de l’humanité du héros, que seuls ses doutes et ses faiblesses sont à même de révéler. Et l’album d’accueillir une double narration qui, tout en sobriété, se fait intimiste et emprunte tout à la fois au Conte de Noël de Dickens qu’à de précédents travaux de l’auteur. La mise en scène et le découpage des premières planches doivent beaucoup à DC Heroes: New Frontier, série dans laquelle Cooke revisitait l’âge d’or de l’univers DC même s’il laisse ici le dessin à un autre habitué de l’exploration du passé super-héroïque de la maison : Tim Sale (Batman : Long Halloween, Batman : Dark Victory…).

L’élégance torturée du trait de ce dernier achève de faire de ce Superman un agréable moment de détente. Rehaussé par les couleurs de Dave Stewart – on ne dira jamais assez tout le bien que l’on pense de lui – son jeu sur les contrastes est une petite merveille et ses personnages sont toujours aussi charismatiques. Ainsi, sa Loïs Lane, en femme de tête maternelle et sexy, apparaît particulièrement réussie, bien loin de la potiche écervelée par trop souvent décrite.

Un album fin et touchant qui plaira au plus grand nombre.