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Tout est vrai

03/05/2021 3916 visiteurs 7.0/10 (1 note)

I l y a deux ans, Giacomo Nanni surprenait avec Acte de Dieu, un livre inattendu et poétique qui relatait le tremblement de terre qui ravagea les Appenins à travers un étonnant cortège de point de vue surprenants: un fusil, un faon ou encore un nœud sismique. Dans Tout est vrai, il reprend le même procédé narratif, mais en l'ancrant plus profondément dans le réel.

Il appuie sa narration sur une anecdote ramenée du tournage des Oiseaux d'Alfred Hitchcock. L'une des corneilles dressées pour les besoins du film se mit à harceler Rod Taylor, l'acteur principal, sans raison particulière. Ces animaux sont en fait beaucoup plus intelligents que les humains ne le pensent. Ils sont doués d'émotions complexes et de mémoire. Leur capacité d'apprentissage surpasse celle des chiens. Ils sont donc des témoins discrets mais privilégiés de tous les petits et grands événements qui se déroulent dans nos villes.

A travers les yeux d'un des volatiles, le lecteur découvre le parc des Buttes-Chaumont sous une perspective des plus particulières, avec sa faune locale typique : des joggeurs, une petite fille qui a peur de cette bête noire qui semble l'attendre et la suivre tous les jours ou encore un policier déchiré entre sa volonté de s'intégrer et sa réticence à cautionner les dérives de ses collègues.

Pour qui a lu son précédent opus, ce nouveau livre semblera très familier. L'auteur italien reste fidèle à la même approche graphique basée sur une utilisation des trois couleurs primaires associées dans un jeu de trames pointillistes sur lesquelles les Homo Sapiens sont réduits à des ombres chinoises denses et opaques. Adoptant le point de vue de son narrateur, il alterne vues du ciel et ras du sol, ce qui apporte une sensibilité inédite à son travail.

Quant au propos, il ne faut pas y chercher une narration classique, ni une quelconque forme d'empathie. Alternant les observations forcément déstabilisantes d'un volatile incapable de saisir les mécanismes de la psyché humaine et des passages "documentaires" aussi séduisants qu'une notice Wikipedia, il évoque diverses brutalités, présentées de manière presque analytique, jusqu'à culminer par ce qui constituera un traumatisme collectif, un matin de janvier 2015...

Tout est vrai se révèle étrange et déstabilisant. Son titre lui-même interroge. Qu'est-ce qui se dissimule derrière cette affirmation péremptoire ? Que représente ce "tout" ? Est-ce l'ensemble des voix entendues au fil des pages ? Partant du postulat que les informations délivrées au fil des pages sont vraies, le lecteur doit admettre qu'il s'agit effectivement d'une forme de vérité. Mais en aucun cas il ne peut s'agir de la seule et unique parce qu'elle résulte d'une observation subjective.

Le principal défaut ce cet ouvrage est de venir après Acte de Dieu. Le procédé ne surprend plus et la volonté d'interroger les racines de la brutalité en s'appuyant sur des angles inattendus ne fonctionne que partiellement. L'expérience graphique et narrative reste fascinante, mais la "morale" paraît nébuleuse, à moins que le but ne soit d'en démontrer l'absence. Dans ce cas, la réflexion n'est pas à la hauteur de la performance artistique.

Par T. Cauvin
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Tout est vrai

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L'avis des visiteurs

    Blue boy Le 02/03/2024 à 13:08:36

    L'avatar du posteur Blue boy

    Avec « Tout est vrai », Giacomo Nanni conserve le mode narratif singulier entamé avec Acte de Dieu. Comme pour ce dernier, il choisit la voie « documentaire », entre guillemets, dans une tonalité très factuelle, presque clinique. Ce faisant, il va relier deux thématiques qui a priori n’ont rien à voir entre elles, l’une scientifique à travers la zoologie, l’autre plus historique en examinant la relation difficile de la France avec son histoire coloniale récente, avec un zoom sur un pays en particulier, l’Algérie, sujet sensible s’il en est.

    En choisissant comme base de son récit le tournage du film d’Hitchcock, « Les Oiseaux », l’auteur italien, qui aujourd’hui vit à Paris, va nous immerger dans la « communauté » des corneilles, un oiseau qui semble avoir élu domicile dans la capitale française, attiré par la nourriture abondante dans les poubelles et l’absence de prédateurs. Remarqué pour son comportement agressif, celui-ci suscite la grogne des habitants, qui lui reprochent par ailleurs les dégradations du cadre urbain (poubelles éventrées, détritus sur la voie publique, pelouse et plantations arrachées…). Et pourtant, le volatile est considéré d’une intelligence hors du commun, comparable à celle des chimpanzés. Giacomo Nanni va consacrer la première partie de l’ouvrage à la corneille, allant jusqu’à lui conférer la position du narrateur. L’oiseau devient le personnage central, les humains ne sont plus que des silhouettes, et le lecteur va suivre la corneille dans son vol étourdissant au dessus des toits parisiens et du parc des Buttes-Chaumont. Le volatile a de la mémoire et sait dire merci. A ce policier d’origine maghrébine qui l'a délivré d’un piège à corneilles, il exprimera sa gratitude en lui apportant des « cadeaux » sur son balcon. La connexion avec le second sujet du récit est faite…

    Nanni va évoquer le « background » de cet homme, ses parents immigrés, les raisons qui l’ont poussé à devenir policier dans un pays où un tel acte peut s’apparenter à une trahison auprès des « banlieusards issus de l’immigration ». A défaut de l’expliquer, l’auteur va tenter de reconstituer le puzzle d’une blessure douloureuse de l’histoire franco-algérienne, depuis longtemps confinée sous la chape du déni, et suggérer un lien avec l’attentat de 2015 contre Charlie Hebdo. Ce policier, c’est Ahmed Merabet, qui fut assassiné par les deux terroristes devant les locaux de l’hebdomadaire satirique. Giacomo Nanni, partant de l’hypothèse que la corneille a assisté à la tuerie, va imaginer quelle aurait pu être sa réaction…

    Interagissant avec les textes, les dessins dialoguent également entre eux dans une sorte de va-et-vient permanent. Les images les plus marquantes du récit impriment la rétine du lecteur, des images fixant les envolées vertigineuses de la corneille dans le ciel parisien ou ces joggers courant sous la pluie dans le parc des Buttes-Chaumont pour s’entrainer au djihad, telles des photographies subliminales traitées sous le filtre pointilliste et coloré de l’auteur.

    Avec Acte de Dieu, l’auteur se faisait le porte-parole des éléments, cherchant à souligner la césure entre l’Homme et la nature par des connexions imperceptibles et mystérieuses. Une fois encore, avec « Tout est vrai », il tente de trouver une troisième voie, hors d’une quelconque rationalité scientifique malgré les apparences, en se contentant d’énoncer des faits purement objectifs, sans jugement, sans récrimination mais sans parti pris non plus. « Tout est vrai », ce sont les faits, rien que les faits. Et parallèlement à ces faits, une vue d’artiste qui intrigue et ne livre pas toutes ses clés, mais cherche peut-être seulement, avec cette corneille, perçue comme une intruse dans un monde « civilisé », incarnation amorale du terrorisme immoral, à nous faire adopter une position plus empathique vis-à-vis de nos supposés ennemis. Un ouvrage à lire pour (tenter de) voir les choses qui nous révoltent sous une perspective différente, pour quitter un moment nos habitudes de pensée.

    Erik67 Le 19/04/2023 à 07:34:26

    Tout est vrai. C’est une affirmation bien péremptoire que voilà. Il faut parfois douter pour garder son esprit libre de toute contrainte ou propagande.

    On commence par faire connaissance avec une corbeille, ces oiseaux noirs qui n’ont pas bonne presse. Visiblement, c’est le narrateur de ce récit où il n’y aura pas de dialogue mais juste des remarques et des observations sur le monde qui nous entoure.

    C’est intéressant de partir du film d’Alfred Hitchcock à savoir « Les oiseaux ». Ce film m’avait beaucoup marqué durant ma jeunesse car il entraîne la peur. Il est vrai que les oiseaux sont généralement des animaux assez inoffensifs et on ne les voit pas attaquer massivement l’être humain. Mais bon, qui sait ce qui pourrait arriver dans certaines circonstances ?

    J’ai été assez étonné de voir à un moment donné que le propos va se concentrer sur la thématique du terrorisme islamiste. En effet, notre narrateur après avoir été attaqué par une fille lui lançant une pierre, va suivre deux hommes pas très nettes qui se préparent à commette l’irréparable dans la capitale parisienne.

    Cela devient progressivement assez lourd dans la narration pour nous expliquer le parcours de ces deux hommes qui basculent dans le terrorisme. J’ai pas du tout aimé cette rupture de rythme. Par ailleurs, cela apporte rien de plus que l’on ne sait déjà.

    Le graphisme faisant dans le minimalisme, ce n’est pas de ce côté-là qu’on pourra trouver de la grâce et de l’élégance. Bref, l’ensemble est plutôt terne et basique.

    Il y a un effet final pour tenter de rapprocher l’agression de la fille avec la tuerie d’un policier sur le trottoir par les deux terroristes. Je dirai que c’est assez maladroit non seulement dans l’approche mais dans la mise en forme.

    Bref, c’est un titre qui ne m’a pas particulièrement marqué. Parfois, il peut y avoir des ratés et il faut l’accepter comme tel. Tout n’est pas que jubilation. Comme dit, tout n’est pas vrai !

    janharmony Le 22/04/2021 à 10:05:36

    Tout est vrai dans le sens où tout se passe et se passe maintenant. Anecdotes, faits et tranches de vie se superposent et s'agencent au gré des réflexions et de l'histoire que l'auteur souhaite nous raconter. Cette méthode est également utilisée pour la production des dessins. L'auteur joue ici avec des transparents aux couleurs primaires pour obtenir l'effet désiré. Avec ce livre, Giacomo Nanni se place aux côtés d'une autre super innovatrice, Marion Fayolle.