K
laus, un trappeur itinérant, revient dans la ville de Grimsvig. Celle-ci a bien changé depuis son dernier passage. Elle respire la peur et la souffrance. Tous les hommes valides sont contraints de travailler aux mines et le despote local a interdit la traditionnelle remise de cadeaux aux enfants lors des cérémonies pour le solstice d’hiver. Les étrangers ne sont pas non plus les bienvenus et le montagnard, témoin d'exactions, échappe de peu aux gardes qui souhaitent le battre à mort. Toutefois, poussé par les esprits de la forêt, il retourne dans la cité pour redonner le sourire aux gamins.
Offrir un passé à ce personnage mythique qu’est le Père Noël, voilà une idée intéressante ! Construire ses origines sur un fonds de super-héros et dans un contexte de fantasy médiévale, pourquoi pas, et cela peut se révéler « fun ». Le problème est que Grant Morrisson n’y va pas avec le dos de la cuillère. Les poncifs et codes du genre sont là et bien là : pas un soupçon d’originalité, pas une once de transgression pour porter ce récit. En revanche, les raccourcis et autres incohérences sont présents. Le scénariste chevronné semble avoir oublié que toute fiction, et de manière encore plus aiguë celles qui proposent un univers fantastique, repose sur la suspension d’incrédulité. Pour être maintenue, l’histoire, aussi délirante soit-elle, a besoin de vraisemblance, sous peine que le lecteur n’y croit plus et sorte de l’aventure. C’est exactement ce qui se passe ici, et c’est bien dommage car malgré cette narration plutôt faible, la partie graphique parvient, presque (le mot à son importance), à nous emmener à la dernière page avec un certain plaisir (et une grosse frustration devant un tel travail gâché). Dan Mora, nominé aux Eisner Awards pour sa réalisation sur Klaus, impressionne par son sens de la mise en scène, son aisance tant dans la construction de décors évocateurs que dans la l'exposition des protagonistes, et son application pour faire vivre les ambiances.
À part pour profiter du talent du dessinateur costaricain, ce conte ne se révèle pas féerique. Il y a des êtres qui gagnent à rester mystérieux.
Quels dessins, notamment les pleines pages !
Si vous pouvez, achetez l'édition collector en noir et blanc pour encore mieux apprécier son trait.
Noël avait ses contes et légendes, il aura désormais son comics !
On va passer rapidement sur le scénario qui n’est certainement pas le meilleur de Grant Morisson mais qui n’a rien à envier à tous les téléfilms de Noël qu’on nous bombarde dès la fin Novembre.
Le scénario, manichéen et sans grand suspense, met en scène le retour de Klaus dans son village désormais terne et triste. Klaus va entreprendre de changer les choses. L’intrigue n’est clairement pas le point fort de l’album mais voir un Klaus badass défendre la veuve et l’orphelin, à Noël, c’est cool.
Le gros point fort de cet album est son dessinateur : Dan Mora. Il exécute un tour de force avec cet album en livrant des planches magnifiques. Son style est très élégant et les personnages sont maîtrisés et vraiment expressifs. Les décors sont formidablement exécutés. C’est grâce à ça qu’on arrive à se plonger facilement dans cette ambiance enneigée saupoudrée d’un peu de Game of Thrones (avec un tyran, un château, de la neige et des loups).
Bref, j’ai beaucoup aimé cet album en cette période de Noël (le lire en plein été ne m’aurait pas laissé la même impression, soyons clair). Ne cherchez donc pas à lire un chef d’œuvre mais juste un conte de Noël, semblable à n’importe quel autre conte. Ce comics n’a pas d’autre prétention que celle de vous faire passer un bon moment de lecture à Noël :-)