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Le club des prédateurs 1. The Bogeyman

18/02/2016 6925 visiteurs 5.5/10 (2 notes)

T out le monde le sait, le Bogeyman – le Croque-mitaine en français – n'existe pas. C'est une histoire pour effrayer les enfants, s'assurer qu'ils ne feront pas de bêtise et écouteront leurs parents. Mais Jack n'est pas de cet avis : il existe, il le sait puisqu'il l'a vu tuer son père. Hélas, dans le Londres de 1865, personne n'a l'air de se soucier des divagations d'un gamin des rues qui vole pour survivre et mendie pour se nourrir.

De toute façon, comme le pickpocket le dit lui-même : « il n'y a pas de justice pour les gens comme nous, la justice est réservée aux bourgeois ». Devant la prison de Newgate, lorsqu'il aperçoit la petite Liz Sherperd, venue assister à une énième pendaison publique, il décide pourtant d'agir ! Il faut montrer à cette jeune nantie ce que lui et les siens subissent au quotidien pour qu'elle attire l'attention des autorités sur leur condition. Mais Liz n'a pas les mêmes préoccupations qu'eux. Entre l'apprentissage des bonnes manières auprès d'une mère autoritaire et le désir d'accompagner son industriel de père à son club pour gentlemen, la petite fille n'a que faire des problèmes des plus démunis.

On savait Steven Dupré capable de dessiner avec talent le Moyen Âge. Il démontre ici qu'il peut en faire autant avec l'Angleterre du XIXe siècle. Son trait semi-réaliste est aussi adapté aux décors des bas-fonds londoniens qu'aux salons cosy de la haute société. Que ce soit pour les ruelles sombres et glauques ou pour les apparats des aisés, ses couleurs donnent une identité forte à chaque séquence. Enfin, si son choix graphique pour les enfants, avec leur bouilles rondes et leurs grands yeux expressifs, peut dérouter, il lui permet de souligner avec force l'innocence de ces personnages.

À la manière de Dickens dans Oliver Twist, dans ce Londres qui se modernise et s'industrialise, Valérie Mangin met en évidence la dureté de la condition des enfants, orphelins et sans le sous, face à la cruauté et la cupidité des adultes. Jouant habilement sur les oppositions de ses personnages - riches/pauvres, enfants/adultes, innocence/cynisme - elle ajoute à cette peinture sociale et historique une menace latente qui, floue et irréelle au départ, devient de plus en plus tangible en avançant dans l'album. En laissant le soin au lecteur d'inventer ce qu'elle tarde à lui révéler, la scénariste fait monter lentement la tension. Ce n'est que lors des toutes dernières planches, alors que l'ambiance se fait plus en plus pesante, que l'auteur surprend en révélant la nature du danger qui guette les enfants et fait définitivement basculer son récit dans l'horreur.

Passée une ouverture plutôt réussie, ce Club des Prédateurs prend toutefois une orientation déroutante en quelques pages. S'il est difficile de prévoir comment les auteurs dénoueront les fils de cette intrigue malsaine et angoissante, nul doute qu'il faudra avoir le cœur bien accroché pour le découvrir dans le second tome.

Par M. Moubariki
Moyenne des chroniqueurs
5.5

Informations sur l'album

Le club des prédateurs
1. The Bogeyman

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L'avis des visiteurs

    Saint -Jean Le 09/07/2017 à 12:21:53

    J'ai rarement lu quelque chose d'aussi noir, d'aussi dérangeant... Mais c'est vraiment bon. Je le conseille mais à ne pas mettre entre toutes les mains!!!! C'est HARD!

    jekkyl Le 19/08/2016 à 11:00:12

    Rien à dire sur le dessin, c'est très bon. L'univers est travaillé, l'intrigue... est prenante.
    J'ai définitivement été conquis à la fin de ce premier volet. Je m'attendais à quelque chose d'un peu plus convenu. Les auteurs ont pris le risque de provoquer le lecteur, et c'est payant.

    yopinet Le 31/07/2016 à 20:47:58

    Une lecture intéressante. On se laisse surprendre par cette histoire qui prend un tournant assez surprenant. La lecture est agréable, le dessin est correct, mais pas exceptionnel. On ne ressent pas l'atmosphère particulière de Londres au 19ème siècle. Et peu d'émotion ressort des personnages que je trouve un peu insipides.

    ayeaye Le 27/03/2016 à 19:19:22

    J'ai un avis plutôt mitigé aussi. Rien à redire sur le dessin et l'illustration des disparités sociales (bien qu'un brin caricaturales). Ce qui me gène un peu, c'est le dénouement glauque et choquant, voire limite. Bon, ça ne m'empêchera pas de lire la suite et fin au prochain épisode ! A ne pas laisser entre toutes les mains, quand même...

    canarenchaine Le 26/03/2016 à 21:35:39

    Assez partagé : la 1ère partie et la dichotomie riches-pauvres avec un dessin et une colo plutôt réussis font penser à une superbe bd. Mais la 2ème qui part vers un horrible où l'indicible se mêle au pathétique freine la lecture. D'un côté, envie de lire la fin de l'histoire et de l'autre crainte de vomir au regard des 3 dernières planches et de la dernière case...

    maeava85 Le 18/02/2016 à 18:58:47

    Attiré par la couverture je l'ai feuilleté et convaincu par les dessins que j'entrevoyait je l'ai acheté. Je n'ai pas été déçu. La peinture de cette ère de transformations profondes de la société est d'un réalisme criant de vérité. Bien sur le scénario bascule dans l'horreur et j'attends avec impatience le tome 2 pour satisfaire ma curiosité face au dénouement

    kergan666 Le 31/01/2016 à 20:25:19

    cet album acheté par hasard ne m'a pas déçu bien au contraire.
    les dessins sont parfaits à mon goût tout comme les couleurs.
    quand au scénario, il m'a tenu en haleine jusqu'à la fin ce qui n'est pas si fréquent.
    j'attends la suite et fin avec impatience.