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Lunes Birmanes

29/08/2012 6170 visiteurs 8.0/10 (1 note)

B irmanie, 1988. Bercés par les récits du vieux Papou, Thazama, Moonpi et Kim, de jeunes Zomis, mènent une enfance paisible, jusqu’au jour où des soldats débarquent dans leur village. Bien décidés à mater les populations locales, ceux-ci sèment la terreur, violent et multiplient les exactions. Quelques années plus tard, n'ayant pu empêcher les militaires d'emmener Kim, Thazama et Moonpi gagnent Mandalay pour y étudier et vivre de petits boulots. Là, ils côtoient d’autres birmans de toutes confessions et origines ethniques et s’engagent peu à peu dans la lutte politique contre le régime. Suite à une manifestation qui tourne au carnage, ils sont séparés. Rattrapé, Thazama subit interrogatoires et tortures, avant d’être condamné à soixante-cinq ans de prison. L’enfer carcéral s’ouvre devant lui. Il y pourrit des mois avant de s'échapper pour emprunter des routes tout aussi infernales, sanglantes et mortifères : celles de la liberté, passant par la Malaisie et la Thaïlande, avec au cœur la crainte omniprésente de perdre à jamais l’ami fugitif croisé fortuitement ou l’amour laissé à un sort incertain.

Le 1er avril 2012, Aung San Suu Kyi, figure éminente de l’opposition à la dictature birmane, assignée à résidence jusqu’en novembre 2010, a été élue députée, lors d’élections législatives partielles. Quelques mois plus tôt, un timide processus d’ouverture aux civils avait été initié par un pouvoir déstabilisé par les sanctions internationales et l’émotion planétaire suscitée par les images de la révolution safran (2007). Autant d’événements qui semblent orienter le pays vers un renouveau démocratique après vingt-quatre ans de souffrances sous le joug d’un régime inique et cruel.

Ce sont ces années sombres, dont le spectre beaucoup trop proche hante toujours la population, que racontent Sophie Ansel dans Lunes birmanes, en puisant dans les témoignages qu’elle a récoltés de 2005 à 2009, alors qu’elle séjournait au Myanmar. De ces bribes de vies en suspens, de ces destins brisés sous les bottes des soudards, de ces calvaires sans fin, elle a tiré une histoire qui prend aux tripes, interpelle, émeut au plus profond de l’être, fait voir en face une réalité aussi insoutenable qu’inimaginable. Comment rester insensible au parcours, d’un enfer à l’autre, de Thazama qui synthétise probablement le vécu de plusieurs personnes rencontrées par la scénariste ?

À travers ce protagoniste attachant et son entourage, Sophie Ansel aborde de nombreuses thématiques, à commencer par les crimes perpétrés par la junte et dont l’horreur explose au fil des pages, provoquant malaise et révolte chez le lecteur. Mais elle montre également comment les militaires s’en sont pris, en particulier, aux nombreuses minorités ethniques de confessions variées - les Zomis animistes, les Karens chrétiens, les Rohyngias musulmans, etc. La seconde moitié de l’album s’avère tout aussi poignante à travers l’évocation des épreuves qui, même au-delà des frontières, continuent. Chèrement payée, la liberté devient un mot bien creux une fois réfugiés dans les États limitrophes. Cet éclairage sur la situation des Birmans en Malaisie et en Thaïlande est des plus glaçants. En outre, si quelques étincelles d’espoir brillent de-ci de-là, l’ensemble est résolument sombre, volontairement sans concession et d’une grande crudité. Le lecteur n’en apprécie alors que plus l’introduction autour de l’unité birmane et des héros du passé (qui ont participé à la Première Guerre mondiale, toutes ethnies confondues) et les passages mettant en scène le Vieux Zopu, aïeul de Thazama, et son lien avec sa terre, la nature et la jungle.

Le récit est puissamment mis en images par Sam Garcia dont les illustrations aux couleurs contrastées s’attachent à la rétine pour ne plus s’en décoller, même la lecture achevée. Des corps ensanglantés, des figures lacérées, des silhouettes suintant la peur peuplent les quelques deux cents pages de ce one-shot. La violence sourd de chaque planche, omniprésente et ravageuse, tandis que le trait semi-réaliste du dessinateur transcrit visuellement un grand panel d’émotions où dominent la crainte ainsi que l’angoisse, et dans lequel la joie n’est qu’un frémissement ténu vite évanoui.

Formidable témoignage sur une réalité par si lointaine, Lunes birmanes ne laissera personne indifférent. À lire absolument !

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

Lunes Birmanes

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 25/08/2020 à 20:04:50

    Je tiens à préciser que c’est la première fois que je poste une œuvre comme celle-ci à la fois époustouflante et remarquable. Mon ambition cachée serait de faire découvrir celle-ci au plus grand nombre de lecteurs. Je suis assez déconcerté du quasi-anonymat qui règne autour de cette série. Elle ne mérite absolument pas d’être oubliée dans un coin car elle se présente d’une qualité indéniable. Il faut lui laisser une chance. C’est pour moi une belle révélation qui prend aux tripes. On ne sortira pas indemne d'une telle lecture.

    Tout d’abord, une narration assez dynamique nous permet d’entrer directement dans l’histoire d’un petit garçon élevé par son grand-père dans un village reculé de Birmanie. Le graphisme littéralement très expressif nous engloutit littéralement dans une atmosphère tropicale moite et inquiétante.

    La Birmanie est un très beau pays de par ses paysages et de par la diversité de ses habitants en différentes ethnies. Cependant, ce pays n’a pas eu de chance car la dictature militaire se succède au pouvoir depuis 1962. De 1988 à 2011, la Birmanie a été officiellement dirigée par une junte militaire, considérée comme une des pires dictatures de la planète. Cette œuvre de près de 208 pages est une dénonciation des pratiques utilisées par les militaires pour asseoir leur pouvoir. On va avoir une terrible impression d’impuissance face à la fatalité du sort d’un peuple. Superbement déprimant !

    On découvre ainsi que le travail forcé est une pratique courante qui va concerner des milliers de Birmans. La liberté de la presse n’existe pas. Les droits de l’homme sont bafoués. Le pouvoir judiciaire n’est pas indépendant. Les partis d’opposition sont interdits. La population est surveillée et tout opposant au Conseil d’état pour la restauration de la loi et de l’ordre (nom officiel et sans rire de la junte) est emprisonné à vie.

    En 1990 suite à un fort mouvement contestataire de la population, ils organisent des élections libres, remportées à plus de 80 % par la Ligue nationale pour la Démocratie d' Aung San Suu Kyi, fille d'Aung San et accessoirement prix Nobel de la paix. Les élections sont annulées et Aung San Suu Kyi est assignée à résidence ; elle n'a été libérée que le 13 novembre 2010. Bizarrement, les auteurs ont choisi de ne pas trop en parler mais de se concentrer sur les habitants qui vivent un calvaire. J’ai apprécié ce choix loin de toute fainéantise intellectuelle.

    Je ne pourrais pas dire cette fois-ci que j’ai passé un agréable moment de lecture. Les pires ignominies de ce régime seront montrées via le récit des habitants d’un paisible village d’une province assez lointaine de Rangoon. Le récit ne sera pas drôle et il y aura des moments fort éprouvants. J’ai dû arrêter plusieurs fois ma lecture afin de reprendre mon souffle. Cela se présente certes comme un récit fictionnel mais à la fin de l’ouvrage, il y a des photographies commentées et l’on se rend compte que c’est bien le destin réel de certains protagonistes dont les noms ont été légèrement modifiés. Ainsi, on va voir qu’un petit garçon de 10 ans va mourir d’une balle dans les bras de sa mère et qu’on jettera son corps dans la nature tout en emmenant de force la mère au loin. Bref, des moments insupportables et qui témoignent que ce que se passe dans ce pays est intolérable. On ne peut pas être le chantre de valeurs universelles et ne rien faire…

    Les mots du grand-père résonnent encore en moi: "La force qui sommeille en toi fera céder toutes les cages. Pense autrement. Pense l'impensable. Pense au souffle qui traverse les barreaux de ta cellule. Observe, imprègne-toi, pénètre l'esprit des hommes les plus vils. Trouve les failles. Creuse-les. Tous les empires s'écroulent un jour s'ils reposent sur des fondations rongées par la vermine. Le soleil rebrillera sur la Birmanie et ce jour-là tu seras un homme libre". C'est plein d'espoir et on pense alors à Nelson Mandela et à son destin.

    C’est une œuvre extrême dans la violence et dans l’esthétisme qui s’en dégage. J’en suis ressorti totalement secoué. Peu de lecture ont provoqué chez moi ce genre de sentiment. La haine, la colère, la compassion, l’envie de croire à une cause juste… J’ai ressenti cette bande dessinée comme une tentative de réveil de nos consciences. Bref, une déferlante d’émotion qui m’a emporté avec force et conviction. Une œuvre à découvrir absolument !

    24aikido Le 26/10/2016 à 22:00:17

    Cette BD ne vous laissera pas indifférents, soyez en certains.
    Elle vous prendra aux tripes et vous rappellera que l'Homme reste le pire ennemi de l'Homme.
    Un grand merci aux auteurs.

    raitto13 Le 22/10/2014 à 21:33:59

    Une BD coup de poing, très forte et très dure à lire en même temps, qui nous confronte à la situation en Birmanie. Un récit sans concession extrêmement instructif.

    Chouetchoue Le 27/01/2014 à 19:05:57

    Magnifique. J'étais rebuté au début par le style de dessin des premières pages, qui peut faire penser à un certain type de bd jeunesse. Il n'en n'est rien. Un magnifique ouvrage qui éclaire une période méconnue par les occidentaux, la fin du 20ème siècle dans la Birmanie dictatoriale.
    Un récit qui peut s'adresser à des adolescents (le héros est un avatar de ceux-ci) ou des adultes, de part la richesse historique de l'ouvrage.

    Bravo à Sophie Ansel et Sam Garcia (je ne connais pas ce dernier).