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Les amateurs

12/12/2011 12878 visiteurs 8.3/10 (4 notes)

B recht Evens prend le temps de saluer une dernière fois l’ambiance si urbaine, si tendance, qui a fait Les noceurs, avant d’opérer un virage radical pour emmener son petit monde, ou plutôt son représentant d’un album, Pieterjan, loin de tout ce tumulte et de toute cette poudre. L’heureux homme, artiste de son état, a été choisi pour préparer la pièce maîtresse de la toute première biennale d’art à Beerpoele - ça ne s’invente pas - en compagnie de quelques autochtones.

Il y a un mélange d’outrance et de poésie dans cette fable où sont convoqués, le temps d’une petite semaine de création, un plasticien de la ville un rien flegmatique et quelques pratiquants des champs amateurs de la chose. Pieterjan, propulsé, ou plutôt happé, dans cet univers bucolique et très bon enfant, semble se prendre au jeu (qui a quand même beaucoup d’une farce). En n’hésitant pas à clairement singulariser ses protagonistes, tant dans leur représentation graphique que par leur caractère, Brecht Evens apporte des ingrédients pour le moins variés à son histoire. Cela lui permet de passer du coq à l’âne en matière d’atmosphère sans que la cohérence de l’ensemble n’en souffre, puisque c’est bien dans cette improbabilité à l’équilibre incertain, mais maintenu de bout-en-bout, que réside le sel de cet exercice joyeux et insidieusement philosophique.

Ainsi Kristof, monsieur rouge, celui qui mène la barque et anticipe l’eau à mettre dans le vin quand les susceptibilités de certains, mises à rude épreuve face à l’échéance qui approche, tendent vers le rouge. Ainsi Valentijn, monsieur bleu pâle, dont le visage translucide, sorte de préalable au Cri de Munch, caractérise si bien le manque de confiance maladif et le besoin viscéral de reconnaissance qui animent le personnage. Ainsi Dennis, monsieur noir, enfermé dans sa bulle et ses spirales, dans son obnubilation et sa paranoïa. Ainsi Danny et sa bière à la main, ainsi Dirk le clown, ainsi la maman de Kristof, son pot de chambre, son poisson rouge et son chat.

Tout cela fait agréablement écho au triptyque pas si léger que ça, relativement barré et gaiement incongru de Camille Jourdy : Rosalie Blum. Sans doute sur un rythme un peu plus enlevé, notamment du fait d’une gestion de l’espace atypique, remuante et variée, qui participe à la spécificité de l’auteur néerlandais. Capable de planches fouillées, jouant parfois sur la transparence et truffées de détails, à l’image du dessin qui orne la jaquette à multiple facettes de la couverture, comme de livrer des enchaînements plus épurés, il excelle dans l’art de la mise en situation. Une gestion du tempo qui confère une vraie vitalité à ce récit où tous les sentiments s’entremêlent dans un furieux maelström de couleurs directes pimpantes, où même le noir et blanc est aussi convié, que ce soit lors d’une explosion - surprise -, ou lors d’une séquence photo - c’est tellement plus tendance ! Pour couronner le tout, l’auteur livre à la fin de son ouvrage une petite leçon qui ne manque ni de bon sens, ni de simplicité, comme cela aurait été fait dans une fable !

Sans doute encore plus que dans Les noceurs, les qualités de ce dessinateur talentueux et inclassable, mais aussi conteur d’exception, ressortent dans ce livre qui offre une lecture des plus fluides. Cerise sur le gâteau, il ne fait nul doute que Brecht Evens a pris un immense plaisir dans la réalisation de cette bande dessinée, et cela se ressent. Laissez-vous tenter.

Par F. Mayaud
Moyenne des chroniqueurs
8.3

Informations sur l'album

Les amateurs

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Note: 3.9/5 (28 votes)

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L'avis des visiteurs

    sulli Le 15/12/2013 à 09:51:56

    Mal m'en a pris !

    J’apprécie vraiment acheter mes BD en librairies spécialisées. On discute avec les vendeurs, on échange nos points de vue, on se prend au sérieux, et je repars avec les BD pour lesquelles j’étais arrivé, mais pas seulement. Car j’aime être surpris. Cette fois, j’ai bel et bien été surpris, mais c’est raté.

    "Les amateurs" c’est l’histoire d’un artiste en mal de reconnaissance, Pieterjan, qui décide de participer à la première édition d’un festival d’art à Beerpoele, un village paumé de la campagne hollandaise. Sur place un escadron de farfelus l’attend, lui le professionnel, pour créer de l’art ! Pieterjan devra composer avec l’amateurisme de ces drôles d’oiseaux pour donner naissance à une œuvre collective…. Un scénario qui m’a semblé totalement divaguer.

    Côté dessin, Brecht Evans a un style tout en "explosivité" pour ne pas dire totalement cacophonique. Les couleurs sont nombreuses et vives. Ses aquarelles sans cases sont déstructurées. Il joue avec la superposition, mais ce jeu m’a totalement perdu. Je ne me suis pas amusé avec lui.

    Je peux imaginer que certains apprécient ce dessinateur qui avait reçu le prix de "l’audace" Angoulême 2010. Et je suis d’accord c’est très "audacieux", mais pas à mon goût.

    http://bdsulli.wordpress.com/

    Blue boy Le 05/12/2013 à 23:52:53

    Comment juger un tel OGNI (objet graphique non identifié) et par quel bout le prendre, nom d’un petit homme vert !? C’est une sorte de mélange entre le livre pour enfants et le conte philosophique, dans lequel l’auteur décide de massacrer (presque) tous les codes du 9ème art. L’objet est assez plaisant mais totalement hybride, on a parfois l’impression de regarder un livre d’art naïf avec des aquarelles pleine page insérées aléatoirement au fil de l’histoire. La seule chose qui rappelle la BD est qu’on a bien affaire à une « juxtaposition d’images fixes en séquences » (ou « art séquentiel ») selon l’expression de Scott Mc Cloud (« L’Art invisible »). L’auteur ne s’est évidemment pas donné la peine de mettre ses dessins en boîtes (non, ses boîtes à lui sont dans l’histoire, il a l’air vraiment fasciné par les boites !), je veux dire en cases, préférant la jouer « no limit ».

    Et puis il y a même une histoire aussi, et même si j’ai un peu pris peur au début, je me suis finalement laissé prendre au jeu. En fait, Brecht Evens nous raconte un projet un peu bancal réunissant une bande de bras cassés qui a priori n’ont rien à voir les uns avec les autres. De cette rencontre improbable va naître une étrange alchimie qui va finir par galvaniser les esprits, avec tous les problèmes d’égo que cela peut engendrer, pour donner au final une œuvre monumentale des plus inattendues…

    Dire que j’ai adoré serait exagéré, mais je dois admettre l’audace de l’entreprise. En fin de compte, je ressors assez partagé. Par exemple, j’ai plutôt bien apprécié les « tableaux » pleine page aux couleurs magnifiques, qui dégagent une vraie magie, naviguant entre le post-hypo-naïf et le néo-exo-impressionniste, à moins que ce ne soit du pseudo-péri-pointillisme (ne cherchez pas ce que ça veut dire, c’est moi qui ai inventé ça...). D’autres fois, j’ai trouvé ça au mieux sans intérêt et au pire rebutant, avec cette vague impression (un peu agaçante) que l’artiste, un rien feignasse, a abstractisé une bonne part de ses délires à l’aide une truelle (et des couleurs parfois criardes aussi), une façon peut-être de souligner qu’on a bien affaire à un objet anticonformiste…. et « amateur » ! Cet ouvrage est, vous l’aurez compris, plein de paradoxes, un peu comme si Evens se jouait constamment du lecteur et cherchait à titiller son approche de l’art et à démasquer le snob qui sommeille en lui. Même les dialogues, simplistes voire nunuches, vont parfois côtoyer l’absurde…

    A relire peut-être pour en apprécier toutes les subtilités. Une chose est sûre, ceci devrait attirer les amateurs d’art et ceux qui aiment l’inédit.