La saga des Brumes

E inar et son frère Olaf ne se ressemblent pas. Olaf, l'aîné, est un meneur courageux, combatif, l'air taciturne avec sa grosse barbe noire. Son frère cadet est tout autre, fluet jeune homme blond, coureur de jupons et saltimbanque. Dans l'Islande du Xe siècle, l'infidélité se paye chère : la femme d'Olaf batifole avec Magnus, le fils d'un clan ennemi. Le mari trompé découvre le pot aux roses et tue l'amant. Pour éviter une guerre des clans, Olaf est contraint à l'exil, emmenant avec lui sa femme, sa belle-sœur accompagnée de sa fille et Einar. Ils se réfugient sur un rocher à peine habitable, en espérant que la rage de Ragnar, le frère de Magnus, s'apaise. Se joue alors un drame familial entre mensonge, lâcheté, hypocrisie et courage.

Marc Védrines explore les brumes de l'extrême nord de l'Europe par un simple noir et blanc, utilisant habilement les ombres par un encrage rehaussant un dessin semi-classique, souple et parfaitement lisible. Il se rapproche de certains indépendants américains comme Linda Medley dans Chateau l'attente. Son dessin est maîtrisé, juste, bien ancré dans l'histoire. Pourtant, le scénario qu'il développe avec Jean-Paul Krassinsky n'est pas à la hauteur. Il a certes l'originalité du thème pour lui, mais peu d'intérêt véritable. Le lecteur suit les péripéties de cette famille sans vraiment s'attacher aux personnages. Ce n'est ni un récit initiatique, ni guerrier, encore moins d'amour. Pour l'aventure, il n'y a pas assez d'événements.

Saga des brumes est un album relativement hors normes, qui n'a pas réussi à construire sa propre voie. Les ingrédients sont bons, mais le mélange ne prend pas. Le tout n'est pas désagréable, mais oublié dès le livre fermé. Une déception.