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B elgique, 1939. Spirou est groom au Moustic hôtel de Bruxelles. En quelques jours, à la faveur de rencontres diverses et variées, la vie de ce sympathique jeune homme va prendre une nouvelle orientation.

Quoi de neuf ? Spirou, bien sûr ! D’accord le slogan est usé jusqu’à la corde et pourtant avec Les aventures de Spirou et Fantasio par il est tentant de le recycler une fois encore. Et paradoxalement, en particulier avec ce Journal d’un ingénu. Loin de la volonté de faire du neuf avec du vénérable tel un brocanteur armé de son lustrant, Emile Bravo invite plutôt à découvrir le personnage avec un œil nouveau. Comme ses prédécesseurs, il ne se substitue pas à Franquin ou aux auteurs successifs qui lui ont emboîté le pas, il rend hommage à l’institution en livrant une partition personnelle. Mais avec une difficulté supplémentaire, en relevant un défi qui l’expose sans doute plus que ses prédécesseurs : celui d’offrir le tome 0 de la série ou, comme on dit sous d’autres latitudes, les origines des héros dans le cadre d’une aventure à part entière. Avec de l’espionnage, des sentiments, du comique, comme on aurait pu le lire sur une affiche. Le risque est simple et multiple à la fois, reposant sur des a priori plus classiques encore que le mythe : quel intérêt de revisiter les monuments ? (en l’occurrence la série ET l’auteur, icône intouchable du 7ème Art) ; encore un hors-série qui plaira plus aux collectionneurs qu’au lecteur ? pourquoi chercher à copier les incunables ?

En dépit des apparences et d’une couverture franchement rétro, Emile Bravo n’imite pas les illustrés d’alors qui accueillaient les vedettes nommées Tintin et donc Spirou. Si son appropriation de la ligne claire qui caractérise son style donne « l’impression de », graphiquement, c’est davantage avec le reporter aux culottes de golf que vers le petit groom que l’analogie se fait. D’ailleurs, il semble s’en amuser ouvertement en citant puis en faisant endosser au jeune bagagiste la panoplie de son ainé. Peut-être en fait-il un peu trop d’ailleurs de ce point de vue mais qu’importe. D’autant qu’il n’y a aucun doute possible, il s’agit bien d’un album d’Emile Bravo. Le groupe de gamins (hérité de Franquin) que Spirou a pris sous son aile porte par exemple sa marque de fabrique et, cette fois, on peut le dire sans exagération : C’était la guerre mondiale. Et l’histoire est bien ancrée dans l’Histoire, avec ce que cela sous-entend de romanesque.

Le choix de la guerre ou de la paix se négocie entre émissaires des futurs belligérants dans les salons privés d’un hôtel d’une capitale d’un pays tiers. Comme d’habitude chez l’auteur, les choses sont dites, compréhensibles pour les plus jeunes qui, eux, ne liront pas l’album en s’encombrant d’une quelconque pointe de nostalgie. Il y a fort à parier qu’ils sont plus familiers des personnages de Bravo, croisés au détour de ses albums bien sûr, mais aussi des périodiques, de livres jeunesse ou d’ouvrages à vocation encyclopédique, que des créations d’Hergé ou de Franquin publiées lorsque leur grand-père se promenait en culotte courte. Il y a un bien quelques éléments de pure politique qui leur passeront bien au-dessus de la tête mais ils ont toujours la possibilité de trembler (un tout petit peu) et de s’amuser (plus franchement) quelques cases plus loin. Ce sacré Spip, par exemple, qui se découvre une conscience ; ce grand dadais de Fantasio aussi, pas très sympathique au premier abord mais que ses pitreries rachèteront définitivement.

Et pour les amoureux des histoires populaires d’antan, portées parfois à l’écran en noir et blanc ou bien chantées, il y a la situation de ce pupille de la Nation pas gâté par la vie mais débrouillard, candide mais qui apprend vite. Ces querelles de gosses aussi, qui s’envoient maladroitement mais avec une absolue conviction les opinions de leurs parents. Ces méchants qu’il est si bon de tourner en ridicule, ces gentils qu’il est rassurant de voir aux côtés du gamin en rouge. Et cette bluette aussi, avec cette jeune fille gracile, blonde comme les blés d’Ukraine, aux crans impeccables et très mode. Spirou a-t-il jamais été amoureux ? C’était l’une des questions auquel l’album se proposait de répondre. Sur ce point, comme sur les autres que l’ancien lecteur aux manettes de ce projet avait choisi d’aborder, la réponse est joliment et efficacement abordée. Sa réponse. De quoi passer très rapidement sur l'ultime planche bien fade au regard de ce qui précède et un épilogue encore plus inutile qu'anecdotique. Des broutilles.

Drôle d’expérience donc, ô combien convaincante, d’avoir à lire un album d’époque tout à fait moderne, d’avoir le sentiment d’avoir exhumé une relique flambant neuve qui ramène à une période de l’histoire qu’un nombre dérisoire de lecteurs de ce Journal d’un ingénu a réellement connu. Le tout dans un respect absolu de certains codes et en demeurant soi-même. Inutile d’être un expert depuis 70 ans pour apprécier cet album, le fait de savoir qu’il existe un personnage de BD, habillé de rouge à ses débuts, populaire depuis des décennies au point de créer l’évènement à chaque fois qu’une de ses aventures est publiée, doit suffire. C’est dire si ce Journal est réussi.

Par L. Cirade
Moyenne des chroniqueurs
8.9

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