La Revue Dessinée sort un tome de reportages en BD tous les trois mois depuis 2013. En plus de cette publication, elle réalise également plusieurs éditions spéciales, souvent avec des partenaires : par exemple, pour traiter des violences policières avec Mediapart en 2020, ou des ventes d’armes avec Disclose en 2022. Le mal des montagnes est le dernier en date, en partenariat avec Reporterre. Il présente dix sujets qui permettent de traiter son sujet par de multiples portes d’entrées, différentes visions, à la fois thématiques et iconographiques. Les thèmes principaux portent sur les enjeux environnementaux et touristiques en France (incluant une escapade sur le mont Everest avec le youtubeur Inoxtag) dans un monde où la neige est de plus en plus rare.
Le thème transverse est, évidemment, le changement climatique qui a des conséquences directes sur tous les aspects de la vie en altitude, principalement la dégradation des milieux cueillant faune et flore, mais aussi la viabilité du tourisme organisé en « tout ski ». Ces enjeux sont traités sous différents angles : l’artificialisation des sols, la politique, la médiatisation, les futurs JOP 2030 prévus dans les Alpes. Toutes ces facettes sont servies par des mises en images variées. Heureusement, le recueil présente aussi des pistes de solutions pour un futur plus optimiste. D’abord en rappelant les résistances locales parfois victorieuses et en proposant des alternatives pour imaginer les activités possibles dans un monde sans neige abondante.
La variété des représentations est une des grandes forces du recueil qui lie le fond et la forme à chaque sujet. La montagne est magnifique mais l’être humain la dégrade fortement, et chaque dessinateur a dû ainsi peser entre la mise en majesté et des cases plus prosaïques sur les déchets, les bâtiments abandonnés... La couverture est un bel exemple d’image contrastée, à la fois belle et inquiétante. Certains sujets instillent le malaise en iconisant les athlètes tout en montrant les ravages du tourisme sur le territoire. D’autres mettent en scène la faune comme autant de personnages auxquels le lecteur s’attache émotionnellement.
Une lecture instructive et où le sens est apporté aussi bien par les textes que par le dessin. Ce nouveau hors-série de la Revue Dessinée peut se targuer de prouver une fois de plus que le format BD apporte beaucoup au reportage journalistique.
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