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eptembre 1918, la guerre s’achève. Ludwig est prisonnier à Döberitz, dans un camp allemand aux conditions sévères. Les Lulus lui manquant cruellement, il se réjouit de l’arrivée de Lucas. Quelques semaines plus tard, le tandem s’enfuit avec Josef, un ami croisé quelques années plus tôt. Destination Berlin où gronde une révolution à saveur socialiste. Les journées sont faites de discussions avec de jeunes idéalistes de gauche, les spartakistes, et de confrontations avec les freikorps, une milice composée de soldats.
Avec Ludwig, Régis Hautière conclut une série profondément humaine, destinée à un lectorat adolescent. Dans cette ode à l’amitié et à la solidarité, les gamins ont toujours su voir qu’au-delà de l’étendard se trouve un individu, avec qui ils ont plus de points communs qu’ils pourraient le croire.
Cet album tend à se détacher du quotidien des enfants pour embrasser un point de vue plus large. Alors que l’armistice est célébrée partout, en Allemagne, c’est le désarroi et le vertige face à un vide social et idéologique. Certains écoutent les sirènes de la gauche, alors que d’autres tracent des croix gammées sur les murs. Ce regard porté sur un pays en déroute constitue l’aspect le plus intéressant de cette histoire.
Ludwig est le narrateur de cette ultime aventure. Au crépuscule de sa vie, il se raconte avec une langue simple et rigoureuse, à l’image de l’instituteur qu’il est devenu.
Il est dommage que cette fin se fasse en l’absence de la majorité de la bande. Bien que les dernières pages rassemblent rapidement les fils, elles laissent malgré tout le lecteur sur une impression de trop peu.
Le dessin semi-réaliste d’Hardoc demeure à la hauteur du projet. Depuis dix tomes, il a toujours su mettre son trait rond, un peu naïf, au service d’une trame foncièrement dramatique, sans en trahir le ton. Il appartient donc au bédéphile de prendre la mesure de ce qui est suggéré. Ne lésinant pas sur les décors, l’artiste reconstitue habilement l’esprit des lieux et de l’époque. Ses personnages continuent, pour leur part, d’afficher des bouilles sympathiques et expressives.
Un bon album. Une conclusion de série en demi-teinte.








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