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                        évrier 1794, en pleine mer des Caraïbes, la dunette d'un navire de la toute jeune République française est ravagée par un boulet de canon ! Les pirates ne tardent pas à donner l'assaut et montent à bord pour récupérer leur butin. Un peu de vin, des pommes et des pruneaux : le butin n'est pas vraiment à la hauteur de leurs espérances. Alors le Capitaine cherche désespérément à hausser le pactole. Il y a justement un savant, tenant dans ses bras une curieuse mallette, qui traîne par là. Il a de la valeur ce zigue à rubans ? Pas mécontent de se débarrasser de ce passager particulièrement exigeant, l'équipage français saisit l'occasion. Et voici donc Joseph Dombey en route pour l'île de Montserrat…
Le 11 décembre 1998, la sonde Mars Climate Orbiter est lancée par une fusée de la NASA. Plusieurs mois plus tard, au moment de se placer en orbite de la planète rouge, le bijou de technologie, qui a coûté plusieurs centaines de millions de dollars, est détruit. L'échec est cuisant pour l'agence spatiale américaine et ses raisons prêtent aujourd'hui à rire. Quel rapport avec les mésaventures survenues deux siècles plus tôt ? C'est précisément ce que raconte cet album qui retrace l'histoire malchanceuse de Joseph Dombey. Le botaniste n'est pas tout à fait à son aise dans la France révolutionnaire. Lorsque la Convention décide de l'envoyer en mission de l'autre côté de l'Atlantique, le scientifique ne se fait pas prier. D'autant que ce qu'il transporte avec lui est une merveille d'invention : le mètre étalon et ses déclinaisons pour les volumes (le litre) et la masse (le kilogramme). Et tout ça est made in République française !
Après le succès de La bibliomule de Cordoue, une nouvelle bande dessinée signée Wilfrid Lupano (scénario) et Léonard Chemineau (dessin), toujours accompagnés de Christophe Bouchard (couleurs), avait de quoi piquer la curiosité. Les auteurs renouvellent ici l'exercice de la fresque à la fois historique et comique, en l'agrémentant d'une petite dose d'absurde plutôt bien sentie. La lecture est assurément plaisante, grâce à la mise en scène théâtrale des planches du dessinateur, une galerie de drôles de personnages et plusieurs dialogues savoureux, le tout en engrangeant des connaissances au passage. L'ensemble est fluide, bien rythmé et laisse échapper quelques sourires. 
S'il ne faut, dès lors, pas bouder son plaisir, l'ouvrage ne parvient toutefois pas à se hisser au niveau de la précédente collaboration du trio. Assise sur des faits documentés, l'intrigue demeure en effet relativement linéaire et sans grande surprise. Surtout, elle invite à moins de réflexions que ce à quoi le scénariste a pu habituer les bédéphiles, les quelques accents mis sur le système démocratique de la micro-société pirate ou sur ce qu'apporte le progrès scientifique étant, somme toute, assez légers. Les personnages sont, par ailleurs, bien pensés mais aucun n'est véritablement attachant, le lecteur se sentant donc moins concerné par leur destin. 
Servi par une approche astucieuse, Le Mètre des Caraïbes est une manière agréable d'en apprendre davantage sur une anecdote historique peu connue. 
                                        
 
 
        

 
                        
 
                










 
                                






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