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                        es quatre voix ayant marquées l'histoire du Jazz - aux côtés d'Ella Fitzgerald, de Nina Simone ou de Sarah Vaughan - Billie Holiday est certainement celle dont la vie fut la plus tragique comme en atteste sa mort prématurée à l'âge de quarante-quatre ans. Après avoir consacré un podcast à la genèse de sa chanson phare, Strange Fruit, et les conséquences que son succès aura eu sur Abel Meeropol, son créateur et la plus célèbre de ses interprètes, le réalisateur Vincent Hazard a décidé de changer de medium pour porter cette histoire auprès du public bédéphile. Pour ce faire, il s'est associé au dessinateur A. Dan (Jazz, Oki d'Odzala). Édité dans la collection Aire Libre de Dupuis, le scénariste fait donc son entrée dans le neuvième art par la grande porte. Mais la réalisation est-elle à la hauteur des ambitions ?
Pas tout à fait pour être franc. Si le sujet mérite évidemment ce coup de projecteur, le choix d'une narration par flashbacks est quelque peu malheureux. En effet, devant les nombreux événements qui jalonnent la vie de la chanteuse, la lecture s'avère hachée. Les allers et venues à travers les époques manquent de fluidité. En cela, le dessin, pourtant expressif et dynamique de A.Dan, n'aide pas. Malgré un découpage propre, la prestation inégale de l'artiste ne facilite pas l'immersion. Ainsi, un trait pas toujours maitrisé rend certains personnages, notamment, difficilement différentiables. Pire, Billie elle-même change un peu trop de physionomie pour être identifiable instantanément. Il faut reconnaître toutefois que la vie ne l'épargne pas. Entre les requins qui lui tournent autour, ses (nombreuses) addictions, ses mariages (et ses divorces !) ainsi que l'acharnement dont elle est victime de la part des forces de l'ordre, les tourments se succèdent, entre deux succès. 
La densité des évènements - l’album court sur plus de vingt ans à partir de la fin des années 30 - est justement un des points forts du récit. Ceux qui concernent la star mais également ceux qui frappent le parcours du parolier. Le succès et l'expansion des studios hollywoodiens puis la chasse aux sorcières qui sévit dans tout le pays et particulièrement dans l'industrie cinématographique, au début des années 50, lui réservent bien des galères. Être juif, affilié communiste et défendre les droits des minorités, surtout ceux des Noirs, font d'Abel Meeropol une cible de choix pour le pouvoir et les élites versatiles. À travers ces deux parcours, les auteurs peignent avant tout un pan de l'histoire des États-Unis. 
Strange Fruit, la chanson d'Abel est à la fois un témoignage et une reconnaissance. Ce titre décrit tout autant qu'il dénonce une époque et des mentalités d'un passé qu'il serait bon de ne jamais voir revenir dans l'actualité. Cet album est surtout l'occasion de rendre un hommage vibrant à deux artistes qui ont passé leur vie à lutter contre l'injustice et à essayer de surmonter leurs démons comme les obstacles que leur propre pays dressait sur leur route.
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L'histoire très instructive de la chanson engagée de Billie Holiday écrite par Abel Meeropol.
Certes c'est très certainement romancé, mais cette histoire à la confluence des violences faites aux Noirs, du Maccarthysme, de la guerre avec comme toile de fond le jazz est superbe. Ne serait-ce que pour cela il faut la lire.
Il faut saluer le travail du scénariste. Excellente idée et superbe construction. Cependant dans ce livre je n'ai pas ressenti le "souffle du jazz", son impertinence, la créativité sous-jacente. Je pense que la cause en est le dessin peut être trop académique, trop sage. Un peu dommage mais à lire dans tous les cas.