P
éninsule de Kola, 1999. Une patrouille de routine découvre un corps sur la neige. L’individu en question n’est pas mort et est immédiatement conduit à l’hôpital de Severomorsk pour y être pris en charge. Surpris par la résistance de ce rescapé qu’il a surnommé Gary Ajar, le médecin de l’établissement décide d’en savoir plus et débute une série de tests poussés. Il y a décidément quelque chose d’étrange avec ce patient, son bilan biochimique tout particulièrement. Un mois plus tard, Gary s’est enfin réveillé, mais semble avoir perdu le sens de la réalité, comme s’il était sous l’emprise d’une drogue puissante. Encore très affaibli, il alterne les moments d’éveil et de profond sommeil. Puis, c’est le drame : un matin, le service de nuit est retrouvé massacré et Gary a disparu sans laisser de trace.
Après un préambule permettant de présenter le personnage principal et semer ce qu’il faut de mystère, Corbeyran saute un quart de siècle et déplace son récit dans la capitale russe. Gary a bien récupéré et est désormais pisté par une équipe de professionnels aguerris ayant comme mission de le neutraliser et de le ramener vivant. Cependant, le gaillard a de la ressource et s’est apparemment fait quelques amis vers qui il peut se tourner…
Action, adrénaline et un soupçon de fantastique (ou alors, il s’agit de SF ? Il est trop tôt pour le dire avec certitude), Saramza 61, premier tome de Bestial, est un thriller ultra-classique, semblant tout droit sortir des années quatre-vingt-dix. Le scénariste, qui n’en est pas à son premier rodéo, sait parfaitement capter l’attention du lecteur en distillant les informations au compte-goutte, entre deux scènes-chocs à haute intensité. L’intrigue est, pour l’instant, pratiquement secondaire, les caractères ont été taillés à l’aide d’une serpe pas trop aiguisées, les stéréotypes abondent et… Il est impossible de ne pas tourner avidement les pages ! Évidemment, pour ce qui est de l’originalité ou d’une quelconque résonance avec l’époque, mieux vaut changer de crémerie.
Aux pinceaux, Luca Malisan propose une approche photo-réaliste qui rappelle celle de Jean-Michel Ponzio. Afin de donner du corps et du mouvement à ce style figé, le dessinateur varie habilement le découpage et la mise en scène. La «caméra» tourne constamment et de nombreux coups de zoom apportent de la profondeur aux planches. Celles-ci sont également dynamisées par des effets de lumières et de contraste pas moins efficaces. Il en résulte une esthétique «à prendre ou à laisser», mais totalement affirmée et assumée.
Boulonné avec force et dessiné avec autorité, Bestial, est une BD 100 % divertissement qui devrait réjouir les amateurs du genre et de maïs soufflé un peu éventé.








Poster un avis sur cet album