Steamboat Evil

L e premier janvier 2024, Mickey Mouse est tombé dans le domaine public et n’importe qui peut théoriquement se réapproprier le héros emblématique de Walt Disney. Enfin presque. En effet, ce qui a effectivement et juridiquement perdu son copyright est seulement la première apparition de la célèbre souris dans le court métrage d’animation Steamboat Willie. Quant au personnage connu de tous, il demeure une marque déposée que les gens de Burbank sont les seuls autorisés à utiliser. Au fait de cette nuance cruciale, Marco Fontanili (Nosferatu) s’est bien gardé de sortir des clous en imaginant sa relecture personnelle de cette histoire mythique : Steamboat Evil !

Album en noir et blanc au trait névrotique, voire halluciné, cette version diabolique de ce récit tout simple se montre à la hauteur de l’original. Le dessinateur se refait le film en lui injectant une bonne dose de soufre. En tête de distribution, un Pat Hibulaire cornu et aux pieds de bouc s’en prend à un Mickey pas moins décalé. La bagarre dantesque qui découle de cette rencontre va d’ailleurs démontrer que ce dernier n’est pas non plus un ange, bien au contraire. Le connaisseur notera que Fontanili n’a exploité que le début du dessin animé original et s’est limité au duel entre les deux protagonistes. Minnie et les animaux de la ferme ne sont donc pas du programme. La fin est également totalement originale, mais chut, laissons la surprise aux petits et grands lecteurs.

Mise en scène ultra-dynamique, superbes illustrations vibrantes rappelant Jim Woodring par moments et une liberté de ton particulièrement jouissive, Steamboat Evil joue la carte de l’hommage détourné de la plus belle des manières ! Un classique légendaire à redécouvrir d’urgence.