Mì ! Qui voilà ? C’est Caroline. Aìo, Carulina ! Et Ange alors, il n’est pas là ? Non, ils ont rompu. Fraîchement débarquée du continent, la jeune femme vient d’arriver à [barre]Tox[/barre] -Tosschiu ! - pour y retrouver sa famille. C’est l’été, il fait beau et très chaud sous le soleil corse, mais le village est plutôt désert. La mamie, le pépé et les zie ont vieilli et radotent ; les lieux décrépissent lentement. Pourtant, à l’ombre d’une treille sur la terrasse, derrière les volets clos dans la pièce commune l’après-midi ou dans la fraîcheur de la nuit, les souvenirs fleurissent et les langues se délient.
L’accent chantant et le parler typique de l’Île de beauté résonnent à travers Zia zinzin, un album d’autofiction signé Caroline Nasica. Le lecteur s’y croirait presque, d’autant que les anecdotes proposées respirent l’authenticité. L’autrice connaît son sujet et, avec autant de verve que de joyeuse impertinence, elle raconte un retour aux sources plein de justesse. Il est question de retrouvailles, de « tournée des anciens » dès l’arrivée au village, de discussions à bâtons rompus, de promenades nostalgiques dans les environs, de fêtes jusque tard dans la nuit avec quelques excès, sans oublier les rires suscités par le rappel de légendes familiales. En contrepoint, le récit montre aussi l’étiolement des villages, le recul de la langue, les difficultés engendrées par l’indivision des maisons, le poids des querelles, les maigres perspectives d’emploi. S’y ajoute quelques points liés au folklore local et autres traditions. En somme, la réalité, comme souvent, est ambivalente et si le propos reflète bien la fierté d’une identité corse, sa portée a quelque chose d’universel. Le sourire affleure, avec un petit pincement au cœur. Quant au dessin au trait semi-caricatural, il va à l’essentiel et croque les personnages sur le vif, un peu à la façon d’instantanés. Quelques planches, çà et là, permettent d’apprécier l’ambiance, comme suspendue dans le temps, de Tosschiu et de ces hameaux agrippés à flan de montagne émergeant du maquis.
Lecture plaisante, Zia Zinzin. Retour en Corse est une jolie déclaration d’amour de Caroline Nasica à l’île de ses ancêtres.
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