C
ela aurait très bien pu être le S entre la Contrescarpe et Champerret, à l’heure de pointe et le personnage principal, un grand gaillard maigrichon coiffé d’un chapeau sans ruban. Pas du tout, Paul Kirchner est américain et il a plutôt traîné ses guêtres du côté de New York. Pour le véhicule, il s’agit d’un General Motors «New-Look» de 1959 et pas d’un Renault TN. Quant au héros, c’est un petit rondouillard déplumé et sans couvre-chef. Sinon, le reste est à peu près pareil.
Pour une troisième fois, Paul Kirchner attend l’autobus et laisse couler librement sa fantaisie. Il a le temps, les horaires ne sont jamais respectés de toute de façon. Entre surréalisme, minimalisme et théâtre de l’absurde, Le Bus enchaîne les situations improbables et les possibilités infinies. Véritable jeu graphico-logique comme pouvait l'être certains travaux de Fred ou de Roland Topor, l’album rassemble une soixantaine de variations autour de l’attente et de l’arrivée du précieux moyen de transport collectif. La situation est banale, mais pouvez-vous seulement vous fier à vos sens ? La réalité n’aurait-elle pas plusieurs dimensions ? Et si, la fiction venait troubler le tout ? Chaque gag d’une demi-page est en fait une triple exploration : celle du quotidien, celle de la perception et celle de son imagination.
Et ne vous inquiétez pas, vous avez deux heures avant d’arriver au Cour de Rome devant la Gare Saint-Lazare. De toute façon, je parie que l’ami avec qui vous avez rendez-vous vous fera des remarques à propos de votre manteau. Alors, vous pouvez bien arriver un peu en retard.
Le Bus 3 de Paul Kirchner est disponible aux éditions Tanibis.
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