L
es enfants chez les grands-parents en France, Sophie et Quentin passent quelques jours de rêves en couple sur une île grecque. Se couper du quotidien, se retrouver et décompresser, le farniente le plus intense est au programme. Celui-ci est scrupuleusement suivi jusqu’à l’apparition surprise d’Oliver, une vague connaissance parisienne un peu lourdingue. Il est également en déplacement dans la région et les invite derechef à dîner sur le bateau dont il la charge. Un peu par dépit, le jeune couple accepte l’invitation. Au pire, si la fête craint, ils s’éclipseront discrètement, ou pas.
Est-ce l’air du large ou l’expérience Corto Maltese ? Toujours est-il que Bastien Vivès entame une nouvelle série marquée par l’aventure en mode rétro avec Le baiser du sphinx, premier tome de Lune de Miel. Deux héros malgré eux, un cadre géographique merveilleux, un frais-faux sidekick irritant et une brochette de méchants patibulaires, il ne faut pas plus de deux pages à l’auteur de Polina pour lancer un récit haut en couleurs et en péripéties. Des trafiquants, une jeune femme en détresse, une malédiction égyptienne et un banc de requins affamés, tout est bon afin de nourrir cet album au format classique (quarante-quatre pages/couleurs) et aux allures de série télé des années quatre-vingts. La majorité des enchaînements fonctionnent bien, même si parfois ceux-ci s’avèrent passablement invraisemblables. Peu importe, le rythme est soutenu et les rebondissements suffisamment nombreux pour tenir en haleine le lecteur.
Fluide et grâce à un véritable talent pour poser en deux traits une personnalité ou une situation, la narration se montre aussi solide qu’agréable à suivre. Quelques clins d’œil et autres notes d’humour ajoutent ce qu’il faut de pétillant et de recul à une histoire flirtant avec l’improbable. De toute façon, ce n’est pas si grave finalement. La fiction est là pour idéaliser et faire rêver, même si c’est au prix des lois de la physique et de la biologie. À chacun de suspendre son incrédulité et de profiter de la séance !
Parodie ? Hommage à peine déguisé ? La question peut se poser. En attendant, Lune de Miel est avant tout un très bon divertissement jouant habilement avec les codes. Évidemment, comme le veut la tradition, une suite est tout à fait possible et d’ores et déjà attendue.
Avec cet album, Bastien Vivès nous offre une aventure digne des bons films de série B. Cela va très vite, à peine fait-on la connaissance de Sophie et de Quentin, que nous sommes plongés dans une aventure qui va vite les dépasser . Dans la verve d'"A la poursuite du diamant vert", les dialogues sont bien ciselés, les situations s'enchainent à un rythme effréné , bref je ne mes suis pas ennuyé une seconde à la lecture de ce premier volume d'une histoire qui en comptera deux, je crois.
Et les amateurs de bd savoureront les références aux collectionneurs d'éditions originales, et le dédain de Sophie pour les bandes dessinées.
Le dessin de Vivès est plus fouillé qu'à l’accoutumée , et j'ai bien apprécié la mise en couleur, assez inhabituelle chez lui, tout comme le format de 48 pages.
J'ai hâte de savoir ce que Bastien Vivès nous réserve pour la suite.