D
ans le métro, les gens reposent naturellement leur tête sur son épaule. C'est comme ça, il fait cet effet-là, Jean. Ancien chauffeur routier, il a du mal à retrouver un job. Mais, ô surprise, il est finalement embauché dans une entreprise un peu particulière qui propose un service aux personnes ayant des difficultés à dormir, il sera oreiller vivant ! Si sa tâche de réconfort le satisfait et lui permet de s'épanouir, comment l'avouer à Marianne, sa femme ?
Stéphane Godet propose ici une fable moderne qui questionne principalement sur notre rapport au corps et à sa marchandisation, mais pas que. En effet, le travail improbable du héros invite le lecteur à se poser plusieurs questions intéressantes au sujet de l'accomplissement de soi, de la solitude qui mine et du besoin de contact dans une société où tout geste amical peut être perçu comme une agression. À travers son activité, Jean devient antidote contre l'insomnie, rassurant du fait de sa simple présence. Une réflexion plus profonde s'invite : doit-il cacher cette part de lui-même à ceux qu'il aime pour les préserver ? Avec sa douceur et sa carrure de costaud au cœur tendre, le gaillard fait mouche par son humanité. L'humour n'est pas absent, rien que par le postulat de départ qui se prête à des situations potentiellement cocasses. Et quid du statut d'homme-objet : est-il pensable de s'oublier en tant qu'être humain à part entière pour le bien d'autrui ?
Théo Calméjane offre des planches au trait lâché semi-réaliste, donnant un rendu assez simple et épuré qui convient parfaitement à l'intrigue. Complété d'aplats de couleurs vifs sans dégradé et d'un encrage bien présent, la lecture s'avère relativement agréable.
Cet ouvrage surprenant et original, tout en finesse et en tendresse frôlant la mélancolie, apporte un regard sur la fragilité des relations, la recherche du bonheur et l'acceptation de soi.
Pas emballée par cette histoire tirée par les cheveux, même si le personnage principal est attachant. On ne croit pas beaucoup à cette vie nocturne de "doudou qui ne couche pas", qui est invité par les plus riches et qui garde une candeur toute enfantine. La lecture est plaisante toutefois, j'apprécie les passages plus simples et sincères entre Jean et sa famille et amis. Mais au final, bof.