L
e Western ne serait pas ce qu’il est sans ses figures emblématiques au nombre desquels figurent ceux chargés d’appliquer la Loi et d’apporter un semblant de justice dans ces espaces où tous les coups étaient permis, du moment que vous étiez le premier à les porter.
Pour leur rendre hommage, Grand-Angle a ressorti son iconique Tiburce Oger 67 agrémenté de son fabuleux chargeur à 14 coups. Arme multicalibre de passionnés, polyvalente par essence et à la précision historique redoutable, elle a été chargée encore une fois avec ce qu’il y avait de mieux en magasin, jugez du peu ! Coup d’ouverture à la Gastine 30 WCF, puis une Toulhouat sphérique de 18 mm, suivie d’une Mounier calibre 36. Ensuite, un carton avec une Bertail 38 rimfire et le recours à l’Astier 44 ogivale, pour enchainer sur de la Besse 58 ronde, sans parler de la Regnault 32 RF short annulaire ou de la Jef Minié de calibre 58 qui suivent. Pour finir en beauté, une dévastatrice Armand 45-70 Government, une chirurgicale Milano 44 Henry, et une Guérineau 44-40 en plein abdomen. Cerise sur la gâchette : une Hirn calibre Win. 1873 puis une Rouge 45 Colt Lead Flat Nose et, en guise de feu d’artifice, une Meyer 42 brochée !
En ces temps de conquêtes, souvent la sentence tombait de manière lapidaire ; là où la poudre parlait, il ne restait plus qu’à compter les morts ! Mais l’étoile ne faisait pas forcément le shérif et Lawmen of the West désacralise autant qu’il descend ces quidams aussi prompts à violer la femme et exploiter l’orphelin qu’à les protéger. Mais plus que les hommes, c’est l’idée même de droit (et ses divers corolaires) qui plane sur cette série de (très) courtes histoires. Ainsi, elles sont autant l’occasion de percevoir la (noire) psyché des divers protagonistes que d'appréhender la dureté d’une époque où la raison du plus fort, aidée de ses colts, était la meilleure. En reprenant un fil narratif similaire à celui de Gunmen of the West, une forme de lassitude aurait pu poindre, mais, heureusement, il n’en est rien car ce dernier opus dévoile une nouvelle facette, peu ou pas connue, de l’Ouest américain qui éveille l'attention et la curiosité, aidé en cela par une affiche avec les meilleures plumes de l’Est.
Lawmen of the West vient brillamment compléter une anthologie de l’Ouest où, le prochain volet devrait être consacré à la gent féminine...
Après Go West, Indians & Gunmen, voici donc Lawmen of the West le nouvel opus de la saga western créée et scénarisée par Tiburce Oger.
L'arc narratif tient toutes ses promesses et le lecteur passe d'une période, d'un Etat et d'une histoire à l'autre de façon très fluide comme dans Go West. Cette fois-ci, le fil conducteur est la lecture par deux bandits d'un recueil d'un journaliste, qu'ils viennent d'assassiner, ayant collecté les histoires de différents hommes de loi entre 1813 et 1925. Petit plus très intéressant avec ce tome 4, la présence au début de chaque récit d'une carte des Etats-Unis montrant dans quel Etat se déroule l'action.
Tous les hommes de loi sont représentés : Minutemen, bourreaux, juges, chasseurs de prime, Texas Rangers, Sheriff, Marshall etc. Tiburce Oger nous raconte, à travers le destin de personnages ayant réellement existés, la conquête de l'Ouest sans fard, dans toute son âpreté et sa violence. Les hommes de loi n'étaient pas toujours des défenseurs de la veuve et l'orphelin comme dans la légende façonnée par Hollywood avec John T. Chance, le shérif blanc pur et dur incarné par John Wayne, dans le film Rio Bravo d'Howard Hawks. Certains de ces hommes de loi n'étaient pas blanc mais noir ou mexicain et d'autres des hommes violents voire de franches crapules. La conquête de l'Ouest fut violente et la Loi représentée par des hommes tout aussi violent.
14 histoires courtes racontent l'histoire de ces Lawmen. Ces récits sont illustrés par Dimitri Armand, Laurent Astier, Dominique Bertail, Xavier Besse, Paul Gastine, Richard Guérineau, Laurent Hirn, Jef, Ralph Meyer, Mario Milano, Alain Mounier, Chris Regnault, Corentin Rouge, Ronan Toulhoat.
Malgré une hétérogénéité graphique entre chaque dessinateur, Lawmen se lit avec délectation grâce à un arc narratif très réussi et des histoires très bien scénarisées par Tiburce Oger. Mention spéciale dans cet opus à Mario Milano qui illustre avec talent une des plus belles histoires de l'album (c'est encore plus flagrant avec la version noir & blanc). Et il faut aussi souligner le talent de Paul Gastine, présent dans chaque album depuis le début de l'aventure, dont les planches commencent et clôturent chaque tome et qui réalise à chaque fois de sublimes couvertures .