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Petit pays

13/05/2024 2265 visiteurs 8.3/10 (4 notes)

P ourquoi les Tutsis et les Hutus se font la guerre ?

Ils parlent pourtant la même langue, partagent le même territoire et prient le même dieu. Mais ils n'ont pas le même nez.

Gaby et Ana se satisfont de cette explication assez étrange. Ils se sentent bien loin des tensions qui mettent le Rwanda sous pression. Eux sont à l'abri, à Bujumbura, capitale du Burundi voisin. Ils vivent dans une belle maison au fond d'une impasse entre leur père français, Michel, et leur mère rwandaise, Yvonne, qui a fui une précédente vague de massacres. Ils profitent encore de l'insouciance de leur enfance. Pour combien de temps encore ? Déjà, à l'école, des bagarres éclatent entre des gamins au seul prétexte qu'ils ne sont pas de la même ethnie. Puis, il y a la famille restée à Kigali : Tante Eusébie et Tonton Pacifique. Sont-ils en sécurité ?

Dans ce récit à résonance autobiographique, Gaël Faye avait signé un roman poignant sur la fin de l'enfance. Récompensé du prix Goncourt des lycéens et énorme succès de librairie, ce texte fort et bouleversant exigeait une équipe à la hauteur pour l'adapter en bandes dessinées. L'écrivain lui-même a choisi Marzena Sowa et Sylvain Savoia, séduit par Les esclaves oubliés de Tromelin et Marzi, et les a accompagnés lors de la genèse de ce projet, tout en leur laissant une grande liberté dans leur travail. Force est de constater que les auteurs ont parfaitement capté l'essence de l'œuvre originale et en respectent l'esprit. La représentation de l'Afrique évite l'écueil de la carte postale et propose une vision très réaliste, à la fois chaleureuse et lumineuse. Mais lorsqu'il s'agit d'aborder les passages les plus durs, les planches parviennent à suggérer l'innommable sans le montrer et sans l'édulcorer. C'est aussi grâce au scénario qui parvient à traduire toute l'humanité des protagonistes et à décrire cette lente agonie d'une époque.

Petit Pays n'est pas une histoire du génocide. C'est un récit initiatique dans lequel cette tragédie joue un rôle effrayant. C'est pourquoi le livre a tellement touché les lecteurs. Et c'est également la raison pour laquelle ce roman graphique sera certainement l'un des titres marquants de cette année.

Par T. Cauvin
Moyenne des chroniqueurs
8.3

Informations sur l'album

Petit pays

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L'avis des visiteurs

    Olivier Soms Le 15/05/2024 à 21:57:19

    L’adaptation en bande dessinée du roman homonyme de Gaël Faye (succès littéraire sorti en 2016) par la scénariste Marzena Sowa et le dessinateur Sylvain Savoia se concrétise par ce voluptueux volume de 125 pages. Certes le duo nous avait déjà séduit dans un autre genre avec leur série Marzi. Mais surtout, depuis « Les esclaves oubliés de Tromelin », le poignant roman graphique de Savoia sorti en 2017, j’attendais avec ferveur une nouvelle production dans la même veine : un récit ancré dans un contexte historique, une tragédie humaine sidérante, et un personnage central auquel s’identifier pour fil conducteur.

    L’histoire de « Petit pays » est imbriquée au génocide de la population tutsi par les Hutus qui ravagea le Rwanda sur plusieurs mois en 1994, non sans débordements au-delà des frontières. C’est le cas du pays voisin, le Burundi, où vivent tranquillement Gaby, enfant métisse de dix ans, sa petite-sœur Ana et leurs parents : un père français travaillant pour la coopération et une mère réfugiée rwandaise de l’ethnie tutsi. C’est que les persécutions, prémisses à l’explosion de la haine raciale, frémissaient au Rwanda. En cet instant la bulle si fragile, le quartier de privilégiés, l’école, les copains, les aide-ménagères, tout ce petit monde doré allait bientôt voler en éclat par la folie meurtrière des hommes.

    Cette tension est palpable dès les premières pages, avant-même que la sauvagerie sanguinaire ne déferle jusqu’à leur porte. Les auteurs la font monter progressivement comme une eau entrant en ébullition. Au paroxysme du récit, la narration graphique ne sature pas en images violentes car les auteurs se placent savamment dans le regard et le vécu de l’enfant. Savoia réussit l’équilibre parfait entre la pudeur et la nécessité de montrer toute l’horreur du génocide. Cette réalité nous frappe par images instantanées comme s’il s’agissait de flashs traumatiques dans la mémoire de victimes survivantes. Nous nous mettons alors à retenir notre souffle et à tourner les pages sur le fil de l’espoir que ne perd jamais le personnage principal.

    À la prouesse du dessinateur se marie la qualité de l’adaptation opérée par Marzena Sowa. L’autrice arrive à nous faire suivre les histoires, souvent tragiques, d’une multitude de personnages pris au piège de la barbarie et cherchant l’échappatoire chacun à leur manière. Mais jamais l’on ne perd le fil de cette toile de destins qui basculent si brusquement, comme jamais l’on ne perd pour eux l’espoir de la survie au milieu d’un monde sombrant dans le chaos total.

    Du grand art, comme nous avaient déjà servis ces deux auteurs auparavant. Et un album magistral.

    Zablo Le 10/05/2024 à 12:03:34

    Belle adaptation du roman de Gaël Faye, en format BD et dans la veine franco-belge...

    Par les auteurs de la série Mirza (une chronique BD à caractère autobiographique, sur la Pologne communiste, paru initialement dans le magazine Spirou), c'est-à-dire Marzena Sowa (au scénario) et Sylvain Savoia (au dessin).

    Petit pays raconte de manière simple et accessible l'histoire d'un jeune garçon vivant au Burundi, pourtant empêtré dans un contexte géopolitique complexe, celui du génocide rwandais (1994) et de la guerre civile au Burundi (à partir de 1993)... Deux petits pays voisins d'Afrique orientale, marqués par des tensions entre les ethnies Hutu et Tutsis.

    Le point de vue narratif, un peu décalé par rapport aux événements tragiques qui secouent la région, apporte une forme de réalisme au récit, se concentrant sur des scènes de la vie quotidienne de l'enfant, sur son regard et ses sensations.

    Néanmoins, on ressent dans les relations entre les personnages, leurs discours, leurs jeux, le passage à l'adolescence... les fortes inégalités de la société burundaise. La violence du colonialisme et de la discrimination des peuples africains s'immisce dans toutes les strates de la société, peut se retourner contre tout le monde, y compris les dominants. Dès lors, le cours de cette roue tragique du destin paraît insurmontable... Il n'y a quasiment plus d'espoir, on voit arriver l'horreur de ce vaste mouroir...

    Les auteurs de la BD on su retranscrire la part autobiographique du roman. L'expérience de Gaël Faye, né au Burundi d'un père français et d'une mère rwandaise (réfugiée à Bujumbura après le début des persécutions contre les Tustis, dans les années 1960), est tangible. On retrouve dans cette BD les thèmes, les champs sémantiques du slam de Gaël Faye. Une poésie engagée qui lui permet aussi "d'extérioriser sa douleur de l'exil et de se reconstruire".

    Ainsi, cette BD est aussi d'une grande profondeur émotionnelle.

    « ...Et de pays en pays, il pédale, il pédale.

    Et de guerre en maladie, il pédale, il pédale... » (extrait de Pili pili sur un croissant au beurre, Gaël Faye)

    bd91130 Le 29/04/2024 à 16:28:04

    Adaptation totalement réussie du roman. J'avais été subjugué par le livre, et, comme souvent, plutôt un peu réservé au sujet de l'adaptation en film. Ici, la transposition en BD fonctionne parfaitement, je suis rentré dans le dessin sans aucune difficulté. Mais assez curieusement, j'ai trouvé la BD encore plus dure, plus violente. Dans mon souvenir, le livre, poignant, avait aussi sa part de poésie, de rêverie. L'enfance confrontée à la guerre et au monde réel. Ici, j'ai juste ressenti l'enfance confrontée à l'Horreur. Avec un grand H. Le poids des mots Vs Le choc des images ?
    Un album qui appelle le respect.