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22 février 1944, avant l'aube, à Marseille : un coup de pinceau rebelle couvre d’un « morts pour la France » les accusations infâmantes d’une affiche rouge sang montrant une dizaine de visages. Des résistants communistes fraîchement exécutés avec leurs camarades.
Pour leur chef, tout a commencé dans la tiédeur du printemps 1915, quand des soldats ottomans ont surgi dans son village pour y massacrer les Arméniens. Rendu orphelin par les tueries et la misère, éprouvé par l’injustice et l’exploitation, Missak Manouchian émigre en France. Là, il trime chez Citroën, tout en étudiant. Épris de liberté, de justice et d’art, il devient militant communiste et poète. Sa rencontre avec sa compatriote Mélinée Assavourian, aussi fervente que lui, le transcende. Quand la guerre arrive et que les nazis occupent la France, le couple refuse de rester inactif : il résistera aux côtés des Francs-Tireurs et Partisans – Main-d’Œuvre Immigrée.

D’abord, il y a l’affiche, symbolique, mythique, qui des murs où elle était placardée est entrée dans les manuels d’histoire pour y rappeler la diversité de la Résistance et déconstruire la propagande de l’occupant nazi. Jean-David Morvan (Madeleine, Résistante, Irena etc.), Thomas Tcherkézian et les éditions Dupuis ne s’y sont pas trompés. La couverture de la bande dessinée qu’ils consacrent aux époux et au groupe Manouchian y répond avec force. En vue plongeante et sur fond rouge, dix hommes et deux femmes s’y dressent fermement en triangle face aux ombres des soldats allemand qui les tiennent en joue. L’effet est réussi.

Derrière, le dessinateur, dont c’est la première publication, anime les personnages avec beaucoup de justesse et d’expressivité. Sa mise en scène se révèle soignée ; ses cadrages variés invitent au cœur de l’action et de l’intime. Certaines scènes, crues, comme les exactions commises lors du génocide arménien possèdent un esthétique aussi retenue qu’éloquente. De plus, bien que les décors demeurent peu nombreux, ils restituent bien l’environnement quand cela s’avère nécessaire. Le traitement des diverses attaques et des déraillements, en une case chacun, a été confié à Rafael Ortiz, cependant le rendu d’ensemble ne marque pas trop cette différence. Cela vient peut-être de l’unité des couleurs d’Hiroyuki Ooshima. Ce dernier s’est tourné vers une gamme sobre – nuances de gris, sépia, brun et rouge terreux - et tramée dont le côté rétro rappelle les photos et magazines de l’époque. Un choix judicieux.

Trente grands portraits en noir et blanc s’insèrent au fil des pages, au gré de leur apparition dans le propos. Vingt-trois correspondent aux membres exécutés du groupe Manouchian – Missak en tête - ; parmi les autres, le lecteur retrouve Mélinée et d’autres figures des FTP-MOI parisiens. Quelques lignes resituent leurs destins respectifs et font office de présentation. Le procédé pourra en gêner certains, même s’il n’a qu’un effet mineur sur la narration. Cette dernière suit un déroulé chronologique, depuis l’enfance du résistant arménien communiste jusqu’à son exécution au Mont Valérien avec ses camarades le 21 février 1944 et à celle de Golda Bancic à Stuttgart quelques mois plus tard. Le récit mêle une voix-off qui relate les faits et des dialogues qui permettent de mieux approcher l’être derrière la figure héroïque. Les doutes du pacifiste qui va prendre les armes pour défendre sa terre d’adoption, la nécessité de suivre les directives des supérieurs malgré les difficultés sur le terrain, l’amour pour son épouse. Des scènes à contre-jour montrant cette dernière discutant autour d’une table avec Shahnour Aznavourian au lendemain de la guerre apportent quelques précisions et assurent la transmission de la mémoire. Par ailleurs, Le discours se veut lucide et authentique, ne faisant pas l’économie des contradictions propres à l'humain, ni des douleurs intimes.

Enfin, préfacé par Georges Duffau-Epstein (fils d’un des « vingt-trois »), l’album est complété par un dossier très documenté et illustré signé par l’historien Thomas Fontaine, une reproduction de l’affiche, une reprise des Strophes pour se souvenir du poète Louis Aragon et des extraits des derniers écrits connus d’une quinzaine de ces partisans exécutés. La lettre à Mélinée et celle de Golda à sa fille prennent place au cœur des dernières planches. Dernier point : un QR code renvoie à l'exposition itinérante* consacrée aux fusillés de l'affiche rouge, fruit d'un partenariat entre la maison Dupuis, le Mémorial du Mont Valérien et l'Office national des combattants et des victimes de guerre.

Bande dessinée de qualité à plusieurs égards, Missak, Mélinée & le groupe Manouchian constitue un hommage bienvenu et riche d’informations sur ces hommes et ces femmes communistes et étrangers (pour la plupart) qui choisirent la résistance plutôt que la passivité ou pire. À lire, ne serait-ce que pour mieux appréhender les existences de ceux qui viennent d'entrer au Panthéon.

Lire la preview.

* À visiter notamment au Mémorial du Mont Valérien, à Suresnes, jusqu'en novembre 2024.

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Missak, Mélinée & le groupe Manouchian

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