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M ahsa Amini visitait Téhéran. Originaire de Saqqez, dans la province du Kurdistan, elle était venue rendre visite à des membres de sa famille.

Mahsa Amini est arrêtée le treize septembre 2022 aux abords d'une station de métro.

Mahsa Amini est morte le seize septembre, après trois jours passés dans le coma, suite à un "arrêt cardiaque".

Quel était son crime ? Elle portait son voile de façon incorrecte, ce qui a autorisé la "police des mœurs" à l'arrêter et la torturer.

Dans les heures qui suivent, le narratif bien huilé servi par les autorités prend l'eau. Plusieurs témoignages remettent en cause la version officielle. Le hashtag #MahsaAmini devient rapidement viral. Dès le soir de l'annonce de son décès, des klaxons retentissent pour protester. Des cris "Mort au dictateur" sont scandés depuis les toits. Lors des funérailles, des femmes enlèvent leur voile, des manifestations spontanées se multiplient. Et, rapidement, un slogan émerge: FEMME VIE LIBERTÉ. Le soulèvement populaire est sans précédent. La répression sera sanglante.

Les éditions de l'Iconoclaste ne voulaient pas rester dans une simple posture d'indignation. Il fallait réagir et poser un acte fort. Ce sera un livre, le premier roman graphique pour cet éditeur. Pour en assurer la réalisation, le choix de Marjane Satrapi est une évidence. Elle s'entoure d'une vingtaine de dessinateur/trices de tous horizons (Lewis Trondheim, Pascal Rabaté, Paco Roca, Mana Neyestani, Coco...) pour illustrer les propos de spécialistes de l'Iran : le politologue Farid Vahid, le grand reporter Jean-Pierre Perrin et l'historien Abbas Milani. Le résultat est ce livre à la double vocation. D'abord, il s'agit d'expliquer la situation iranienne au public occidental. Force est de constater que la connaissance que nous avons de ce pays reste parcellaire et très éloignée de la réalité. Au fil des chapitres, une réalité complexe et nuancée apparaît, loin des clichés habituels. Aux prises avec un régime aussi mortifère que moribond, la population se trouve enfermée dans une dictature orwellienne mais demeure pourtant avide de la liberté qui nourrit ces pages. Ensuite, il s'agit de donner un signe aux Iraniens, de leur dire qu'ils ne sont pas seuls et que le monde les regarde et les soutient. Ce livre est d'ailleurs paru simultanément en plusieurs langues, et une version persane est accessible gratuitement en ligne.

L'ouvrage s'articule en plusieurs parties. Dans un premier temps, il revient sur l'assassinat de Mahsa Amini et les violences qui ont suivies. Il s'attelle ensuite à apporter un peu de contexte, proposant un éclairage sur l'histoire politique de l'Iran, sur la société actuelle soumise à une dictature de fer et sur les stratégies de résistances adoptées par les hommes et les femmes, au péril de leur vie. C'est un petit manuel de courage ordinaire et de révolte permanente. Il raconte l'abnégation de certain.e.s pour dénoncer l'absurdité d'un régime que plus personne ne soutient et dont la persistance ne repose que sur la violence, personnifiée par le "corps des gardien de la révolution islamique" qui fait régner la terreur. Et après ? La dernière section est une discussion entre Marjane Satrapi, Joann Sfar et les spécialistes qui ont participé à la création de ce livre. Ensemble, ils dressent un état des lieux à la fois plein d'espoir et cynique. Ils semblent convaincus que le régime des Mollah est voué à l'effondrement et que le pays va se redresser. Sauf si...

Singulier et nécessaire, FEMME VIE LIBERTÉ est surtout indispensable pour comprendre. Il allie un vrai souci didactique à une qualité artistique indéniable. Il ne faut par contre pas espérer y voir un retour à la bande dessinée de l'autrice de Persépolis qui, se concentrant sur l'aspect éditorial, n'a fourni que quelques illustrations.

De toute façon, ce qui importe, c'est de ne pas oublier le calvaire de Mahsa Amini. Et, surtout, de se rappeler qu'elle est une des nombreuses victimes du régime. Quantité d'autres personnes croupissent dans la prison d'Evin, succursale de l'enfer sur terre, sans compter les dizaines d'exécutions, comme celle de Moshen Shejari, Seyyed Mohammad Hosseini ou Majidreza Rahnavard. Ce dernier, citoyen sans histoire, est devenu célèbre parce que, sur une vidéo le montrant entouré de gardes, peu avant sa pendaison, les yeux bandés et le bras en écharpe, on l'entend énoncer ses dernières volontés pour ses funérailles : "Ne pleurez pas, ne lisez pas le Coran, ne priez pas, soyez joyeux et écoutez de la musique".

Et, sans doute, allez boire une soupe à sa santé. Parce qu'en Iran, lorsque vous en commandez une, c'est une bière que l'on vous sert.

Tout le monde le sait.

Tout le monde en rit.

Le vernis craque. Le roi est nu. Il tue encore. Plus très longtemps, faut-il espérer. Que le peuple puisse enfin vivre libre.

FEMME VIE LIBERTE.

Tout est dit.

Par T. Cauvin
Moyenne des chroniqueurs
7.5

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