1944, la chute du IIIe Reich n’est pas encore actée, mais il est certain que le régime nazi vit ses dernières heures. Bientôt, le Débarquement et la poussée irrésistible des Alliés va balayer le continent. Pour une partie de la population, l’heure est à la sauvegarde et les plus compromis cherchent déjà des moyens de faire oublier leurs écarts. Il est probable que les futurs vainqueurs ne pardonneront rien et l’épuration s’annonce terrible. Pour Martin, Catherine et Katarina, le quotidien se résume à survivre, trouver de quoi manger et tenter de retrouver les leurs. Pour le reste, le pardon et les sentiments, il vaut mieux attendre que la poussière soit retombée.
La Deuxième Guerre mondiale s’est déroulée de 1939 à 1945. Six ans. Il en aura fallu presque quatre fois plus à Philippe Richelle et Jean-Michel Beuriot pour boucler Amours Fragiles. La comparaison est fallacieuse, cela va sans dire, mais elle souligne bien le soin infini dont les deux auteurs ont fait preuve pour raconter le devenir de leurs héros pris dans la tourmente. Cadre historique impeccablement respecté, multiplicité des points de vue audacieuse (Martin, le protagoniste central, est allemand et une bonne partie du récit se déroule en Allemagne, faut-il le rappeler) et une galerie de portraits touchants à la psychologie ciselée, la série s’avère être un chef-d’œuvre de sensibilité et d’humanité.
«Gagner la guerre est plus facile que gagner la paix»; Crépuscule, l’ultime tome de la saga, démontre bien que le conflit ne s’est pas arrêté au dernier coup de canon. Trahisons insupportables, règlements de comptes violents, quelques retrouvailles heureuses (quand même) et un mot de fin plein de sagesse. Après tant de déchirements, le scénariste a su trouver les bonnes portes de sorties. Qui dit exit, dit évidemment bouclage impératifs des différents arcs et la narration se montre un peu comprimée par moments. Cela n'a rien de rédhibitoire en vérité, tant les dialogues et la mise en images demeurent d’un niveau exceptionnel. Précise et élégante, la reconstitution visuelle ne souffre d’aucun défaut. Celle-ci porte et est portée par une écriture pas moins efficace et délicate.
Discrète, trop diront certains, puissante et romanesque au premier sens du terme, Amours Fragiles se termine comme elle a commencé : tout en force et en douceur. Un des meilleurs titres sur cette époque troublée. Assurément indispensable.
Fin d’une superbe série … excellent du début à la fin …
Richelle connaît bien la nature humaine et surtout a le don pour nous la montrer … merci à lui …