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F ondé en 1876 par Richard Wagner, le Festival de Bayreuth est un des évènements les plus prestigieux de la musique classique. Son fonctionnement est simple et est resté inchangé depuis la première saison. Chaque été, plusieurs opéras signés du maître des lieux sont présentés. Chanteurs et chanteuses de renom, les plus grands chefs d’orchestres, l’élite de la scénographie, tout y est rassemblé pour proposer la quintessence de ces œuvres emblématiques. Marquée par un conservatisme très dur, l’institution, tenue d’une main de fer par le clan Wagner à l’époque, s’est malheureusement associée aux nazis durant les années trente et pendant la Guerre. Simplement résumé, amis proches d’Hitler, les héritiers se sont mis au service du Reich en exaltant le national-socialisme dans leurs productions. Malgré ce lourd passif et contre toute attente, Bayreuth n’est pas mort et a même su se relever. En effet, Wieland Wagner, le petit-fils de Richard, a réussi à faire table rase du passé et a totalement réinventé la manifestation, le tout sans renier son ADN musical d’origine. Près de cent cinquante ans après sa création, «Bayreuth» continue d’être synonyme d’excellence et d’opéra.

Stephan Desberg revient sur la période noire et le retour en grâce de la «Colline sacrée» (surnom donné par les amateurs au Festspielhaus, le lieu des concerts) dans L’héritage Wagner. Luttes d’ego sans merci, stigmates laissés par les accointances toxiques avec le Troisième Reich et règlements de compte familiaux, l'épisode recèle tous les éléments des meilleurs drames ou tragédies. Au centre des débats, la lutte entre les nostalgiques tenants des traditions et les visionnaires bien décidés de redonner ses lettres de noblesse au génie du compositeur de L'Anneau du Nibelung concentre les attentions. Si le scénariste cerne très bien cet affrontement, il s’est cru obligé de compléter et compliquer inutilement son récit. Chronologie chaotique difficile à suivre, personnages inventés caricaturaux, portraits à la psychologie surlignée et une volonté, certes sincère et admirable, de clairement définir un canevas idéologique sans discussion possible rendent la lecture passablement laborieuse. La réussite de Wieland fût d’épurer afin de ne conserver que le cœur du talent de son grand-père, Desberg a préféré empiler les péripéties et sur-jouer les situations, dommage.

Après Les anges d’Auschwitz et le très réussi Aimer pour deux (déjà avec Stephan Desberg au scénario), Emilio Van Der Zuiden aborde l’ouvrage quasiment en spécialiste des années entourant la Deuxième Guerre mondiale. Ligne claire léchée et élégante, mise en page dynamique faite de cadrages très cinématographiques et un casting joliment croqué, ses planches sont à la fois fourmillantes de détails et ultra-lisibles. Dans sa tâche, il est habilement secondé aux couleurs par Jack Manini, dont le travail méticuleusement dosé permet d’offrir des ambiances raffinées aux différents moments clefs de la narration. Net, frais et précis, le résultat ne souffre d’aucune fausse note.

Quand la réalité historique est suffisamment riche, il n’est pas nécessaire d’en rajouter, c’est bien là que le bât blesse pour L’héritage Wagner. Trop alambiqué dans sa construction et surpeuplé par une distribution pléthorique et pas toujours raccord, l’album finit par étouffer une vérité autrement plus dramatique que celle imaginée dans cette fiction.

Par A. Perroud
Moyenne des chroniqueurs
4.0

Informations sur l'album

L'héritage Wagner

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    Erik67 Le 25/09/2023 à 07:21:34

    L'héritage Wagner se propose de suivre les petits-enfants du prodige de la musique classique qui seront en proie à la montée du nazisme, puis de la dévastatrice Seconde Guerre Mondiale. On va se concentrer notamment sur les amours de Wieland qui dirige le festival de Bayreuth (l'un des plus important au monde) avec la belle et jeune Anja, chanteuse d'opéra d'origine russe.

    Il faut savoir que le führer lui-même a utilisé le talent de Richard Wagner comme un symbole de la puissance de la création allemande. Les nazis font un usage courant de sa musique et la jouent lors de leurs grands rassemblements en glorifiant la race aryenne. Hitler, en grand admirateur de Wagner, s'est ainsi rapproché de la famille au point de devenir le parrain des petits-enfants et de veiller sur eux. Cela ne sera pas sans conséquence.

    Il faut savoir qu'aujourd'hui encore, la musique de ce compositeur fait souvent l'objet d'un boycott en Israël à cause de ses opinions antisémites qui ont été abondamment utilisé par le régime nazi. Pour autant, peu à peu, il est à nouveau possible d'apprécier le génie musical de Wagner sans que cela implique l'acceptation de ses idées politiques ou sociales.

    Pour revenir à la BD, il s'agit pour Wieland de faire sortir le mauvais passé afin de ressusciter malgré la souffrance et la culpabilité. Il a fini par transfigurer l’œuvre de son grand-père et de sauver sa musique en la purifiant de ses relents nauséabonds et de ses outrances raciales et meurtrières. L'influence et le soutien d'Anja va être d'ailleurs assez déterminant dans ce long chemin.

    J'ai beaucoup aimé car cela va au-delà de l'amour ou de la haine, des préjugés et cela parle de rédemption, loin de la dénazification voulue. A un moment donné, on se rend compte que les dignitaires ayant participé à cette folie meurtrière ont retrouvé de belles places dans la société allemande à la botte des Etats-Unis dans leur lutte contre le soviétisme. Bref, beaucoup d'hypocrisie.

    Cette BD va incontestablement poussée vers une réflexion plus profonde qui est tout à fait honnête et salutaire pour aller de l'avant. Elle interroge également sur l'utilisation de l'art à des fins politiques. Bref, une belle surprise.

    Shaddam4 Le 16/06/2023 à 14:34:12

    Belle découverte que cet album qui s’intègre parfaitement dans une ligne éditoriale des éditions Grand Angle faite d’histoires intimes et de visions décalées de l’Histoire. Totalement étranger à la culture de l’opéra et à cet élitisme culturel germanique, j’ai pris grand plaisir à découvrir cet univers pour lequel l’auteur de L’étoile du Desert et le Scorpion s’est quelque peu émancipé de la véracité historique pour créer une histoire d’amour impossible qui illustre l’ouverture de la société à la modernité des années soixante en même temps qu’elle questionne la dénazification toute relative de l’Allemagne après 1945.

    S’ouvrant sur une très dure séquence d’une marche de la mort (qui rappelle que ce volume conclut une trilogie des auteurs sur la période de la seconde Guerre mondiale), l’album nous laisse tout le long dans l’expectative de savoir si l’amour de l’héroïne et du créateur est sincère ou s’inscrit dans son plan de carrière pour intégrer le Saint des saints. Maitrisant parfaitement sons scénario, Desberg parvient à équilibrer les nombreux éléments qu’il veut mettre dans son histoire, sans nécessairement de lien entre eux. Il enrichit ainsi sa ligne proche du thriller de contexte historique et culturel. Si le lien avec la Shoah peur paraître un brin hors sujet, il permet néanmoins de rappeler la proximité permanente de la famille Wagner avec le nazisme. Il est ainsi remarquable de parvenir à complexifier un projet sans perdre sa lisibilité, sans vouloir choisir entre la romance, le drame historique et la reconstitution culturelle. Créant une galerie de personnages jamais manichéens, on remercie l’auteur pour la finesse de son traitement qui choisit de ne pas délivrer de condamnation facile.


    Sous la ligne claire très moderne d’Emilio Van der Zuiden, l’album propose un découpage cinématographique où la maîtrise technique de l’artiste permet d’éviter justement des planches dont le dessin classique aurait pu trop correspondre au sujet poussiéreux. S’intégrant parfaitement dans l’idée d’un Wieland Wagner cherchant à moderniser la mise en scène du répertoire de Bayreuth le dessinateur croque une superbe blonde pulpeuse en osant des scènes sexy entre deux décors très tradi et sait percuter l’action par des cadrages dynamiques. Une sorte d’alliance parfaite entre la lisibilité de la ligne claire et la puissance du dessin moderne.

    Très bien construit, documenté, cet Héritage Wagner est une réussite qui parviendra à toucher un grand public. Pari pour un sujet a priori orienté vers un public de niche, cet album montre qu’avec de l’exigence narrative on peut rendre intéressant toute thématique. De quoi donner envie de reprendre les deux autres albums de la trilogie, a priori construits comme des one-shot dédiés à la Shoah (Les Anges d’Auschwits), sur l’Occupation (Aimer pour deux) et cet après-guerre.

    Lire sur le blog:
    https://etagereimaginaire.wordpress.com/2023/06/14/lheritage-wagner/