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Frontier (Singelin) Frontier

22/05/2023 3753 visiteurs 7.8/10 (6 notes)

C ela fait maintenant dix ans que Ji-Soo a mis un mouchoir sur ses rêves d'archéologie spatiale et ronge son frein. Depuis le rachat de son entreprise par Energy Solution, qui l'a envoyée sur la touche, la scientifique erre de site en site en essayant, plus ou moins discrètement, de mettre des bâtons dans les roues de la société. Son dernier « coup » va lui permettre de réaliser son rêve : découvrir l'espace à bord de Rock Breaker en orbite autour de Vespa. Là-bas, elle va voir de ses propres yeux ce que l'exploration spatiale réalise vraiment...

Guillaume Singelin aime les personnages féminins au destin contrarié. Après Jun, la vétérane atteinte de trouble post traumatique de retour au bercail, dans P.T.S.D sorti en 2019, c'est Ji-Soo qui sert de fil rouge à cet ambitieux récit de science-fiction. À travers son périple et des rencontres - Camina et Alex en tête - qu'elle fera sur sa route, l'auteur propose une aventure qui dépaysera le lectorat mais pas seulement. Comme tout bon récit du genre, son intrigue questionne le monde actuel en posant la question des motivations réelles de l'exploration humaine. Si coloniser des terres (et des cieux) pour récupérer les ressources en polluant et en exploitant la main d’œuvre possède un air de déjà-vu, Guillaume Singelin parvient à rendre son histoire crédible et rapidement prenante. La fluidité est assurée par une partie graphiquement généreuse, tant sur les décors, les paysages ou les nombreux détails de ses vaisseaux et autres stations, que par la mise en page. Avec un dessin qui sort des canons habituels, l'artiste offre des compositions fouillées - parsemées de clins d'œil à ses références - et maintient la même qualité tout au long des cent quatre-vingt-dix planches.

L'immersion est garantie, quant à elle, par une intrigue bien ficelée et des personnages secondaires attachants aux caractères variés et parfaitement identifiés. Sous trois angles - la mercenaire en reconversion, le manutentionnaire de l'espace qui décide de tout plaquer et la scientifique qui prend conscience du désastre qu'entraîne le progrès auquel elle a participé - des thèmes forts comme l'expérimentation animale, les milices privées, la condition des travailleurs ou l'écologie sont abordés. Tout en s'appuyant sur son trait si caractéristique, l'auteur évite d'employer un ton moralisateur ; il montre, sans lourdeur. Il préfère jouer de son découpage ou des contrastes pour renforcer son propos, comme entre les séquences en huis clos dans les stations, aux tons sombres et les nombreuses cases qui installent une sensation oppressante, d'étouffement, et les scènes en extérieur avec leurs grandes vignettes aérées aux couleurs chatoyantes. Le traitement des manutentionnaires justement, et notamment celui des « spatiaux », met en avant et avec succès la résignation dont la masse peut faire preuve lorsqu'elle abandonne le pouvoir à ceux qui la dominent. Le message fait mouche aussi lorsqu'il s'agit de dénoncer irresponsabilité des puissants face à la nature et son pillage. En montrant le sort, les prises de conscience et les décisions de ses protagonistes face à ces situations, l'artiste incite son lectorat à s'interroger à son tour au sujet de son monde et de l'avenir qu'il souhaite.

Copieux récit de science-fiction, Frontier prouve, s'il en était besoin, que Guillaume Singelin est un auteur à suivre. Dense, pertinent - voire militant sans pour autant verser dans le naïf ou l’idyllique -, maitrisé et riche, son album est une des valeurs sûres de l'année 2023. Décidément, avec Mathieu Bablet, Neyef, RUN et tous les autres, le label 619 possède un impressionnant réservoir de talents.

Lire la preview.

Par M. Moubariki
Moyenne des chroniqueurs
7.8

Informations sur l'album

Frontier (Singelin)
Frontier

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Note: 4.3/5 (35 votes)

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L'avis des visiteurs

    Bourbix Le 09/05/2023 à 21:39:51

    Un superbe album, tant du point de vue du travail d'édition que des prouesses graphiques. Les couleurs sont peut-être un peu ternes, mais l'ensemble demeure très beau.
    L'histoire (?) est en revanche un peu plate, entre contemplation du monde et petites leçons de morales un peu simplistes. Une sorte de fable cosmique en fait. A découvrir.

    RoRk41 Le 08/05/2023 à 09:59:07

    J’ai adoré le message que l’auteur fait passer au travers de ce livre : oui le monde n’est pas facile, mais des petits gestes peuvent le rendre meilleur. Écrit comme cela, cela semble mielleux, mais la simplicité apparente des dessins et les couleurs rehaussant les ambiances font que l’on ne tombe jamais dans le mélo.
    Merci pour les sensations d’apaisement que donne la fermeture de cet ouvrage.
    J’y ai passé deux bonnes heures à essayer de voir tous les détails de vignettes (parfais un peu chargées et qui en fonction des angles de vue nécessitent un effort pour comprendre ce que l’on voit).

    Yovo Le 16/04/2023 à 22:52:45

    Avec « Frontier », Guillaume Singelin a réalisé en solo une œuvre exceptionnelle qui rappelle la prouesse de son complice Mathieu Bablet en 2016 avec « Shangri La ».

    Visuellement, c’est dément. Sans frime, sans poudre aux yeux, sans effets informatiques artificiels. Un univers graphique inimitable et particulièrement efficient dans ce contexte d'exploration du système solaire, reconnaissable au premier coup d’œil pour qui a lu et aimé P.T.S.D, son précédent opus et BD déjà exceptionnelle elle aussi.

    Guillaume Singelin a le don de créer des ambiances incroyables juste avec son trait et les innombrables détails qui vivent dans ses cases. Et ce n’est pas que du remplissage, loin de là. Ce fourmillement d’objets en tous genres qui trainent un peu partout, crée un bazar familier et chaleureux qui réchauffe considérablement les planches et rend compte de l’étroitesse des coursives et de la fragilité des stations orbitales, faites de bric et broc, exigües, malpropres, constamment réparées avec les moyens du bord. Tout ce bordel agit comme un marqueur humain dans la froideur spatiale. Cela favorise une grande proximité avec le lecteur et participe à son immersion.

    Ce style, fait de partis pris forts et assumés, est unique. Et je contre par avance ceux qui ne manqueront pas de le critiquer : les personnages, avec leurs bouilles de cartoon, entre Dragon Ball et Mafalda (visages enfantins, pas de nez, pieds minuscules…), ne plairont pas à tout le monde, c’est une évidence, mais ils sont la signature d’un auteur accompli, génial et singulier qui n’a pas à prouver qu’il « sait » dessiner.

    Auteur dont le scenario est en parfaite adéquation avec son mode d'illustration. A la fois intimiste et foisonnant, le récit brille par sa simplicité et sa cohérence. Les protagonistes ont chacun leurs raisons d’agir, et de chacune de leurs actions découle une conséquence. C’est sobre, universel, authentique.

    Il ne faut pas attendre de « Frontier » un space-opera jodorowskien en Cinémascope… Toute la dimension SF, formidablement mise en scène, est toujours soutenue par des valeurs humanistes de liberté et d’émancipation. Sans jamais que de la pyrotechnie ou un jargon pseudoscientifique ne vienne ternir le propos. Il s'agit juste de trois personnes qui, s’étant rencontrées par hasard, vont tenter de vivre leurs vies selon leurs convictions. Ce n’est que ça mais c’est tout ça.

    5 étoiles parce que Guillaume Singelin m’a offert précisément ce que j’attends d’une BD : du rêve, de l’évasion, de la réflexion, de la surprise, de l’émotion, de la beauté, sans jamais savoir à quoi m’attendre en tournant la page. Merci !

    Je finirai en tirant mon chapeau au label 619 et à l’éditeur, qui après « Hoka Hey », nous gratifient d’un nouveau bijou à la maquette soignée (superbe couverture et titre en relief argent sur jaune) pour un prix, encore une fois, très abordable. Re-merci !