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ondé en 1774, l’Inspection Générale des Carrières (IGC) est l’organisme qui s’occupe de surveiller le sous-sol de Paris et de s’assurer de sa stabilité. Anciennes exploitations de roches et minéraux, un réseau toujours plus compliqué de caves/métro/canalisations et les célèbres catacombes, il y a de quoi faire. De cela, Sonia, une ado de seize ans, n’en a cure. Ce qui est important, outre ce stupide examen de fin d’année, c’est que sa copine Sophie semble avoir disparue. La preuve ? Ça fait deux jours qu’elle ne s’est pas signalée sur les nombreux réseaux sociaux ! Le rapport ? Sophie est la fille du directeur de l’IGC et ça fait maintenant deux fois que la terre a tremblé d’une manière apparemment coordonnée sous la Capitale. Convaincant ses potes du bahut, Sonia décide d’aller à la recherche de son amie. Premier stop, l’appartement de la jeune fille pour une fouille en règle…
Thématique et distribution dans l’air du temps, Big Under joue aussi la carte du comics made in France mâtiné des dernières astuces narratives des séries télé. Une bonne majorité des titres actuels s'alignent sur cette caractéristique, soit dit en passant. Simplement, voulant certainement bien faire, Virgile Iscan en fait trop, beaucoup trop. Diversité sociale sur-représentée sans être exploitée, utilisation forcée d’expressions «jeunes» au sein des dialogues et scénario s’appuyant tellement sur le mystère mystérieux qu’il en devient abscons (cent vingt pages d’introduction répétitive, c’est long). Surtout, qu'en l’état, ces aventures se résument à une version moderne du Club des 5 assaisonnée à la Stranger Things. Le constat est évidemment un peu sévère. Il est cependant justifié par un rythme haché et une tension dramatique artificielle et finalement contre-productive.
Faisant preuve d'une mise en scène et d'un découpage sérieux, Alex Nieto anime ces péripéties avec une certaine tenue. Comme pour l’histoire, le style graphique, très proche de certains dessins animés réalistes, amplifie le côté ultra-contemporain du projet. L’ensemble s’avère très lisible, mais manque parfois de nuance ou de profondeur. Au moins, les actions sont retranscrites clairement et l’information passe d’une manière efficace. Plus discutable, tout l’album est plongé dans un clair-obscur terne, tant en extérieur qu’à l’intérieur. Certes, cet éclairage «quarante watts» renforce l’ambiance énigmatique du récit. Par contre, impossible de ne pas se demander où est passé le soleil ?
La volonté de raconter est bien là. Dommage que celle-ci soit complètement étouffée par une surabondance de détails ou de «trucs» à la mode plus encombrants que vraiment utiles. Galop d’essai au petit trot pour Catacombes, espérons que la suite de Big Under saura trouver une véritable identité et un ton plus personnel.
Sauf si vous êtes un fan inconditionnel de l'excellent LOCUST et que vous voulez voir ce qu'à fait Alex NIETO sur ce livre... autrement, ne vous obligez pas à l'acheter...